La guerre reprend (entre Yech ‘atid et les orthodoxes)

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A-t-on le droit d’établir une distinction entre les élèves d’une école ? Et si on le fait, ne doit-on pas supprimer les subsides gouvernementaux ? C’est un projet de loi émanant du parti Yech ‘atid, présenté à la Knesseth ces jours-ci par Méïr Cohen (Yech ‘atid) et Mirav Michaéli (Ma’hané hatsioni) qui a entrainé une intéressante dispute dans l’enceinte de la Knesset.

Dans certaines écoles, il se peut qu’on donne la préférence à des élèves en provenance d’une certaine communauté, et dans d’autres, à des élèves en provenance de l’autre groupe. Allons, soyons clairs : là, il s’agit d’une école de jeunes filles, ou en fait d’une Yechiva, où l’on acceptera plus des jeunes en provenance de la communauté achkenaze, alors que d’autres institutions desservent plus le secteur sefarade.

On peut le regretter, on peut le critiquer, mais c’est une réalité sociale dans le pays depuis toujours, avec une tendance assez amusante : pratiquement aucun/e achkenaze ne cherchera à s’inscrire dans des institutions sefarades, alors que le contraire est plus que vrai ! Et, in fino, les institutions achkenazes comptent en leur sein une très grande proportion de sefarades (rav Yits’hak Ezra’hi, roch Yechivath Mir-Jérusalem : « Savez-vous quelle est la plus grande Yechiva sefarade du monde : la Yechivath Mir ! »).

Mais quand Yech ‘atid se lance dans une proposition de loi pour réglementer un tel sujet, les députés de Déguel haTora ne pouvaient que s’élever contre la grande dose d’hypocrisie qu’ils y ont trouvé : « Menteurs, racistes, hypocrites, culottés et dépravés » sont les adjectifs sympathiques lancés à cette occasion à la figure des députés de Yech ‘atid.  Pourquoi ? Evidemment, parce que la principale occupation des membres de ce parti a consisté, quand ils étaient au pouvoir, de mettre en place une politique raciste et anti-orthodoxe concernant l’ensemble de la population orthodoxe vivant dans le pays…

Le rav Gafni : « Par exemple, quand vous étiez les maîtres de la caisse gouvernementale, voici 2 ans, vous avez empêché que l’école du ‘Hinoukh ‘atsmaï de Sdéroth, où n’étudie pas le moindre achkenaze, dans une ville frappée alors par les attaques terroristes en provenance de la Bande de Gaza, ne reçoive pas d’aide pour les heures supplémentaires tellement importantes pour les jeunes, alors que les écoles qui n’appartiennent pas à ce mouvement en recevaient gracieusement ! Ce n’est pas du racisme, cela ? »

Le rav Gafni a insisté sur le fait qu’à l’intérieur du secteur orthodoxe, tout le monde travaille la main dans la main, les uns aidant les autres sans faire de distinction – et il faut ajouter que cette séparation entre les écoles ne repose pas du tout sur du racisme, mais sur des différences de mentalité et de tradition.

Il semblerait que la vieille guerre lancée par le parti du sieur Lapid, que ce dernier a tenté de mettre de côté pour se donner une meilleure image, n’est en fait pas abandonnée, mais va, sous peu, reprendre de plus belle. Lapid jouit d’un certain prestige dans le public, on le donne même pour être à la tête du plus grand parti politique à de prochaines élections, mais il ne pourra sans doute devenir Premier ministre, comme il le voudrait, que grâce aux voix des orthodoxes. Cela parait peu probable qu’il les obtienne…

4 Commentaires

  1. Le racisme de Yesh Atid n’excuse en rien celui, bien réel, des Ashkénazim à l’encontre des Séfaradim.
    La tendance qui vous amuse est une preuve supplémentaire, si besoin en était, du sentiment de supériorité des premiers.
    Il serait temps que le monde de la Tora séfarade ait le courage de s’affranchir du despotisme ashkénaze et qu’il développe ses institutions indépendantes.
    Heureusement que la France est épargnée par ce fléau.

    • Le public sefarade développe ses propres institutions, et dans certains cas, elles sont mieux cotées que celles des Achkenazes – de l’avis de tous. D’un autre côté, l’un des problèmes reste en vérité la volonté de nombreux sefarades d' »arriver » à être acceptés dans des institutions achkenazes, alors que le contraire n’existe pratiquement pas. Il se peut que la raison en soit… un certain complexe, mais dont la source n’est pas chez les Achkenazes… Et là, notre lecteur a raison en lançant un appel à ce public de se ressaisir et de viser à créer des institutions à lui – ajoutons : que son public voudra bien aller fréquenter en premier lieu…
      Mais, sur le fond du problème, le peuple juif s’est retrouvé sur une même terre, sur sa terre, en provenance de divers horizons du monde. Certaines communautés ont mieux réussi à conserver leur identité juive, d’autres moins. Ce fait a engendré des supériorités et des infériorités sur le plan de l’influence spirituelle. Regardez qui est considéré comme un gadol, et dans quelle communauté cette dimension n’a pas réellement été atteinte. Maintenant, au contraire, dites-nous comment faire pour réduire ces différences, pour rattraper le retard, pour arriver à une meilleure osmose et pour arriver à un vrai Chalom entre les gens (qui, du reste, existe parfaitement, si ce n’est peut-être sur le plan des mariages inter-communautaires, et encore…).

        • D’un acte de racisme de la part de la direction, ou d’un complexe de la part de la famille. Cette phrase ne semble pas très cohérente.
          Racisme de la part de la direction ? Pourquoi ne pas tenter de comprendre que celle-ci considère que tel ou tel enfant ne correspond pas au tissu humain du reste de l’école ? Cela peut être parfaitement justifié, même si c’est désagréable pour celui qui est refusé.
          Puis, comme disait rav Ezra’hi, Mir est la Yechiva sefarade la plus grande au monde ! C’est donc que nombre d’entre eux sont acceptés.
          Complexe de la part de la famille : car elle a sans doute là donné la préférence à une institution achkenaze. Mais est-ce un mal, si effectivement Poniewezh par exemple est une meilleure Yechiva que mille autres ?
          Et, dans tout cela, peut-on honnêtement comparer de tels questions à la haine viscérale et totale que profère Yech ‘atid envers le monde de la Tora et son public ? Cela revient-il pas à mélanger torchons et serviettes ? Juste pour polémiquer ? Merci à vous.

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