Béni soit Celui qui fait descendre le pain des Cieux

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Autour de la table de Chabbath, 315 Bechala’h

Ça y est, c’est pour de bon, le Clall Israël sort de la terre d’Égypte et dirige ses pas vers le désert en direction de la Terre Sainte. La chose ne se fait pas dans la facilité : faire sortir un peuple qui réside depuis 210 ans en Égypte, demande un grand déploiement de force et de puissance du Créateur.

Le rav Pinkous Zatsal explique que cet exode marque la naissance du peuple juif. Jusque-là, nous étions les descendants de Ya’akov, la sortie nous fait devenir un peuple unifié. Cependant, cette communauté n’a pas pris la poudre d’escampette pour prendre des vacances méritées sur le golf de la mer Rouge… Comme mes lecteurs le savent, ce grand exode avait pour but de recevoir la Tora puis de se rendre en Terre Promise. On le voit déjà, lorsque Moché Rabénou vient dire au Nom de D’ à Pharaon : « Laisse partir mon peuple afin qu’ils Me servent (Hachem) » (début de Paracha Bo).

L’Alshikh Hakadoch enseigne que toutes ces années d’asservissement ont permis de modeler un peuple qui acceptera de recevoir les commandements de D’. Car pour recevoir ces 613 Mitsvoth, il fallait changer la nature intrinsèque de l’homme et pour cela, il fallait passer par une phase d’esclavage.

Cela ressemble, un tant soit peu, au parcours d’un Ba’al Techouva de nos jours (suivant la deuxième manière que je vais vous décrire). En effet, il existe plusieurs façons pour l’homme de s’éveiller à la Techouva (repentir). Par exemple, au seuil de la vieillesse, voir ses forces décliner, voire l’abandonner. Ne plus pouvoir étaler la gomina sur sa chevelure devenue éparse, et par conséquent, n’attire plus le regard de la flore…Tout ces phénomènes propre à l’âge « sénior » amènera l’homme à réfléchir sérieusement sur le sens de sa vie.

Autre manière d’arriver au repentir : il arrive parfois, D’ nous en garde, qu’Hachem envoie une « tuile » à l’homme afin qu’il se réveille de sa torpeur spirituelle. Par exemple un redressement fiscal corsé, lo ‘alénou, ou tous problèmes du même ordre, sont autant de clignotants qui s’allument dans sa vie afin de prendre une direction vers plus de spiritualité, de Tora et de Mitsvoth. Le but étant de s’éloigner des mauvaises habitudes (orgueil, mensonge, ruses, mauvaises paroles etc…) qu’il aurait pu prendre durant les trente dernières années écoulées.

Cette semaine je m’attarderai sur un passage de la fin de la paracha (5ème montée). Il est décrit avec beaucoup de précisions le phénomène extraordinaire de la Manne. On s’image bien, un peuple constitué de plusieurs millions de personnes qui partent dans le désert avec seulement quelques baluchons de nourriture (des Matsoth). De quelle manière survivront-ils au trajet qui finalement durera 40 ans ? Est-ce que les bases américaines situées en Irak iront, dans un souci humanitaire, ravitailler ce peuple innocent et sans défense en plein désert… d’après vous ? Ce n’est que la mansuétude infinie de D’ qui a permis l’inimaginable : la nourriture céleste, la Manne tombait jour après jours durant toutes ces années.

Le verset dit : » Hachem dit à Moché : Je vais faire pleuvoir le pain du Ciel. Le peuple sortira et récoltera une mesure chaque jour afin de savoir s’ils se conduisent d’après la Tora« . Rabi Eliézer dans le Midrach enseigne que « Chaque jour » signifie qu’un homme ne pouvait pas récolter le matin la Manne pour les besoins du lendemain. De plus, celui qui avait de quoi manger (pour le jour-même) et se demandait ce qu’il mangerait demain, constituait un manque évident de foi en Hachem, fin du Midrach.

On apprend que la Manne était une nourriture céleste (d’ailleurs un ancien commentaire, le Maharam de Pano enseigne que les Bené Israël faisaient la bénédiction « Hamotsi lé’hem min Hachamaim »/ Qui a fait sortir le pain du CIEL, avant d’en manger) mais c’était surtout un stage intensif de foi en D’ qui pourvoit aux besoins de l’homme. Pendant 40 années le Clall Israël a appris que SA Parnassa (subsistance) est dans les mains de D’.

Il est écrit aussi : » Ils récolteront de la Manne, celui qui prendra une grande quantité n’aura pas plus de celui qui aura pris une petite quantité« . Rachi explique qu’après avoir entreposé, une mesure de Manne, celui qui avait pris une très grande quantité (pour se prémunir des jours à venir) se retrouvait au final avec un Omer (le volume de 43 œufs), car elle avait diminué, tandis que celui qui en avait récolté une petite quantité se retrouvait avec exactement la même quantité (un Omer). C’est-à-dire que la génération du désert vivra continuellement avec cette donnée que la Parnassa est fixée du Ciel et tous les efforts pour augmenter la quantité de nourriture ne servent à rien.

