Arabie saoudite : les quatre questions qui se posent après l’attaque

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Une attaque contre des installations pétrolières en Arabie saoudite revendiquée par les houthis, soutenus par l’Iran

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Comme cela avait été le cas en août dernier contre les installations pétrolières de Shaybah et contre le pipeline est-ouest en mai, une attaque aérienne a été conduite Chabbath dernier contre le plus important centre de traitement de pétrole brut au monde, le site d’Abqaïq, et contre les champs pétrolifères de Khurais, en Arabie saoudite. Qui a fait ça  ?

Quelles armes ont été utilisées  ?

Depuis l’attaque, l’éventualité d’une opération de drones est généralement évoquée. Les éléments visibles sur les photographies laissent plutôt envisager une attaque de missiles de croisière, l’état de certaines cibles permettant de distinguer que des réservoirs ont certes été percés, mais sans que des explosions suivent. On peut conjecturer dans ce cas que les charges explosives ont été délaissées, ou fortement allégées, au profit d’un emport de carburant supplémentaire. Des sources américaines estiment qu’il pourrait s’agir d’une attaque combinée de drones, donc d’engins pilotés à distance, et de missiles de croisière, dont la cible est programmée avant le vol. Les premières analyses des débris indiqueraient que les engins ont été fabriqués en Iran. Il pourrait alors s’agir de missiles Soumar, à moins que ce ne soient des Quds 1, sa version modifiée par les houthis qui ont revendiqué l’attaque depuis Beyrouth. Pour les différences entre les deux, voir ici. S’agissant des drones, à supposer qu’ils aient été engagés, les houthis utilisent des Qasef-1, engins de conception chinoise copiés par l’Iran sous l’appellation Ababil-T, très utilisés par le Hezbollah libanais.

Qui sait quoi  ?

Peu après les attaques, le secrétaire d’État Mike Pompeo a accusé l’Iran d’en être l’instigateur, ajoutant qu’aucune preuve ne permet d’affirmer qu’elles venaient du Yémen. Les États-Unis disent aujourd’hui ne pas savoir d’où sont précisément partis les 17 ou 19 engins qui ont frappé Aramco, tout en indiquant qu’ils pourraient être partis très au nord des installations, soit en Irak, soit en Iran. Il faudrait donc imaginer que le Pentagone ne sache pas ce qui se passe sur ce territoire ultra-surveillé par les moyens les plus sophistiqués au monde, non loin de la capitale Riyad, à quelques kilomètres du golfe arabo-persique et de l’Iran, avec des avions de surveillance en vol constant, des radars terrestres et navals (5e flotte), malgré des attaques antérieures qui les ont placés sur le pied de guerre  ? Ce n’est pas sérieux. Washington ne veut pas donner d’éléments sur les informations disponibles, comme l’indiquait Trump dans un tweet en milieu de journée. Il explique curieusement : « Nous attendons de connaître l’avis de l’Arabie saoudite sur qui ils voient à l’origine de cette attaque et de quelle manière nous pourrions procéder. »

Comment les Saoudiens peuvent-ils se défendre  ?

Les Saoudiens ont beau commander leurs armes par paquets de dizaines de milliards de dollars, ils sont connus par les marchands de canons et les armées qui les soutiennent pour leur incapacité à utiliser ces équipements dans les règles de l’art. Une attaque nocturne comme celle qui a visé les installations d’Aramco serait ainsi facilitée par le fait que « la nuit, ils dorment », se gausse un expert. Techniquement, sont-ils en mesure de se protéger d’une telle attaque de missiles de croisière  ? Voici un an, des rumeurs avaient fait état de l’achat par Riyad du système de protection israélien Iron Dome, avant d’être démenties. Des missiles américains Patriot protègent les sites saoudiens les plus précieux. Sont-ils déployés autour des sites attaqués  ? L’histoire ne le dit pas. La réponse viendra-telle de Paris  ? Selon nos sources, la France n’a pas renoncé à vendre à Riyad des systèmes de défense antiaérienne Crotale Mark 3, dont trois tirs de démonstration auraient été organisés sur place en juin dernier (un tir au but, deux ratés). Après que cet hypothétique contrat a été négocié durant plus d’une décennie, les négociations renaîtraient donc de leurs cendres. Les montants évoqués sont de 1,3 milliard d’euros. À moins que… Il semblerait en effet que les Saoudiens soient assez fâchés par les initiatives françaises pour atteindre un compromis dans la crise nucléaire avec l’Iran. Le sujet serait assez chaud pour qu’Emmanuel Macron ait jugé utile d’envoyer un de ses collaborateurs à Riyad durant le week-end.

Quelle sera la réaction de Donald Trump  ?

Voici quelques mois, après la destruction d’un drone américain par les Iraniens, Trump avait renoncé à une attaque contre l’Iran au motif que la destruction de l’appareil n’avait pas causé de mort et que la riposte envisagée contre l’Iran en aurait provoqué. L’attaque contre l’Arabie saoudite n’a tué personne non plus, mais le président américain a écrit que ses moyens militaires sont « verrouillés et chargés ». Wait and see.

Source www.lepoint.fr

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