Etats-Unis: «La présidence de Donald Trump n’est pas mise en danger pour l’instant»

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INTERVIEW Pour Jean-Eric Branaa, le président des Etats-Unis peut compter sur une base électorale solide pour éviter une éventuelle destitution…

  • Deux anciens proches de Donald Trump sont mis en cause dans deux procès séparés.
  • L’ancien avocat de Trump a laissé entendre qu’il pouvait avoir de nouvelles révélations sur le président.
  • Les élections de mi-mandat pourraient être décisives en cas d’impeachment.

Michael Cohen et Paul Manafort vont-ils faire trembler la Maison-Blanche ? Après leurs deux procès qui se sont déroulés simultanément mardi, ces deux anciens proches de Donald Trump ont été surnommés « les escrocs du Président » par le New York Times, et certains prédisent un « tournant » dans la présidence de l’élu Républicain.

Michael Cohen, l’ex-avocat du chef d’État américain, a reconnu être coupable de fraude fiscale, mais aussi d’avoir versé de l’argent à deux femmes ayant eu une liaison avec un « candidat » à une « fonction fédérale » afin d’éviter de lui porter préjudice au moment de l’élection. Une révélation qui laisserait entendre que Donald Trump a pu commettre un délit en tentant d’influencer les électeurs. Dans l’autre procès, Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Trump, a été condamné pour fraude bancaire et fraude fiscale.

Pour Jean-Eric Branaa, spécialiste des Etats-Unis et auteur de Trumpland : Portrait d’une Amérique divisée (Privat, octobre 2017), ces deux affaires judiciaires ne représentent pas forcément un coup dur pour Donald Trump. Il estime même qu’elles peuvent souder sa base électorale à l’approche des élections de mi-mandat.

 A-t-on assisté ce mardi à un tournant dans la présidence de Donald Trump ?

Cela a été une très mauvaise journée pour le président, parce que beaucoup de mauvaises nouvelles lui sont tombées dessus. En revanche, sa présidence n’est pour l’instant pas mise en danger. Ainsi, l’affaire Manafort ne touche pas Donald Trump directement. Elle touche un homme d’affaires véreux qui a travaillé avec des dictateurs et qui est finalement tombé.

L’affaire Cohen, c’est presque pareil : il tombe pour des affaires financières, et là encore, Trump n’est pas directement concerné. Certes, Michael Cohen dit bien qu’il a payé deux femmes à la demande de l’un de ses clients, et même si plusieurs indices convergent vers le président, Trump n’est jamais cité nommément. Donc sur le plan judiciaire, il n’est pas inquiété.

Qu’est-ce qui pourrait changer la donne ?

L’avocat de Michaël Cohen a laissé entendre que son client était prêt à parler des agissements de Donald Trump, et on se doute bien que Robert Mueller [le procureur spécial qui enquête sur l’influence de la Russie dans l’élection de 2016] va l’entendre. S’il reconnaît qu’il y a eu collusion entre Donald Trump et les Russes, le procureur pourrait demander au président de témoigner sous serment, pour prouver ensuite que Donald Trump a menti. Mais en réalité, il y a très peu de chances que Trump accepte d’aller témoigner.

Sa défense, consistant à dénoncer une « chasse aux sorcières », peut-elle encore tenir longtemps ?

Ses électeurs sont dans ce ressenti-là. On est en campagne électorale [les élections de mi-mandat auront lieu en novembre]. Les partisans de Trump voient que l’économie fonctionne bien, que le chômage baisse, ce que le président ne manque pas de souligner. Donc, ces électeurs n’écoutent plus les experts, ceux qui critiquent Trump, ceux qui répètent toutes les semaines que Trump va tomber. Cela finit par décrédibiliser le message.

Donald Trump est-il menacé par une procédure de destitution (impeachment) si les Démocrates gagnent ces élections ?

Aujourd’hui, les projections annoncent un basculement de la Chambre (House of Representatives) aux Démocrates mais un Sénat qui reste Républicain. Si ça se passe comme ça, vous pouvez être sûr que les représentants Démocrates qui auront été élus sur la base d’un discours « anti-Trump » vont déposer une procédure d’impeachment.

Mais cela pourrait être un piège pour eux : même si l’impeachment est voté par la Chambre, ce sera ensuite au Sénat de « juger » Donald Trump et de prononcer sa destitution. Or, les Républicains y sont majoritaires, et il est très probable que le président soit « innocenté ». Ce qui lui permettrait de dire « regardez, on m’a fait un procès et je m’en suis sorti, je n’ai rien à me reprocher ». Donald Trump met constamment en scène cette tension et cet énervement, ça permet de mobiliser sa base.

Source www.20minutes.fr

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