Un changement petit… mais grand

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Saviez-vous que Pessa’h nous offre l’occasion de changer, de naître à nouveau ?

Pessa’h, un renouveau

Rav Pinkus, qui est niftar en 2001, deux jours avant Pessa’h, explique qu’une fois par an, Hachem nous donne l’occasion de nous renouveler. Cette occasion se manifeste à Pessa’h.

En ce début de printemps, l’ambiance de renouveau est en effet palpable à tous les niveaux.

A l’époque, les Bené Israël qui étaient tombés dans l’impureté de l’Egypte se sont vus affranchis, comme un bébé qui vient de naître.

C’est cette même idée de renouveau que l’on retrouve dans la nature qui était presque morte pendant l’hiver, et qui se réveille à présent. La végétation est en fleurs, ce qui nous donne d’ailleurs la possibilité de faire « Birkath haIlanoth ».

Le temps est idéal pour sortir, et nous nous sentons légères, légères. Nous passons de chambre en chambre avec nos plumeaux, telles des fées du logis.

Enfin, veille de fête, la maison est toute propre, presque neuve.

Et nous ? Nous aussi, nous avons droit à ce renouveau, chaque année.

Où est le renouveau ?

J’ai essayé de réfléchir… Qu’est-ce qui pourrait bien être nouveau dans nos vies de femmes, d’épouses, de mères ?

Assurément, pour la plupart d’entre nous, la maison reste la même, à part le fait qu’elle ne contienne pas de ‘hamets… Pas de déménagement en vue, pas de ravalement de façade, pas d’agrandissement. Les chambres restent à la même place, le salon aussi. Non, vraiment, aucun renouveau de ce côté… Des rêves, peut-être, mais en pratique, pas de renouveau.

Les enfants ne changent pas non plus. A part un miracle, il semble que l’enfant grognon le restera cette année, l’enfant jaloux le restera aussi, et il en est de même pour l’enfant somnambule qui se réveille toutes les nuits vers deux heures du matin. Quels changements peut-on bien espérer ? Des rêves, on en a, mais en pratique, pas de renouveau.

Le mari, D’ merci, est parfait. Tellement parfait qu’il ne change pas non plus. Là encore, des rêves, mais la réalité se moque bien du renouveau.

Le renouveau chez la femme

Alors, si aucune des personnes qui nous entourent ne peut changer, que peut-on bien renouveler ?

Toute femme sait que les actes qu’elle accomplit aujourd’hui sont les mêmes que ceux qu’elle a accomplis hier. Et les mêmes que ceux qu’elle accomplira demain.

La vaisselle, les machines à laver, les repas, les devoirs, le ménage, les sandwichs de 10 heures, les couches et les lingettes, les factures, les bêtises des enfants.

Quoi que… Pour les bêtises, j’avoue que les enfants font parfois preuve d’un certain renouveau. Je veux dire par là que ce n’est pas toujours la même vitre qu’ils cassent, ni les mêmes bonbons qu’ils prennent dans l’armoire, ni la même fermeture éclair qui reste coincée… Mais est-ce bien le renouveau que nous offre Hachem, et pour lequel on ressent une libération du corps et de l’esprit, comme c’était le cas pour les Bené Israël qui sont sortis d’Egypte… ? J’ai comme un doute…

Alors si rien ne change autour de nous, qu’est- ce qui peut changer, en toute logique ? Nous-mêmes ! Je ne parle pas de changer de garde-robe ou de travailler nos midoth. Ça, ce sont des projets de longue haleine. Il faut les prévoir doucement, avancer pas à pas. Je parle plutôt d’un changement que l’on pourrait générer en un instant, le jour-même de Pessa’h, et qui serait pour nous une petite sortie d’Egypte…

Quand l’intention diffère

Ce changement ne pouvant pas se trouver dans nos actions, qui doivent rester les mêmes pour le bien de notre maisonnée, il ne peut qu’être dans notre façon d’appréhender ces actions.

C’est toute la différence entre une femme qui passe le balai parce qu’elle est payée pour, une femme qui le fait parce que c’est sale et que ça la dérange, une femme qui le fait pour faire plaisir à son mari qui va bientôt rentrer, et une femme qui le fait pour ôter le ‘hamets de la maison. On comprend bien que selon notre vision des choses, nos actions valent plus, ou valent moins. Pourtant, l’action en elle-même est équivalente.

C’est aussi la différence entre une femme qui part travailler pour s’aérer un peu l’esprit, pour gagner de l’argent, ou pour permettre à son mari d’étudier. Encore une fois, une même action à priori, mais la différence est dans la tête. Dans l’intention.

C’est encore la différence entre la femme qui prépare à manger parce qu’il le faut bien, et celle qui le fait pour rassasier sa famille, pour donner à chacun les forces de faire ce que l’on attend de lui.

Assurément, si l’on prend un tout petit peu de temps pour changer l’intention de nos actes journaliers, ne serait-ce qu’une fois par jour, non seulement notre travail aura une plus grande valeur, mais surtout, surtout… nous gagnerons en sérénité, en joie. Nous aurons plus de force, de courage, de confiance en nous. Parce que nos actes ne seront pas uniquement une obligation matérielle, mais qu’ils seront le reflet d’une force spirituelle que nous avons toutes en nous !

Un rav avait expliqué à un homme : « Tu te dis certainement que je n’ai rien de plus que toi. Voici que je viens de réciter boré péri ha’ets, et j’ai mangé une pomme. Exactement comme tu l’aurais fait. Sache qu’il y a tout de même une différence : toi, tu fais la berakha pour pouvoir manger la pomme, alors que moi je mange la pomme pour pouvoir faire la berakha ! »

Pourtant, de l’extérieur, le rav et l’homme sont tout à fait comparables. Mais de par leur intention, ils sont incomparables !

De la même façon, si de l’extérieur nous continuons à œuvrer de la même manière au sein de notre maisonnée, nous avons tout de même les moyens de passer du comparable à l’incomparable. Et cela, n’est-ce pas un renouveau ?

Par Karen Ohayon

Kountrass numéro 163

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