Et si mes lecteurs se disent, que c’est bon pour la génération du désert, mais pour nous qui sommes à l’époque béni du net, c’est différent. Il faut savoir que Moché avait mis de côté une fiole contenant cette Manne et bien plus tard à l’époque du prophète Jérémie, soit mille ans après, lorsque le prophète indiquait la voie à suivre au peuple afin qu’il se rende au Beth Hamidrach pour étudier la Tora; ils rétorquaient : « Si on se rend à la synagogue pour étudier les textes saints, qui va nous amener la subsistance ? » Jérémie sortit alors la fiole de Manne et disait : « Voyez, durant 40 ans les Bené Israël ont mangé de cette nourriture. Pareillement de nos jours Hachem amène la subsistance (à l’aide d’envoyés) à ceux qui Le craigne. »

De notre Paracha on apprendra qu’un homme peut faire de nombreux efforts pour ramener sa croûte, mais la subsistance est fixée depuis le Ciel (indépendamment de ses efforts).

Je finirai par une belle image. Le ‘Hafets ‘Haïm avait l’habitude de dire à tous ceux qui redoublaient d’efforts, dans la recherche de la Parnassa (au détriment de la pratique de la Tora), que cette attitude ressemblait à un homme qui possède un beau samovar (un récipient d’eau avec un petit bec verseur que l’on pose sur le feu ou encore, version israélienne, le « Doud Maim » du Chabbath). Notre homme, futé, décide de placer un 2ème bec verseur pour avoir plus d’eau. C’est juste que l’eau s’écoulera beaucoup plus vite dans les tasses mais il n’y aura pas plus d’eau dans le beau samovar, n’est-ce pas? Le Hafets Haïm voulait dire que la Berakha de l’homme est fixée du Ciel. La quantité de profits, plaisirs est dûment établie à Roch Hachana pour l’année. Si on rajoute des « robinets » en pensant que l’on va créer plus de bien être, on se trompe. La bénédiction diminuera dans d’autres domaines (à moins que dans le même temps on augmente nos mérites, par exemple en donnant plus de Tsedaka, plus de Tefila etc.). A méditer…

On n’a pas besoin de faire des études pour s’assurer une Parnassa !

 Au détour de notre Sippour on fera un petit clin d’œil aux gens de la communauté du Maroc (et on remercie le talentueux dessinateur francophone Dan Bar Lev pour sa magnifique illustration. Il se tient à disposition, depuis la Terre Sainte, pour tous travaux de graphisme, jusqu’en lointaine France). On apprendra quelque chose qui est inné chez beaucoup d’entre eux : la foi, et que la parnassa (la subsistance) est dans la grande Main généreuse d’Hakadoch Baroukh Hou!

Notre histoire remonte quelques dizaines d’années, lors de la création de l’Etat d’Israël. Dans tout le monde juif l’effervescence était à son comble, en particulier pour les communautés juives d’Afrique du Nord. Beaucoup décidèrent de monter coûte que coûte dans le pays où coulent le lait et le miel ! Parmi toute cette belle population, il y a avait un membre de la communauté du Maroc qui désirait de toute son âme monter au pays. Seulement il avait une grande crainte par rapport à la parnassa ! En effet, il ne savait ni lire ni écrire! Et parmi ses amis, beaucoup lui déconseillèrent de monter en Erets Israël, le pays où les gens sont intelligents et bien civilisés (peut-être est-ce une allusion à « l’intelligensia » ashkenazite des années 50 et ce, jusqu’à nos jours… Voir la constitution du gouvernement actuel). Notre homme qui était profondément croyant est allé voir son Maître, le saint rabbi Méir Abou’hatsira que son mérite nous protège (fils du Saint Baba Salé zatsal dont on a fêté la Hilloula la semaine dernière). Le rav le réconfortera en lui disant : « Sache que D’ nourri depuis le plus petit insecte jusqu’aux énormes bêtes de la forêt. De la même manière qu’il t’envoie ta subsistance ici au Maroc, Il te l’enverra aussi en Erets Israël. N’aie pas peur ! » Et lorsque notre Juif lui révélera qu’il est analphabète, le rav lui dit : » Hachem peut t’envoyer la nourriture précisément PARCE QUE tu ne sais pas lire ! Il n’a aucun problème pour Lui!« .

