Ces nouvelles que les médias vous épargnent

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La chronique de Michèle MAZEL – Temps et Contretemps

Les services de sécurité israéliens ont arrêté hier un jeune arabe israélien de seize ans. Il y a quelques semaines il a assassiné un camarade de classe, âgé de seize ans lui aussi. Ils se connaissaient depuis toujours. Le meurtrier s’était enfui tout de suite après avoir accompli son forfait. Il a pourtant été retrouvé relativement rapidement. Il y a des cas où les langues se délient, même dans la société arabe réputée si fermée. Au début il a essayé de nier mais a vite compris que c’était inutile. Non seulement l’arme du crime avait été maladroitement dissimulée dans l’appartement où il vivait avec ses parents mais il y avait encore des traces du sang de la victime sur son unique paire de chaussures.

Pourquoi ce meurtre ? Il ne s’agissait pas d’une rivalité romantique, les deux ne se disputait pas le cœur d’une charmeuse de leur âge. Encore moins d’une dispute portant sur un bien que l’un aurait pris à l’autre. Non. Le mobile, ce qui a poussé un adolescent à en tuer un autre, n’avait rien de personnel. Simplement un lointain différent opposait leurs familles et c’est en vertu de ce conflit, dont l’origine se perd dans le brouillard des années et des mémoires, qu’un échange de propos s’est terminé dans le sang. Il y a lieu de craindre que ce meurtre ne soit pas le dernier, la famille de la victime ayant à cœur de la venger.

On vous expliquera que c’est une question d’honneur. Et n’allez pas accuser les mœurs des sociétés arabes : comme Corneille l’a si bien raconté, Rodrigue, amoureux de Chimène, va pourtant provoquer en duel son père et le tuer pour venger l’affront fait à son propre père. Évidemment c’était il y a quelques siècles et la société occidentale a quelque peu évolué depuis.

L’autre histoire s’est déroulée dimanche en Samarie et on y chercherait en vain honneur ou valeur. Selon les éléments connus à ce jour, un groupe de jeunes palestiniens, huit semble-t-il tapis au bord d’une route, guette l’apparition du premier véhicule aux plaques israéliennes. L’un d’eux se présente enfin. Les jeunes surgissent ; la voiture ralentit.

Il est un peu plus de deux heures de l’après-midi et il fait très beau ; la visibilité est parfaite. La conductrice est une mère de famille de quarante-deux ans, accompagnée de son fils de quinze ans et de sa fille de douze ans. Peu importe. L’un des «jeunes» court à sa rencontre. Arrivé à la hauteur de sa vitre, il lui lance une grosse pierre à la tête avant de s’enfuir en courant, suivi du reste du groupe. Très grièvement atteinte, la femme s’effondre tandis que la voiture continue sa course ; le fils a la présence d’esprit de serrer le frein à main avant de couper le contact. Une dizaine de suspects sont actuellement entendus.

La presse française n’a pas évoqué cet incident ; l’aurait-elle fait, elle n’aurait pas manqué de faire remarquer qu’il est intervenu en «Cisjordanie occupée» et que la victime réside dans une «colonie». L’Union européenne, quant à elle, demande des éclaircissements à Israël à la suite d’un affrontement entre Palestiniens et forces de l’ordre au cours duquel un Palestinien a été blessé.

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