Les États-Unis frappent une base aérienne en Syrie

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Intéressant – voire inquiétant – le changement de conduite de la part des Etats Unis, sous Trump : 59 missiles ont été tirés sur une base aérienne du gouvernorat d’Homs, en punition de l’utilisation de la part de la Syrie d’armes chimiques contre sa propre population, tuant près de 100 personnes, dont nombre de jeunes.

Donald Trump affirme avoir agi dans «l’intérêt de la sécurité nationale ».

Ces frappes ont été menées avec 59 missiles Tomahawk, a annoncé la Maison Blanche, précisant qu’elles avaient visé la base aérienne de Shayrat «associée au programme» d’armes chimiques de Damas et «directement liée» aux événements «horribles» de mardi, quand un raid imputé à l’armée syrienne contre la localité de Khan Cheikhoun dans le nord-ouest de la Syrie a fait au moins 86 morts, dont 27 enfants, et provoqué une indignation internationale.

Donald Trump a déclaré que ces opérations étaient «dans l’intérêt vital de la sécurité nationale» des États-Unis. Le président républicain a affirmé que l’Amérique était «synonyme de justice», appelant les «nations civilisées» à mettre fin au bain de sang en Syrie, ravagée par une guerre qui a fait 320.000 morts depuis mars 2011, jeté des millions de réfugiés sur les routes et provoqué la pire crise humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale. Trump a accusé «le dictateur syrien Bachar el-Assad (d’avoir) lancé une horrible attaque avec des armes chimiques contre des civils innocents en utilisant un agent neurotoxique mortel. »

Avec cette frappe, Trump a pris la mesure militaire américaine la plus directe depuis le début de la guerre en Syrie il y a six ans. Une décision qui accroît le risque d’une confrontation avec la Russie et l’Iran, les deux principaux alliés de Bachar el-Assad.

Aux États-Unis, l’intervention a été bien accueillie par nombre d’élus républicains et démocrates, mais beaucoup ont pressé le président de consulter le Congrès et de clarifier sa stratégie. Perçu comme un isolationniste et hostile à l’interventionnisme de l’Amérique au Moyen-Orient, Trump avait reconnu mercredi que l’attaque chimique avait eu «un énorme impact» sur lui et que son «attitude vis-à-vis de la Syrie et d’Assad avait nettement changé ».

 

Des médecins et des ONG comme Médecins sans frontières (MSF) ont également parlé d’«agents neurotoxiques», en particulier le gaz sarin. Ce gaz est inodore et invisible. Même s’il n’est pas inhalé, son simple contact avec la peau bloque la transmission de l’influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire.

Le régime syrien a été accusé d’avoir utilisé du gaz sarin le 21 août 2013 dans l’attaque de localités aux mains des rebelles en périphérie de Damas, qui avait fait au moins 1429 morts, dont 426 enfants, selon les États-Unis. Mais le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem a réaffirmé que l’armée de son pays «n’a pas utilisé et n’utilisera jamais» d’armes chimiques contre son peuple, «pas même contre les terroristes», expression du régime pour désigner rebelles et djihadistes. D’après lui, l’aviation a frappé mardi «un entrepôt de munitions appartenant» à des djihadistes et «contenant des substances chimiques». Une explication déjà avancée par l’armée russe mais jugée «fantaisiste» par des experts militaires.

«Il ne faudra pas que ces crimes restent impunis», a lancé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault, mettant en cause le président syrien «qui massacre son peuple».

Carla Del Ponte, membre de la Commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, a accusé ouvertement le régime de Bachar el-Assad : «Ce qui est certain, c’est que c’était un bombardement aérien et que c’était le régime syrien qui bombardait», explique-t-elle, affirmant également que le recours à un «gaz mortel, donc une arme chimique» est «certain». Des autopsies réalisées en Turquie ce jeudi sur trois corps ramenés d’Idleb ont prouvé les allégations de la diplomate.

Damas et Moscou nient en bloc. Putin a pour sa part téléphoné à Netaniahou pour lui reprocher qu’on accuse la Syrie d’utiliser de tels moyens, alors que rien n’est encore prouvé.

 

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