Allemagne : cas d’antisémitisme marquants ces dernières années

Allemagne : cas d’antisémitisme marquants ces dernières années

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Illustration : synagogue de Halle, où a eu lieu un attentat 

Par Manfred Gerstenfeld – Jforum

Il est difficile de suivre à la trace les incidents antisémites majeurs dans ces pays européens où la haine s’exprime massivement. Concernant l’Allemagne, par exemple, J’ai recueilli plus de 200.000 mots de notes ne couvrant guère plus de deux années.

Une façon rapide d’obtenir un point de vue quelconque sur les incidents antisémites en Allemagne au cours de la décennie qui vient de s’écouler est de parcourir les rapports annuels du Centre Simon Wiesenthal (CSW) à propos du classement des dix pires incidents antisémites sur le plan mondial. Ces rapports sont publiés depuis 2010.

Ces rapports du CSW nous aide à identifier certaines des expressions les plus marquantes d’antisémitisme en Allemagne au cours de la décennies passée. Le journal de Centre-Gauche, Der Spiegel, est l’hebdomadaire qui obtient le plus vaste réseau de circulation en Europe. Dans son édition en ligne de 2012, son contributeur Jakob Augstein écrivait : “Avec l’appui des Etats-Unis, où le Président doit s’assurer le soutien des groupes juifs de lobbying, et en Allemagne, où le fait de faire face à l’histoire, dans le même temps, comporte une dimension militaire, le gouvernement Netanyahou garde le monde en laisse par un chant de guerre qui va s’amplifiant”. C’était un énorme mensonge, étant donné que le Président américain Barack Obama n’a eu de cesse de suivre des chemins politiques qui étaient souvent éloignés, voire même complètement opposés à ceux que pouvait espérer Israël.

Augstein ajoutait un autre mensonge : “La puissance nucléaire d’Israël est un véritable danger pour la paix déjà fragilisée dans le monde. Cette déclaration a déclenché un tollé. Parce qu’elle est vraie. Et parce qu’elle était prononcée par un Allemand, Günter Grass, écrivain et lauréat du Prix Nobel. C’en est la cause centrale. On doit, par conséquent, le remercier pour avoir pris sur lui de parler au nom de nous tous”. Le défunt Grass, qui était nazi dans sa prime jeunesse, était un diffamateur anti-israélien extrémiste. Regardant rétrospectivement où des guerres ont éclaté depuis lors, il est facile  de voir qu’Augstein était aussi un diffamateur d’Israël de premier choix.

Il poursuivait par : “Israël est menacé par les fondamentalistes islamiques dans son voisinage. Mais les Juifs ont aussi leurs fondamentalistes, les ‘Harédim ultra-orthodoxes. Ce ne sont pas qu’un petit groupe dissident. Ils représentent 10% de la population israélienne. Ils ont taillé dans le même habit que leurs opposants Islamistes fondamentalistes. Ils suivent les lois de la vengeance” (du talion?). Pourtant, quiconque  de très vaguement familier de la réalité sait qu’il existe une énorme différence entre le génocide promu par les fondamentalistes musulmans du Hamas et du Hezbollah et les ‘Harédim d’Israël qui abhorrent le meurtre gratuit, qui est interdit  dans les Dix Commandements ».

Une fois encore on peut citer Augstein : “Gaza est un endroit hors de la fin des temps… 1, 7 millions de gens vivent là sur 360 km². Israël y fait l’incubation de ses propres opposants”. La vérité est que c’est le Hamas qui promeut le génocide des Israéliens. Les réactions qu’Israël lui opposent sont défensives. Der Spiegel est aussi responsable, alors qu’il a largement distribué ces mensonges et diffamations sur Israël.

L’auteur Juif-Allemand, Henryk Broder, qui a témoigné en tant qu’expert au Parlement allemand sur l’antisémitisme dans le pays, a désigné Augstein comme un “petit Streicher”. Il a ajouté : “Jakob Augstein n’est pas un antisémite de salon, c’est un antisémite à l’état pur… Agresseur (des Juifs) par conviction qui a simplement manqué lk’occasion de faire carrière dans la Gestapo parce qu’il est né après la guerre. Il aurait certainement eu les aptitudes qu’il fallait”

C’était bien trop pour le dirigeant du parti à cette période, Gregor Gysi, qui a résilié l’usage de la salle de rencontre du parti. On a commencé à surnommer cet incident comme le “toiletgate”, parce que Gysi a été contraint de se barricader dans une salle de bain afin d’échapper à la colère de Blumenthal et Sheen. Cet incident éclaire d’une lumière particulière les efforts incessants pour diaboliser Israël, entrepris par un groupe de députés antisionistes extrêmes, dirigés par Inge Höger et Annette Groth. Toutes deux, députées étaient à bord de la flottille controversée du Mavi Marmara vers Gaza et acclamées comme des héroïnes à leur retour à Berlin, par un très grand nombre des députés de leur parti.

