Aveux d’un ‘éd qui n’a pas flanché

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L’industrie des ‘édé medina, de témoins à charge que la police amène à passer aux aveux, moyennant disculpation des fautes de ces acteurs, a entrainé l’un des sites orthodoxes à apporter le témoignage de Méïr Rabin, l’homme qui n’a pas cédé. Un témoignage troublant, et encourageant.

Méïr Rabin était l’une des personnes mêlées au projet Holyland, un immense projet immobilier situé sur le site de l’hôtel Holyland, au Sud du quartier bien connu de Bayit Végan à Jérusalem. Ce projet a entrainé la chute d’Ehud Olmert, après sa démission du poste de Premier ministre, pour s’être sali les mains en recevant de l’argent ou des cadeaux afin d’accepter la construction de cet immense ensemble d’immeubles quand il était le maire de Jérusalem.

Vrai ou faux, peu importe, le fait est qu’Olmert a été jeté en prison, et qu’alors également la personne qui travaillait le plus en collaboration avec lui, Choula Zaken, a accepté d’être ‘éd medina. S’est ajouté à cela Chemouel Danker, l’entrepreneur de cet ensemble immobilier. Seul Méïr Rabin a tenu bon, et a refusé de céder. Il raconte, dans une interview accordée au journal Michpa’ha, les menaces énormes que la police a proférées contre lui, et en effet les quatre années de prison auxquelles il a eu droit, punition d’une gravité rare parmi les personnes inculpées de fautes de cet ordre, relevant surtout des relations entre des entrepreneurs et des gens bien placés dans les arcanes du pouvoir.

Il a eu droit à une remise de sa peine, et devrait bientôt être libéré.

Il ne dit pas quelles sont ses raisons d’avoir refusé avec force de céder, mais on peut le comprendre : Rabin est une personne qui a étudié dans les Yechivoth ; pour lui, un mot est un mot, une confiance accordée est un élément que l’on ne trahit pas, et vendre les secrets des gens ne fait pas partie des conduites qu’il est prêt à accepter, quand bien même il doit payer très cher pour cela. Eh oui, cela existe encore, des gens qui ont des principes et qui tiennent à leur honneur.

Semble-t-il, Rabin aurait pu dévoiler des choses très graves, et mettre fin à la carrière de nombreuses personnes. Chemouel Danker est venu le voir, lui annonçant qu’il avait accepté de devenir témoin à charge, et qu’il tenait à ce que lui, Rabin, en fasse de même. Ce dernier l’a jeté de son bureau.

La police ? Oh, la police ! Tous les moyens étaient bons pour arriver à ses buts. Elle a même fait venir l’un des enquêteurs les plus forts en la matière, connu pour avoir déjà réussi à « convaincre » des clients plus ardus, mais, avec Rabin, cela n’a pas marché. Rabin a dévoilé son secret : il s’est entouré la tête d’un foulard, et ses oreilles d’un autre vêtement lui permettant de ne pas entendre ce qu’on lui disait : « Si l’on ne fait pas ainsi, si on prête l’oreille, on est perdu ! On ne peut pas résister ». Quand l’autre spécialiste est venu, il a mis du papier dans ses oreilles, sans doute pour qu’on ne constate pas comment il fait pour ne pas écouter, mais c’est ainsi qu’il y est parvenu. Il a tenu bon !

« Je priais trois fois par jour l’Eternel qu’Il me donne les forces pour résister aux propositions qu’on me faisait. Aucune de ces prières n’était en trop. C’est une épreuve terrible, que je ne souhaite à personne ».

On ne sera pas surpris que ses compagnons de prison raconte sur Rabin des histoires remarquables : ses jeûnes, son étude, son aide envers ses compagnons – en particulier quand, le Chabbath, Rabin a le droit de rentrer chez lui, il prépare au courant la nuit des repas pour ses amis, afin qu’ils aient de quoi manger durant le Chabbath…

En tout cas, un intéressant contre-témoignage dans un domaine fort chaud actuellement.

 

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