Affaire Khashoggi : Trump privilégie la relation avec Ryad

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Selon le président américain, « peut-être, peut-être pas », Mohammed ben Salmane était impliqué dans le meurtre de Jamal Khashoggi.

La CIA n’a « rien trouvé d’absolument certain » concernant les responsabilités du meurtre de Jamal Khashoggi. C’est en ces termes que, mardi, Donald Trump s’est employé à nier les fuites. Vendredi et samedi, des médias réputés, dont le Washington Post où le journaliste saoudien critiquait régulièrement le royaume d’Arabie, avaient affirmé que le service américain de renseignement disposait des éléments pouvant incriminer le prince héritier Mohammed Ben Salmane.

Alors qu’il avait promis samedi qu’on « saurait » « qui l’a fait », le président américain a préféré préserver une alliance qu’il juge stratégique. « Il se pourrait très bien que le prince héritier ait eu connaissance de cet événement tragique – – peut-être, peut-être pas ! », a-t-il écrit dans un communiqué. « Nous ne connaîtrons peut-être jamais tous les faits entourant le meurtre de Jamal Khashoggi », un « crime épouvantable que notre pays ne pardonne pas », ajoute-t-il.

Après avoir nié être responsable de sa disparition, le régime de Riyad a reconnu la mort du journaliste dans ses locaux consulaires. Elle a d’abord évoqué un accident, puis incriminé des subalternes aujourd’hui sanctionnés. Washington a imposé la semaine dernière des sanctions financières contre 17 des exécutants identifiés par les autorités saoudiennes. Cinq d’entre eux risquent la peine de mort. La justice saoudienne a également dédouané son puissant prince, semant le scepticisme, notamment en Turquie.

Donald Trump a souligné les dénégations de l’intéressé et de son père, le roi Salmane, rappelant que le journaliste était accusé par Riyad d’être un « ennemi de l’Etat » et « un membre des Frères musulmans ».

« Dans tous les cas, notre relation concerne le royaume d’Arabie saoudite », a-t-il poursuivi comme pour relativiser les questions de personnes. Et de rappeler que « les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l’Arabie saoudite ». Pour, a-t-il détaillé, lutter contre l’Iran, le « terrorisme islamique radical », la stabilité des cours du pétrole, ou encore parce que Riyad est un important acheteur d’armement américain.

L’ennemi iranien est cité dans le premier paragraphe du communiqué, accusé de « déstabiliser la fragile démocratie naissante en Irak », de « soutenir le groupe terroriste Hezbollah au Liban » ou « le dictateur Bachar al-Assad en Syrie, qui a tué des millions de ses concitoyens ». Le communiqué commence d’ailleurs par cette affirmation : « Le monde est un endroit très dangereux ! »

S’adressant aux journalistes alors qu’il quittait la Maison-Blanche pour se rendre en Floride, Donald Trump a appuyé son message : « Je ne vais pas détruire notre économie en étant stupide avec l’Arabie saoudite ».

Ses propos ont choqué, jusque dans les rangs républicains. Bob Corker, président de la puissante commission des Affaires étrangères du Sénat, a qualifié la Maison Blanche d’« agence de relations publiques » pour le prince héritier saoudien. « C’est l’Arabie saoudite d’abord, pas l’Amérique d’abord », a raillé son collègue Rand Paul. « Le président indique que l’Arabie saoudite est le moindre des deux maux par rapport à l’Iran. Les États-Unis ne puniront donc pas l’Arabie saoudite pour le meurtre et le démembrement brutaux d’un journaliste dissident dans leur consulat. Je ne suis pas d’accord », a-t-il réagi sur Twitter.

Le sénateur du Kentucky est de longue date hostile à la relation américano-saoudienne. Mais de nombreux parlementaires, y compris républicains, pourraient engager eux-mêmes des procédures pour, par exemple, stopper les ventes d’armes à Ryad.

L’ex-directeur de la CIA John Brennan a exhorté les parlementaires à « obtenir et déclassifier » les rapports du renseignement sur cet assassinat, « puisque M. Trump excelle par sa malhonnêteté ».

Source www.leparisien.fr

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