Le CSW a écrit que Groth, Höger et la responsable du aprti de Gauche (Die Linke) Claudia Haydt, ainsi que la députée Heike Hänsel – en tant qu’organisateurs et participants – ont joué un rôle crucial en attisant la haine contre Israël au cours du scandale du “Toiletgate”. Toutes étaient présentes lors du débat Blumenthal/Sheen. Elles font partie d’un noyau dur composant un groupe considérable de députés antisionistes du parti de Gauche. En réponse au scandale du “Toiletgate”, une pétition signée signée par les députés de la branche réformiste du parti de Gauche, d’hommes politiques régionaux et de membres de la base, déclarait : “En attisant une haine obsessionnelle et en diabolisant Israël, les membres de notre parti aux postes à responsabilité font la promotion de modèles d’argumentaires antisémites et de relativisation de la Shoah et de la responsabilité de l’Allemagne dans l’extermination de millions de Juifs d’Europe”.

Tiré du rapport 2016 du CSW : des dirigeants locaux de l’Union Allemande des Enseignants (GEW) à Oldenburg ont appelé à un boycott total d’Israël. En septembre, le GEW local d’Oldenburg publiait un article pour BDS, signé Christoph Glanz, un enseignant d’école publique et opposant fanatique de l’Etat Juif. Glanz, qui a tenté de se poser en tant que Juif pour échapper aux accusations d’antisémitisme, a appelé à l’éradication de l’Etat d’Israël et à la relocalisation de ses Juifs dans le Sud-Ouest de l’Allemagne.

En 2019, l’événement le plus extrémiste a été l’attentat déjoué contre la synagogue de Halle. Des dizaines de Juifs priant en cette journée de Yom Kippour – le jour le plus saint du Judaïsme – ont miraculeusement échappé à une mort ou des blessures certaines, à la merci d’un néo-nazi, alors que l’assaillant n’est pas parvenu à percer la porte de sécurité, à l’extérieur de la synagogue. Après n’avoir pas réussi  à entrer dans la synagogue, Stephan Balliet, 27 ans armé d’un fusil automatique et d’explosifs, a tué deux civils tout près de là et blessé deux autres passants. Balliet a reconnu qu’il était motivé par sa haine des Juifs. Dans son manifeste, il a déclaré vouloir :”Tuer autant d’anti-Blancs que possible, de préférence des Juifs”.

Tiré du rapport 2019 : L’Allemagne est au beau milieu d’un stage de 18 mois au Conseil de Sécurité de l’ONU. Son Ambassadeur à l’ONU, Christoph Heusgen a fait partie de la liste des dix pires acteurs antisémites du CSW 2019. Il a généré un tollé après des propos diffusés concernant le nombre de votes anti-israéliens auquel il a participé, mais aussi par-dessus tout, en établissant une équivalence entre les 130 roquettes tirées par l’organisation terroriste, le Hamas, contre des civils israéliens en une seule semaine du mois de Mars, et la démolition des maisons de terroristes, réalisée en réaction, par Israël.

Heusgen déclarait : “Nous pensons que la loi internationale est la meilleure façon de protéger les civils et de leur permettre de vivre en paix et dans la sécurité, sans l’intervention des bulldozers israéliens ni des roquettes du Hamas” Bild, le quotidien le mieux vendu d’Allemagne, a accusé Heusgen dans un éditorial, de pure malveillance contre l’Etat Juif. Heusgen a produit 16 votes anti-israéliens à l’ONU en 2018, en ne s’abstenant qu’une seule fois. En 2019, il a voté pour neuf résolutions anti-israéliennes, dont une désignant les lieux saints de Jérusalem en tant que “Territoire Palestinien Occupé”, tout en s’abstenant 3 fois et en ne s”‘opposant qu’à une seule résolution anti-israélienne.

Cela ne représente guère plus d’un % de mes prises de note sur l’antisémitisme en Allemagne. Pourtant, cela démontre succinctement que le pays est bien loin de réussir à éradiquer l’antisémitisme. La publication de l’article d’Augstein par Der Spiegel, la promotion du boycott de l’union des enseignants et la comparaison d’Augstein entre Israël et le Hamas, reflètent à quel point cette haine imprègne et reste bien vivace dans les courants majoritaires de pensée en Allemagne.

Par Manfred Gerstenfeld

Le Dr. Manfred Gerstenfeld est Président d’honneur du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a été conseiller stratégique pendant plus de trente ans pour certaines des corporations dominantes dans le monde occidental. Le prix du Lion de Juda, de l’Institut Canadien de Recherche Juive fait partie des récompenses qu’il a obtenues, lui attribuant le titre d’Autorité internationale dominante en matière d’Antisémitisme Contemporain. Son principal livre sur le sujet  est : The War of a Million Cuts The struggle against the delegitimization of Israel and the Jews and the growth of New antisemitism.

Adaptation : Marc Brzustowski.

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