Quelques mots sur l’indépendance

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Illustration : le drapeau d’Israël hissé sur la Yechivath Ponievezh…

On sait que le public orthodoxe en Erets Israël en particulier garde une certaine froideur par rapport au souvenir de la Shoah d’un côté, et aux festivités organisées en souvenir de la déclaration de l’indépendance d’Israël.

Tentons ici d’en dire quelques mots.

Le souvenir de nos martyrs juifs

La tradition nous a appris ce qui pouvait être fait en souvenir des personnes disparues, que cela soit de manière naturelle, ou qu’elles aient été martyrisées : le Kadisch et l’étude de textes saints, de Michnayoth en particulier. La minute de silence ne fait pas partie de nos habitudes.

Mais il y a plus que cela : comment va-t-on s’y prendre pour perpétuer la mémoire de nos ancêtres, ceux qui ont vécu comme des Juifs engagés et pieux, priant dans leurs synagogues et étudiant dans leurs bathé midrach, avant et après leurs heures de travail ? A priori, la logique veut que cela soit en continuant à se conduire comme eux, à prier trois fois par jour, à étudier la Tora autant que faire se peut, à envoyer les enfants dans les Yechivoth… Ponievezh, Mir, Slabodka et autres, ou encore Porath Yossef et Kissé Ra’hamim sont autant d’institutions d’étude de Tora qui visent à continuer dans la voie tracée par nos ancêtres, depuis des millénaires.

C’est ainsi que le public orthodoxe préfère respecter la mémoire de ses martyrs, souvent morts pour la foi…

L’indépendance

La question qui est posée est de définir la nature du peuple juif. S’agit-il d’un peuple comme tous les autres, avec sa terre et son organisation politique, ses dirigeants et son armée, ou s’agit-il d’une autre conception ? Laquelle ? Celle d’un peuple choisi par l’Eternel Qui a tenu à lui donner la Tora, des lois, une étude, une conduite et une morale. Une terre aussi ? C’est juste, mais elle n’est pas essentielle à la nature du peuple juif : la Tora lui a été donnée en plein désert, hors Terre sainte.

S’il est vrai qu’Erets Israël est une donnée importante, elle ne justifie pas pour autant l’abandon des mitsvoth, bien au contraire.

Et le manque de respect de notre tradition en son sein n’ajoute pas à notre sécurité, ainsi que le dit la Tora à plusieurs reprises.

De fait, l’indépendance politique n’est qu’une notion séculaire, qui ne peut égaler celle de l’indépendance morale et spirituelle du peuple juif obtenue grâce à la lutte de notre communauté pour perpétuer sa tradition et ses valeurs, via l’éducation de ses descendants et les efforts pour transmettre la Tora aux générations futures, via la composition de communautés fidèles à la Tora et d’instances rabbiniques de haut niveau, capables d’instruire le peuple et de répondre à ses interrogations, entre autres.

La communauté juive traditionnaliste a donc difficulté à adhérer au deuil national et aux fêtes organisées à l’occasion de l’indépendance d’Israël, non point par irrespect des autres, loin de nous une telle conduite, mais parce qu’elle ne sent pas que ses valeurs propres y sont présentes, et cela la met mal à l’aise.

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