Bataille navale en mer d’Oman

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An oil tanker is seen after it was attacked at the Gulf of Oman, in waters between Gulf Arab states and Iran, June 13, 2019. ISNA/Handout via REUTERS ATTENTION EDITORS - THIS IMAGE WAS PROVIDED BY A THIRD PARTY. NO RESALES. NO ARCHIVES

Par René Seror

Washington a pointé du doigt l’Iran, qu’il tient pour responsable dans l’attaque de deux pétroliers, japonais et norvégien, dans le golfe d’Oman.

Entre l’Iran et la Péninsule arabique.

Les cours du pétrole commencent à monter et la crise bat son plein. 

Surtout que Pompéi a mis clairement en cause la République Islamique d’Iran.

Un tanker en feu après une attaque, en mer d’Oman, le 13 juin. HANDOUT / REUTERS

Ce n’est certes pas nouveau, mais cette fois le Pentagone diffuse une vidéo.
Tournée 9 heures après l’attaque du pétrolier japonais, et après l’appel de détresse, on aperçoit un petit bateau qui accoste le pétrolier sur lequel un engin (une mine?) a explosé, douze hommes sur le pont, et l’un d’entres eux qui essaie de décoller un engin, qui lui, n’avait pas explosé, apparemment une mine à détonateur qui n’avait pas explosé.

Très vite, le petit bateau repart vers les eaux territoriales iraniennes.
Selon l’armée américaine, c’est un bateau qui appartient aux gardiens de la Révolution Islamique. CAD l’organisation d’élite paramilitaire, que l’administration Trump a classé parmi les organisations terroristes.

Pour les américains, ils détiennent la preuve que le régime iranien a voulu effacer les preuves de son implication.

Washington est sûr de détenir une confirmation explicite de la responsabilité du régime Iranien dans la mer d’Oman où passe 1/3 du pétrole mondial.

Une fois de plus, les européens ont mis en doute les affirmations américaines.

Alors que Donald Trump a fait savoir qu’il ne cherche pas la guerre, qu’il espère pouvoir négocier avec Téhéran, mais les faucons qui le conseillent sont très opposés à l’Iran.

C’est Bolton qui a demandé un plan de mobilisation au Pentagone.

Le même Bolton avait convaincu le Président Bush de ne pas s’arrêter à l’Irak, mais d’aller à la confrontation avec l’Iran.

Donc, Trump subit la pression de son conseiller et de son ministre, mais aussi de ses alliés dans la région: Israël et l’Arabie Saoudite.

Misant sur Natanyahou et sur Mohamed Ben Salman, qui l’ont incité à sortir de l’accord sur le nucléaire iranien, signé sous Obama, et ils aimeraient maintenant que le locataire de la Maison-Blanche vienne à bout du régime Iranien.

A cette heure ci, Trump accuse clairement: « Les attaques dans la mer d’Oman sont signées par l’Iran.  »

La réponse du Président iranien ne s’est pas faite attendre. Hassan Rohani accuse les États-Unis d’être une grave menace à la stabilité régionale et mondiale. C’est ce même Rohani, qui, il y a quelques jours, prétendait qu’Israël voulait détruire l’Iran. On se demande vraiment d’où viennent les bruits de bottes!

René Seror

Détroit d’Ormuz : faut-il croire la version américaine

Dans la matinée de jeudi, un mois après le mystérieux sabotage de quatre tankers (un norvégien, deux saoudiens et un émirati) dans le sud du détroit d’Ormuz, deux autres navires commerciaux ont été victimes de ce qui ressemble fort à des attaques en bonne et due forme quasiment au même endroit. Il s’agit d’abord du tanker Front Altai, propriété du groupe norvégien Frontline, battant pavillon des Îles Mashall et affrété par une société taïwanaise. Avec 23 marins à bord, le navire venait d’appareiller du port émirati d’Ar-Ruways, avec une cargaison de méthanol et il devait rejoindre celui de Kaohsiung, à Taïwan. Alors qu’il se trouvait dans les eaux internationales, à l’extrême sud du détroit d’Ormuz, trois soudaines explosions à bord ont entraîné l’évacuation des membres de l’équipage, recueillis d’abord par le cargo Hyundai Dubai puis une équipe de sauvetage iranienne.

