Le rabbi de Kalov sur parachath Chemoth

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« Voici les noms des fils d’Israël, venus en Égypte ; ils y accompagnèrent Ya’akov, chacun avec sa famille » (Chemoth/Nombres  1,1).

J’ai eu la grande joie d’apprendre par des organisateurs qui se consacrent à diffuser l’étude de la Tora dans le monde entier que ces jours-ci, des centaines de milliers de Juifs de par le monde célèbrent des fêtes marquant la clôture de l’étude de tout le Talmud et le début d’un nouveau cycle d’étude. De plus, des milliers de Juifs se sont engagés à commencer pour la première fois à assister à des cours de Tora chaque jour.

Dans ce contexte, il convient de mentionner le rôle capital des femmes dans cette étude, qui renoncent à l’aide de leur mari en ces heures fixes où il étudie la Tora. Elles leur laissent la liberté d’étudier et vont même jusqu’à les encourager à aller étudier chaque jour. C’est cette attitude qui permet à tant de Juifs de fixer des moments d’étude régulière de la Tora.

La Guemara (Ketouvoth 63a) relate que l’illustre rabbi ‘Akiva était au départ un ignorant. Or, après son mariage, son épouse l’encouragea à étudier dans une Yechiva située dans une autre ville. Il s’y consacra jour et nuit à l’étude de la Tora si bien qu’il devint un grand maître qui enseigna et diffusa la Tora à vingt-quatre mille élèves. Lorsqu’il retourna dans sa ville d’origine accompagné de ses élèves, tous les résidents de la ville lui réservèrent un accueil royal, et parmi eux, son épouse. Lorsqu’elle s’approcha de lui, on voulut l’éloigner, ignorant qui elle était, mais rabbi ‘Akiva intervint alors et déclara : « Laissez-la, ce que j’ai acquis et vous avez acquis, nous le lui devons ! »

Cet éloge a été répété à propos de nombreuses femmes vertueuses au fil des ans : c’est uniquement par leur mérite que leurs maris ont pu devenir de grands maîtres en Tora. Ainsi l’épouse de mon vénérable ancêtre rabbi Chalom de Belz, la célèbre rabbanith Malka, que la paix soit sur elle, s’était sacrifiée pour permettre à son mari d’étudier la Tora.

Les femmes ont droit à un immense salaire à ce titre, comme le rapporte la Guemara (Berakhoth 17a) qui souligne que le plus grand mérite des femmes consiste à encourager leurs maris à aller étudier la Tora. Elles se chargent pour leur part de la gestion du foyer et de l’éducation des enfants, et elles peuvent obtenir ainsi un salaire encore plus important que celui des hommes, car la récompense est fonction de l’effort.

Un jour, l’un des ‘Hassidim du rabbi Chelomo de Babov zatsal lui rendit visite, accompagné de son épouse. La femme expliqua que lorsque son mari voyageait chez le rabbi pour étudier la Tora et la ‘Hassidouth, elle devait gérer seule son foyer, et elle demanda donc au rabbi de lui promettre qu’elle obtiendrait au monde futur la moitié du salaire de son mari. Le rabbi s’adressa alors à son mari en ces termes : « Je m’étonne que tu ne réclames pas la moitié du salaire de ton épouse, car il est rapporté dans la Guemara que son salaire est encore supérieur au tien. »

Rabbi Yonathan Eibeshitz, dans son ouvrage Yearot Devach, relate qu’une femme qui aide son mari à étudier la Tora bénéficie d’un pouvoir concret résultant de l’étude de la Tora de son mari, au point qu’elle bénéfice du pouvoir de segoula présent dans la sainte Tora qui est un antidote contre le mauvais penchant et protège de la faute.

Généralement, lorsque le mari étudie la Tora, il se renforce dans sa émouna et sa sainteté, et lorsqu’il communique à sa femme des messages de foi pour la renforcer, il se trouve qu’elle bénéficie d’une influence directe de son étude.

Nous avons constaté ce phénomène en Égypte. La femme juive vivant en Égypte aurait pu aisément se libérer et porter par exemple des vêtements qui n’auraient pas révélé sa judaïté, fuir en quelque sorte le ghetto juif pour se rendre dans la rue voisine, et se mêler ainsi aux Égyptiennes. Or, aucune parmi les millions de jeunes filles juives n’a franchi ce pas ; elles n’ont voulu modifier ni leur langue, ni leur nom, ni leurs tenues, mais elles ont continué à endurer la souffrance de l’exil en Egypte, et ont engendré des générations de justes éduqués dans la voie de la Tora.

La force de résister aux épreuves de l’Égypte leur provenait de l’étude de la Tora, comme l’atteste le Midrach sur le verset (Tehilim/Psaumes 119,92) : « Si Ta Loi n’avait fait mes délices, j’aurais succombé dans ma misère » qui se rapporte à la période où ils se trouvaient en Égypte, lorsque les enfants d’Israël étudiaient la Tora pendant le peu de temps libre dont ils disposaient, en particulier le Chabbath, et se sont ainsi renforcés.

C’est pourquoi, lorsque Ya’akov Avinou descendit en Égypte, il envoya d’abord Yehouda pour y créer une maison d’étude. Nos Sages (Yoma 28b) affirment que Ya’akov Avinou, déjà âgé en Égypte, y étudiait à la Yechiva. Il visait ainsi à établir une base solide pour assurer le maintien des enfants d’Israël dans l’exil égyptien.

Nous pouvons expliquer ainsi cet adage de nos Sages (Sota 11b) : « Grâce au mérite des femmes vertueuses de cette génération, le peuple juif a été délivré de l’Égypte ». En effet, leurs maris étaient chaque jour astreints à des travaux éreintants et ils avaient très peu de temps à passer ensemble, et malgré tout, les femmes vertueuses ont encouragé leurs maris à exploiter ce temps pour étudier la Tora. Grâce au pouvoir de l’étude de la Tora, tous ont réussi à faire face aux épreuves de l’Égypte et mériter au final la délivrance.

Ainsi, dans notre paracha : « Voici les noms des enfants d’Israël venus en Égypte ». Ils ont conservé leurs noms juifs également au sein de cet exil, dans l’impureté égyptienne, et ont résisté à l’épreuve de changer leur nom et de s’assimiler parmi les non-Juifs. Ils y accompagnèrent Ya’akov, chacun avec sa famille : les hommes tout comme les femmes suivirent l’exemple de Yaakov qui avait appris aux enfants d’Israël à étudier la Tora.

C’est un enseignement pour toutes les générations : lorsque les femmes renforcent leurs maris à étudier la Tora, ils peuvent ainsi créer de solides foyers juifs et bénéficier de tous les bienfaits du monde.

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