Adieu à celui qui savait parler aux foules

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La chronique de Michèle MAZEL – Temps et Contretemps

          L’Amérique nantie, majoritairement blanche et bienpensante respire. C’en est fini du trublion arrivé sans crier gare sur la scène politique, qui a arraché – volé ! – la présidence à Hilary Clinton, adoubée par le président sortant Obama. Les médias, qui avaient toutes les indulgences pour Madame Clinton, ont eu beau se déchaîner contre quelqu’un qui n’avait aucune expérience politique et n’était pas auréolé du prestige d’une carrière militaire ; c’est lui qui remporta l’élection contre toute attente. Son slogan, «rendre à l’Amérique sa grandeur» , avait séduit des millions d’Américains.

Un exploit, nous dit-on, qu’il n’a pas pu rééditer en 2020. Son échec électoral serait la conséquence de l’échec de sa politique. Mais quel échec au fait ?  L’amélioration de la situation économique, le recul du chômage, la confrontation avec la Chine, la sortie de l’accord nucléaire avec l’Iran ? L’audacieuse politique moyen-orientale qui promettait d’apaiser les conflits dans ce point chaud du globe ? Pour une certaine élite «éclairée», tout cela ne pèse pas lourd face au revers de la médaille. Elle reproche à Trump son manque de gravitas, sa faconde de bonimenteur, sa vulgarité, son attitude envers les femmes, traits insupportables pour certains – sans doute moins pour tous ceux qui ont voté pour lui et lui ont donné la victoire.

On le rend responsable des violentes manifestations déclenchées par la mort d’un petit trafiquant noir étouffé en direct par un policier raciste, et dont les derniers mots «Je ne peux pas respirer» servaient de cri de ralliement. Quelle hypocrisie. Des policiers racistes, il y en avait hélas bien avant l’avènement de Trump et les deux mandats successifs du président Obama n’ont en rien changé la donne. Il faut savoir qu’à la différence de la France ou d’Israël, il n’existe pas aux États-Unis un corps de police unique et hiérarchisé ; il y a plus de 15.000 «départements de police» dont 12 000 au niveau local avec à leur tête un dirigeant élu.

On n’a pas entendu les ténors démocrates qui fustigent aujourd’hui les émeutes du 6 janvier et la prise d’assaut de la colline du Capitole condamner alors les scènes de guérillas urbaines et leur cortège de pillage et de destruction. Reste le traitement de la pandémie. Prise de conscience tardive, certes, mais est-il le seul ? À regarder ce qui se passe un peu partout en Occident, les dirigeants d’autres grands pays n’ont guère fait – et ne font encore guère mieux. L’histoire jugera. En attendant il faut voir avec quelle jubilation les médias accablent un homme à terre. Oubliés les commentaires s’inquiétant sur le fait que Trump, à 71 ans, était alors le plus vieux candidat à la présidence ; Joe Biden fêtait joyeusement ses 78 ans en novembre 2020.

Surtout, qui poserait la vraie question : si ces quatre années à la présidence ont été catastrophiques à ce point, comment se fait-il que 74 millions de citoyens américains, y compris nombre d’Afro-américains et d’Hispaniques, aient voté pour Donald J. Trump en novembre dernier ? Si le nouveau président veut vraiment apaiser les esprits et commencer son mandat sur des bases saines, il devra y réfléchir.

1 Commentaire

  1. Au sujet de la gestion de l’épidémie aux USA, une intervenante à la radio a récemment parlé d’une hécatombe ou d’une catastrophe.

    Si on compare le nombre de décès des USA et de la France par rapport à leur population respective, on s’aperçoit qu’il y a un excédent de 16% de décès aux USA par rapport à celui de la France.

    [les USA déplore 410 000 décès , 72000 pour la France. Si le taux de décès était le même qu’en France, il y aurait du y avoir 328/67*72000 = 352 000 décès. Donc les USA affichent 16% de plus (= 410000/352000-1)]
    La France: une petite, moyenne ou grande hécatombe ?

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