Seconde cible, le méthanier Kokuka Courageous de l’opérateur japonais Kokuka Sangyo et battant pavillon du Panama, semble avoir essuyé des tirs, obligeant pareillement les 21 marins à abandonner le bateau. A en croire un communiqué de Kokuka Sangyo, le navire arbore « un trou semblant avoir été causé par une sorte d’obus d’artillerie » et les marins auraient été secourus par un « navire se dirigeant vers les Emirats arabes unis ». Version différente des Iraniens, qui affirment eux que les deux équipages en détresse auraient été pris en charge par une « unité de secours » de leur marine dépendant de la province d’Hormozgan, avant d’être acheminés au port de Bandar-é Jask.

Jeudi, la réaction américaine ne s’est pas fait attendre, sous la forme d’une allocution officielle de Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, mettant directement en cause la responsabilité de la République islamique d’Iran dans les « attaques de ce jour en mer d’Oman. » A l’appui de cette « thèse », le nouvel homme de confiance de Donald Trump évoque, sans plus de précisions, « des renseignements, sur les armes utilisées, sur le niveau de savoir-faire nécessaire pour mener à bien l’opération, sur les attaques iraniennes analogues et récentes contre la marine marchande, et sur le fait qu’aucune organisation à la solde d’une puissance, dans la région, ne dispose des ressources et de l’efficacité requises pour passer à l’acte avec un tel degré de complexité. »

Pour l’heure entre les deux versions, aucun acteur « neutre » ne se risque à trancher. « C’est une possibilité réelle que l’Iran soit derrière ces attaques », a ainsi indiqué la compagnie de sécurité maritime Dryad Global. Avant de se montrer sceptique sur l’opportunité pour Téhéran de mener de telles actions « belliqueuses », de surcroît contre un « cargo lié au Japon », au moment même où le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, effectue une visite en Iran.

Et l’Arabie saoudite ?

Qui alors ? Dans la liste des pays suspects et au regard des enjeux actuels, l’implication, directe ou pas, de l’Arabie saoudite, ne semble pas absurde pour certains observateurs. Allié de Donald Trump dans le bras de fer avec l’Iran, le régime de Mohammed ben Salmane (MBS) conduit par ailleurs la coalition intervenant au Yémen contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran. Lesquels ont revendiqué il y a peu une attaque de drones contre deux stations de pompage d’un oléoduc reliant l’est à l’ouest du royaume saoudien, premier exportateur de pétrole au monde. Pourtant, à la suite du sabotage des quatre tankers commis en mai dernier, les autorités de Ryad s’étaient montrées beaucoup plus prudentes que Washington quant à l’éventuelle participation des Iraniens dans les opérations. Au terme d’une enquête menée conjointement avec la Norvège et les Emirats arabe unis, les Saoudiens s’étaient ainsi bien gardés de désigner un pays précis lors de la présentation des conclusions au Conseil de sécurité des Nations unies. « Bien que les investigations soient toujours en cours, il y a de fortes indications que les quatre attaques sont intervenues dans le cadre d’une opération sophistiquée et coordonnée menée par un acteur doté de fortes capacités opérationnelles, vraisemblablement un acteur étatique.»

Donald Trump lui a prévenu : si d’aventure l’Iran attaquait les intérêts américains, ce serait « la fin officielle de l’Iran. » Pour l’heure, la menace ne semble guère émouvoir la République islamique. Depuis le 8 mai, malgré les mises en garde des pays signataires de l’accord 2015 limitant son programme nucléaire, le Joint Comprehensive Plan of Action dont Donald Trump s’est unilatéralement retiré, Téhéran a annoncé sa décision de ne plus limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi. Et face au renforcement de la marine US dans la région, brandit l’arme suprême : la fermeture totale du détroit par lequel passe près d’un tiers du commerce pétrolier mondial. Dès jeudi, le cours du pétrole est monté de 3% en Europe. A bien des égards, une situation inflammable…

Source Marianne

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