Sur ces paroles encourageantes notre homme prendra le bateau en direction de la terre promise. Arrivé au pays, il s’inscrira dans le bureau de travail. Là-bas, beaucoup de nouveaux immigrants faisaient la queue pour trouver un travail. Notre homme était très soucieux! Voilà que tous ces gens étaient bardés de diplômes… Finalement son tour arrive, et le secrétaire lui demande ses capacités professionnelles. Un peu penaud, il donne son CV mais rajoute qu’il ne sait pas lire. Le préposé est étonné mais note tout ce qui sort de sa bouche. A peine sorti du bureau du travail, il s’en voulait d’avoir avoué une si grande tare, comment maintenant va-t-il trouver un travail au pays « des gens intelligents »? Seulement, il se rappelle alors les paroles de son maître : »Hachem ne vas pas te laisser tomber! »

Le lendemain le téléphone sonne dans sa maison. Au bout du fil un secrétaire du Ministère de la Défense qui lui demande de venir le rencontrer ! Tout tremblant, il accepte de suite et raccroche. Le jour même, il se rend dans le grand édifice public. Il rentre dans une salle d’attente et patiente jusqu’à ce qu’on l’appelle. Devant lui, il voit défiler plein de gradés et d’ingénieurs dans le domaine de la Défense. Il se sent tout petit devant tous ces gens importants (voir dernier aparté) alors qu’il vient tout juste d’arriver du lointain Maroc. Or voilà que des heures passent et on ne l’appelle toujours pas ! A un moment où sa patience atteint ses limites, il se dirige vers le secrétariat en rouspétant et en demandant la raison de sa convocation! A ce moment, le secrétaire l’envoie dans un des bureaux où le préposé lui parle du travail au ministère de la Défense. Notre homme est très gêné car il ne sait ni lire ni écrire! Il en explique la raison, car dans sa jeunesse, il n’a pas assimilé les bases de la lecture à l’école et quand il est devenu un peu plus grand, c’était déjà trop tard car il fallait travailler! L’employé du ministère lui tendit alors un fascicule du ministère, peine perdue notre homme le tenait à l’envers, et pour cause: il ne savait vraiment pas lire! L’employé se leva et lui dit : » Tu es l’homme qu’il nous faut dans une des branches du ministère! » Notre Marocain n’en crut pas ses oreilles! C’est alors que l’employé rajouta: » Tu es engagé dans une des sections les plus secrètes de la Défense! C’est un service « top secret » où travaille d’arrachepied une équipe de techniciens de hauts niveaux! Or, ces ingénieurs ont un problème. La paperasse s’entasse de mois en mois et personne n’a le temps de détruire ces documents top-secret! Engager quelqu’un d’un autre service? Impossible ! De peur que se divulguent les secrets. Pendant que tu attendais dans la salle d’attente j’ai vu que toutes les revues, tu les prenais à l’envers! Preuve en est que tu ne sais vraiment pas lire! C’est un homme comme toi qui nous faut!! Et ton salaire sera en conséquence du fait que tu rends un service important à la défense de la patrie ! » Et effectivement notre homme ne travaillera que quelques heures dans la journée avec un bon salaire tous les jours de sa vie (certainement qu’il lui restait du temps pour faire ses prières et étudier les textes du Talmud, en araméen) ! Fin de l’histoire véritable.

Pour nous dire, que lorsque le Créateur le veut, même les illettrés obtiennent des postes avec de bons salaires! La Manne existe de nos jours aussi. Il suffit de lever les yeux au Ciel !

Coin Hala’ha : A la suite du Netilat Yadaim (le lavage des mains avant la consommation du pain) on s’essuie les mains soigneusement. Après avoir les mains sèches on fera la bénédiction sur le pain « Hamotsi ». On fera attention de ne pas faire une pause quelconque entre le moment du « Nétilat » et le « Motsi ». Cependant, à posteriori, même si on attend un long moment, (par exemple, le temps que tous les convives s’assoient au repas), on n’aura pas besoin de refaire la Netilat. Le cas sera identique si on a parlé, à postériori, entre son Netilat et le Motsi. Par contre, dans le cas où on s’est occupé d’autre choses qui n’ont rien à voir avec le repas, puisqu’on n’a plus du tout fait attention à garder ses mains propres, on devra refaire le Netilat.

(Attention, dans le cas où on a parlé au moment où on fait ses ablutions (lorsqu’on verse l’eau), c’est considéré comme une interruption entre la Mitsva (des ablutions) et la bénédiction de « Al Netilat », il faudra alors recommencer la Netilat).

Shabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut   

David Gold

On profitera de notre petite « tribune » pour faire une grande bénédiction aux communautés et familles françaises en Terre Sainte en particulier à Tel Aviv et Raanana, et partout en Erets, qui exigent que les restaurants et boucheries conservent leur statut de « Cacher » grâce à la surveillance des représentants de la Rabanout (Machguia’h Cacherout) malgré le vent de libéralisme qui souffle nouvellement en Terre Promise… Pour la petite histoire, des restaurants sur le bord de plage de Tel-Aviv, qui vendaient auparavant du non-Cacher, sont passés « Cacher La Méhadrin » justement grâce aux vœux du public français… Hazak Vénit’hazek… Bravo !

Une bénédiction à mon Roch Collel de Raanana, le rav Acher Berakha Chlita et à son épouse à l’occasion des fiançailles de son bon fils Méir Eliahou Néro Yaïr. Mazel Tov !

Une bénédiction à Maurice Azoulay (Moché Ben Aïcha) afin qu’il se renforce dans la pratique de la Tora et des Mitsvoth.

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