Le canal entre la mer Rouge et la mer Morte bientôt en chantier

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Par Laurent Filippi@GeopolisFTV

Le 28 novembre 2016, le ministère jordanien de l’Eau et de l’Irrigation a annoncé avoir choisi 5 consortiums internationaux (Chine, France, Singapour, Canada, Japon) formés de 20 compagnies pour la réalisation d’un canal reliant la mer Rouge à la mer Morte, menacée d’assèchement.

Le niveau de la mer Morte baisse chaque année depuis un demi-siècle. Partagé entre Israël, la Jordanie et la Palestine, ce lac à l’extrême salinité pourrait se transformer en un véritable désert de sel d’ici à 2050, fragilisant dangereusement l’écosystème et l’économie de cette partie du Moyen-Orient.

«La distribution de l’eau dans la région est un dossier délicat, dans la mesure où la plupart des réserves aquifères souterraines se trouvent en Cisjordanie sous contrôle israélien. Les Palestiniens disent qu’ils sont gravement privés de ressources, contrairement aux colonies de peuplement israéliennes» (moins de 500 m3 par an par personne), rapporte The Guardian.

En 2013, après plus de trente ans de négociations, Israéliens, Jordaniens et Palestiniens  acceptent enfin de s’allier pour construire des infrastructures dont une canalisation de plusieurs centaines de kilomètres, appelé canal des deux Mers ou canal de la Paix, pour relier ainsi la mer Rouge et la mer Morte. En décembre 2015, la Jordanie lance un appel d’offres pour l’exécution du projet. 17 consortiums se portent candidats.

 

La mer Morte se meurt. Au fil des décennies, l’eau du Jourdain, qui coule du lac d’eau douce de Tibériade vers le golfe d’Aqaba, situé au nord-est d’Israël alimente la mer Morte. Mais son débit s’est presque tari. La chaleur intense de la région n’est pas la seule en cause.

Le pompage d’eau de la part d’Israël depuis les années 1960, utilisant en grande partie les eaux du lac de Tibériade pour alimenter en eau potable le pays, a largement contribué à ce phénomène.

De plus, de nombreuses activités chimiques prolifèrent autour de la mer Morte, en particulier côté israélien. 600.000 tonnes de sel y sont extraites pour l’industrie agroalimentaire et cosmétique et les nombreux bassins d’évaporation utilisés dans cette industrie contribuent grandement à l’assèchement de la mer Morte.

L’agriculture jordanienne sous serre très gourmande en eau ainsi que les activités économiques de la Syrie et du Liban qui détournent les eaux du Jourdain ont fini par épuiser pratiquement les réserves d’eau.

Un projet évalué à environ un milliard d’euros. Il devrait permettre de pomper 300 millions de m3 d’eau par an. Le projet d’une usine de dessalement d’eau d’une capacité de 65 à 85 millions de m3 par an est aussi validé.

Pour Israël, la survie de la mer Morte constitue une priorité économique, notamment pour le tourisme qui s’est développé depuis cinquante ans. De dizaines de sites balnéaires proposent de nombreux soins à base de minéraux.

Au final, le 28 novembre 2016, cinq consortiums sont retenus pour la réalisation de la première phase prévue début 2018, sous la forme d’une concession de 25 ans.

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