Chla’h : des franges pour la vie ! par le rabbi de Kalov

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« Ce seront pour vous des franges (Tsitsit) » (Bamidbar 15, 39).

On relate une histoire sur le célèbre Maguid de Kelm, rabbi Moché Yits’hak Darchan, qui avait séjourné un été dans la ville balnéaire de Rublin, où se rassemblaient de nombreux vacanciers de toute la Russie et en particulier de la ville avoisinante de Riga. Le Chabbath, le Maguid se rendit à la synagogue pour la prière, et il s’aperçut qu’un certain nombre de Juifs de Riga priaient sans Talith, car ils ne voulaient pas l’apporter en vacances en ces jours de chaleur estivale.

A l’issue de la prière, le Maguid monta sur l’estrade et déclara : « Mes amis, je me dois de vous raconter une histoire. Un été, je me trouvais à Riga, je frappai à la porte d’une maison pour y rencontrer ses habitants, mais on me répondit que le maître de maison était absent, il se trouvait à Rublin. J’entendis soudain des pleurs en provenance de la pièce avoisinante. J’entrai dans la pièce et vis que la pièce était vide, mis à part un talith déposé dans un coin qui sanglotait. Je m’adressai au talith : « Talith, talith, pourquoi pleures-tu ? » et celui-ci de répondre : « Comment ne pas pleurer, le maître de maison a emporté tout son argent, son or et tous ses biens, et m’a laissé ici tout seul. » Je l’ai alors consolé en ces termes : « Arrête de pleurer, le jour viendra où le maitre de maison partira pour un voyage encore plus lointain, et il laissera tout son or, son argent et ses biens, et il n’emportera que toi. »

Les propos du Maguid, prononcés de tout cœur, pénétrèrent dans le cœur de ses auditeurs, et la leçon fut intégrée. Lorsqu’après sa mort, l’homme est inhumé, il emporte avec lui uniquement le talith de mitsva avec lequel l’usage est d’enterrer le défunt. Il n’emporte dans le Monde à venir que le mérite des mitsvoth effectuées dans ce monde-ci. Il faut se renforcer sur ce point en s’évertuant à accomplir chaque mitsva, même lorsque ce n’est pas facile ; c’est le seul investissement qui perdurera pour l’éternité dans le Monde à venir, et pas seulement dans le nombre restreint d’années de vie dans ce monde transitoire.

On rapporte également qu’avant de quitter ce monde, le Gaon de Vilna avait pleuré, saisi son tsitsith et a déclaré : « Comme ce monde est bon ! Pour quelques sous, on peut acheter des tsitsith, et mériter par ce biais de jouir de l’éclat de la Présence divine dans le monde éternel, ce qui n’est pas le cas dans le monde à venir où l’on ne peut plus accomplir les mitsvoth, et en conséquence, je pleure de devoir quitter ce monde ici-bas. »

Mais j’ai constaté, au fil des ans, que lorsqu’on demande à des Juifs de se montrer rigoureux sur la mitsva de tsitsith, certains tentent de s’esquiver en invoquant toutes sortes de prétextes : par exemple, ils ne peuvent porter de tsitsith en raison de la chaleur, ou du manque d’argent. Mais en vérité, toutes ces excuses proviennent uniquement d’un manque de connaissances de l’importance de la mitsva. En effet, lorsqu’on est informé de l’importance d’un sujet et de ses bénéfices, on est prêt à déployer des efforts et à investir beaucoup d’argent et de forces.

J’ai un jour visité un camp d’entrainement de l’armée, où de futurs soldats se formaient à leur métier, j’ai remarqué que le soleil brûlait entre les montagnes désertes en pleine journée et que ce lieu était dénué de toute végétation, or les soldats portaient tout leur accoutrement : vêtements, armes et chaussures lourdes.

Certains évoluaient sous ce soleil de plomb tandis que la transpiration coulait sur leur visage, et d’autres étaient allongés sur le sol avec tout leur attirail, recouverts d’une sorte de mince tissu étendu au-dessus d’eux pour les protéger quelque peu du soleil. Or, le soldat se plie de bonne volonté à ces manœuvres, il sait que le but de ces exercices est de dévoiler les forces enfouies en lui, et de s’entraîner à tenir bon dans toutes les situations, pour se protéger et protéger les habitants de son pays.

Nous devons nous inspirer de cet exemple pour le tsitsith : toute personne qui en comprend l’utilité le portera dans tous les cas, même s’il souffre de fièvre, etc.

Il vaut la peine de méditer sur la grandeur de la mitsva de tsitsith, qui aide l’homme à accomplir toutes les mitsvoth, comme il est écrit : « Dont la vue vous rappellera tous les commandements de l’Éternel, afin que vous les exécutiez. » Nos Sages affirment qu’elle est l’équivalent de toutes les mitsvoth, et tout homme qui le porte bénéficie de toutes sortes de bonnes influences tant sur le plan spirituel que matériel. Il est rapporté dans les livres saints, au nom de l’auteur du Tanya, que l’ange Michaël, le plus grand de tous les anges, était prêt à renoncer à son niveau élevé, s’il avait la possibilité de recevoir en contrepartie le mérite de la mitsva de l’un des quatre coins du tsitsith porté par le Juif.

L’accomplissement de la mitsva de tsitsith déclenche une grande joie dans les mondes supérieurs ; grâce à elle, les anges sont nourris et reçoivent une grande abondance de la mitsva accomplie dans ce monde-ci. L’auteur du Kedouchat Lévy de Berditchev avait l’habitude de répéter que tout comme le musicien accorde son violon avant de jouer, et que les jeunes hommes désireux d’entendre ces mélodies se rassemblent et annoncent joyeusement que le musicien s’apprête à jouer de son instrument, de même, un Juif sépare et vérifie les fils de son tsitsith avant de porter son talith, et à ce moment-là, les anges et les séraphins se rassemblent et annoncent joyeusement : « Voilà, ce Juif s’apprête à réciter la bénédiction : Lehitatef batsitsith – s’envelopper du tsitsit. »

Nous pouvons affirmer que c’était l’intention du Saint béni soit-Il lorsqu’il s’est adressé aux enfants d’Israël en ces termes : « Ce seront pour vous des franges ». Nos Sages ont affirmé que partout où il est écrit dans la Tora « Vehaya », c’est un langage joyeux. De surcroît, lorsque la Tora emploie le terme de « lakhem – pour vous », c’est une référence à tous les besoins matériels de l’homme. La Tora nous assure qu’outre ses bénéfices spirituels, la mitsva de Tsitsith génère un abondant plaisir matériel.

Puissiez-vous porter constamment les tsitsith dans la joie, cette mitsva vous apportera des bénéfices incommensurables.

 

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