La détention des Islamistes radicaux dans les « Unités dédiées » des prisons françaises pose problème

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Dans un rapport publié ce mercredi 6 juillet, le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Adeline Hazan, a souligné que le principe du regroupement des détenus islamistes dans les prisons présente plus d’inconvénients que d’avantages.

Expérimenté depuis octobre 2014 à Fresnes (Val-de-Marne), le gouvernement a élargi en début d’année le programme à d’autres « Unités dédiées » où les détenus radicalisés sont regroupés. Depuis, cinq unités ont été ouvertes entre la fin du mois de janvier et la fin mars dernier dans trois autres établissements pénitentiaires : Osny, Fleury-Mérogis et Lille-Annoeullin ; des « unités dédiées » qui accueillent à ce jour 64 personnes.

Dans ces établissements, trois contrôleurs ont rencontré 61 des 64 personnes placées, sur un effectif théorique de 117 places. Mais les prisons françaises abritent 1 400 « radicaux », dont 300 qui ont « un lien avec le terrorisme », et 100 qui ont été condamnés pour cette peine.

Or les magistrats antiterroristes « continuent de s’inquiéter des effets pervers du regroupement qui permettrait de nouer des solidarités, de reconstituer des réseaux, et laisserait toute latitude aux plus forts pour faire pression sur les plus vulnérables », souligne encore ce rapport. Un aumônier musulman entendu par les contrôleurs parle également du risque « d’héroïsation » de ceux placés en unités dédiées auprès des autres détenus.

Le ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas a désormais un mois pour faire part de ses observations. Mi-juin, il avait confié devant l’Assemblée nationale ne pas être en mesure de dire si le regroupement des islamistes en prison constituait à ses yeux une « bonne solution ».

Dans son rapport, Adeline Hazan s’inquiète entre autre chose de la difficulté de recruter un personnel pénitentiaire capable de faire face à cette population particulière que trop souvent les gardiens ne connaissent pas : « On envoie au front des jeunes qui ne sont pas armés pour cela, qui n’ont pas les bagages nécessaires et peuvent facilement se faire abuser par des personnes incarcérées dont le fonctionnement n’a rien à voir avec celui des détenus de droit commun, précise le rapport. Il s’agit de combattants, de militants pour qui la prison n’a pas le même sens : pour beaucoup, c’est un passage presque obligé qui fait d’une certaine façon partie de leur formation et de leur lutte. Ils ne baisseront pas la garde ».

Autre constat négatif : « l’étanchéité entre les quartiers au sein d’un même établissement pénitentiaire apparaît comme un vœu pieux». Des documents appartenant à un individu détenu dans ces quartiers « ont été retrouvés dans la cellule d’une personne détenue dans une autre division ; un mois après l’installation d’un brouilleur, deux téléphones portables ont été saisis en cellule ; des courriers indiquant la bonne façon de prier ont été interceptés. Des pressions ont été exercées au sein de l’Unité dédiée sur des codétenus au point que ceux-ci ont décidé de ne plus aller en promenade. La vigilance à l’égard d’un intervenant en UD a provoqué l’ouverture d’une enquête interne à la suite de laquelle il a été découvert que cette personne présentait « un fort ancrage dans les milieux prosélytes radicaux ». Son autorisation d’entrer en détention a été suspendue », souligne le rapport.

Bref, la question des détenus en « Unités Dédiées » pose un nouveau problème à la France, celui de leur radicalisation au sein même des établissements pénitenciers…

 

 

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