Un gardien de camp nazi expulsé vers l’Allemagne

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Né dans une partie de la Pologne devenue aujourd’hui l’Ukraine, Jakiw Palij, avait émigré aux États-Unis après la guerre en 1949 et, grâce à de fausses déclarations faites aux services d’immigration, était devenu citoyen américain en 1957. Se croyant sans doute hors de danger, il avouait pourtant en 2001 avoir été formé dans le redoutable camp SS de Trawniki où six mille Juifs furent assassinés le 3 novembre 1943. Commençait alors un long processus de révocation de sa citoyenneté, puis, le 21 août 2018, son expulsion vers l’Allemagne.

Un long travail méticuleux réalisé par juristes, juges et historiens appartenant à plusieurs services américains

C’est au terme d’un long travail méticuleux réalisé par plusieurs partenaires officiels américains, dont le ministère de la Justice, la section des Enquêtes pour la Sécurité Nationale, le Service fédéral du contrôle de l’immigration et des douanes (ICE, dont l’extrême-gauche Démocrate américaine dans la mouvance de Bernie Sanders veut la dissolution), le ministère de la Sécurité du territoire et l’Unité pour les Crimes de guerre et les auteurs de violations des droits de l’homme, qui travaille avec juristes et historiens, que le nazi Jakiw Palij, formé au terrible camp SS de Trawniki, aujourd’hui âgé de 95 ans, a finalement été expulsé vers l’Allemagne. Reste à savoir ce que sera la condamnation de la justice allemande…

Pourtant, dès 2001, dans le cadre d’une enquête ouverte contre lui, il avouait à des responsables du ministère de la Justice, être entré aux États-Unis, puis avoir fait sa demande citoyenneté américaine, sur de fausses déclarations, en ayant prétendu avoir passé la guerre en travaillant dans la ferme de son père dans la Pologne d’alors – territoire aujourd’hui ukrainien – puis dans une usine allemande. Il avouait aussi avoir été formé au printemps 1943 dans le camp SS de Trawniki, dans ce qui était alors la Pologne occupée par les Nazis. Un camp où furent formés par les SS des volontaires venus de territoires conquis par l’Allemagne nazie ou des prisonniers de guerre soviétiques, majoritairement ukrainiens ou Volksdeutsche pour en faire des gardiens de camps particulièrement féroces.

Le cas Jakwi Palij, un des criminels de guerre nazis, formés à Trawniki


Dans son communiqué ICE souligne que « le ministère de la Justice dispose de documents qui montrent que les hommes qui y avaient été formés participèrent à la mise en œuvre du plan d’extermination des Juifs de Pologne du Troisième Reich, « l’Opération Reinhard ». Et que le 3 novembre 1943 des hommes, femmes et enfants juifs, détenus à Trawniki furent tués par balles, dans ce qui fut l’un des plus grands massacres de la Shoah. En contribuant à empêcher ces prisonniers d’échapper, alors qu’il était gardien à Trawniki, Palij a joué un rôle indispensable en s’assurant qu’ils seraient ensuite tués tragiquement aux mains des nazis. »

En mai 2002 les services compétents demandèrent la révocation de la citoyenneté de Palij « compte tenu de ses activités de gardien armé de détenus juifs à Trawniki, où ils étaient incarcérés dans des conditions inhumaines ». Citoyenneté révoquée en août 2003 par un juge de New York. En novembre de la même année, une procédure d’expulsion fut entamée.

En juillet et août 2004 le juge Robert Owens demandait son expulsion vers l’Ukraine, l’Allemagne ou la Pologne, ou tout autre pays voulant le juger pour sa participation à des crimes de guerre nazis. Palij faisait appel de cette décision, un appel rejeté en décembre 2015.

À ce jour, ce sont cent huit individus ayant participé à des crimes de guerre nazis qui ont été expulsés des États-Unis, tandis que ces mêmes services interdisaient l’entrée du territoire américain à cent quatre-vingt autres individus ayant participé à des crimes de l’Axe

C’est finalement l’Allemagne qui reçoit cet ancien nazi et devra le juger. Un procès attendu…

Notes :


Opération Reinhard, en images

Étude : « Les exécuteurs de l’Aktion Reinhardt : les SS-Sonderkommandos de Belzec, Sobibor et Treblinka »

« Belzec », titre et objet du film de Guillaume Moskowitz,

Claude Lanzmann, formidable chroniqueur de la Shoah, a évoqué cette Opération et Belzec dans son film Shoah.Shoah1-2 
et Shoah2-2
Je pense ici à Simone Veil qui, dans le cadre d’une interview qu’elle m’avait accordée pour l’Arche, m’avait confié que les gardiens de camps les pires étaient les Ukrainiens dont la brutalité était terrible.

Je pense aussi aux vingt et un membres de ma famille assassinés dans le cadre de l’Opération Reinhard, sur place à Lwow, ou dans le camp de Janowska, dans les faubourgs de la ville, ou le camp de Belzec où une partie des Juifs du ghetto de la ville, qui avaient pu survivre, furent transportés en train et assassinés.

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