Elections et apartheid

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par Michèle Mazel

La crise politique en Israël perdure et aucun camp ne semble en mesure de former un gouvernement. Tandis que les premières tractations s’engagent, il y a au moins un parti qui ne cache pas sa satisfaction.

 « Il faut voir les responsables des partis arabes rayonner dans les médias israéliens depuis mercredi 18 septembre, au lendemain des législatives israéliennes, pour prendre la mesure d’un moment, probablement éphémère : les voilà qui s’extirpent des marges de la vie politique israélienne. Contre toute attente, la seconde liste unie de leur histoire, après celle de 2015, a mobilisé un électorat qui demeurait confus et apathique, notamment les plus jeunes : ils obtiennent 13 sièges au Parlement. »  C’est ce qu’écrit Le Monde du 20 septembre. De fait, Ayman Odeh, chef de file de la liste arabe unie n’a pas le triomphe modeste. Fort des treize députés élus à la Knesset, qui font de la liste le troisième parti après Bleu-Blanc et le Likoud, il se voit déjà chef de l’opposition, poste qui outre les nombreux avantages en nature qu’il implique, lui donnerait droit, suivant la constitution, à des rencontres régulières avec le premier ministre et surtout lui permettrait d’être tenu au courant des développements sécuritaires. Pour mémoire, la liste arabe unifiée regroupe quatre partis arabes aux idéologies fort différentes associés pour des raisons tactiques. Quelques points communs toutefois : tous sont musulmans et tous accusent quotidiennement l’Etat d’Israël d’appliquer une politique d’apartheid.

Le parti Balad, l’une des composantes de la liste, est résolument anti-israélien et ne reconnait pas à Israël la qualité d’Etat Juif. Le fondateur du parti, le député Azmi Beshara, a pris la fuite, alors que la police israélienne s’apprêtait à l’arrêter pour intelligence avec l’ennemi ; il était notamment soupçonné d’avoir transmis des informations au Hezbollah. Un autre député, Bassam Ghattas, qui allait rendre visite à des terroristes dans une prison de haute sécurité refusa de se laisser fouiller, arguant de sa condition de député ; un peu plus tard il a été pris sur le fait alors qu’il remettait des téléphones portables à un détenu. Il vient de sortir de prison après avoir purgé une peine de deux ans. Ayman Odeh, qui dirige cette liste disparate, est aussi depuis 2015 président du parti communiste Hadash, Né en 1975 à Haïfa d’un père ouvrier du bâtiment et du mère au foyer, c’est en Roumanie qu’il est parti faire ses études ; il est diplômé en droit de l’université Nicolas Titulescu.

Il y trois ans exactement, M. Odeh avait refusé de se rendre aux funérailles de Shimon Peres, suivi en cela par les autres membres de la liste arabe unie, pour marquer son désaccord avec la politique du vieux leader socialiste « depuis 1948 » sur un vaste éventail de sujets, de la création d’Israël à la construction du réacteur de Dimona et à l’encouragement aux implantations. Son absence et celle de ses alliés politiques avait été d’autant plus remarquée que Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne avait choisi, lui, de faire le déplacement et avait pris place au premier rang lors de la cérémonie.  Shimon Peres, qui fut président de l’Etat d’Israël et qui reçut avec Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, le prix Nobel de la Paix en 1994 à la suite des accords d’Oslo  a fondé en 1996 le centre pour la paix qui porte son nom est dont le but est de « bâtir une infrastructure de paix et de réconciliation par et pour les habitants du Moyen-Orient ».

Un objectif qui ne semble pas être celui de la liste arabe unifiée.

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