Guterres « gravement préoccupé par les capacités militaires sophistiquées » du Hezbollah

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Le secrétaire général de l’ONU, Antonió Guterres, est encore une fois revenu à la charge au sujet des armes du Hezbollah, pointant du doigt le danger qu’elles représentent pour le Liban et appelant l’État libanais à intensifier ses efforts pour avoir le monopole sur la possession des armes. Dans son dernier rapport semestriel sur l’application de la résolution 1559 (2004), Antonió Guterres, s’est dit gravement « préoccupé par les capacités militaires importantes et sophistiquées du Hezbollah, qui risquent de le mener en guerre ».

Ce vingt-neuvième rapport a fait l’objet de concertations qui se sont tenues hier à huis clos au Conseil de sécurité de l’ONU en présence de l’ambassadrice Rosemary Anne DiCarlo, secrétaire générale adjointe pour les Affaires politiques des Nations unies, et ex-représentante permanente adjointe des États-Unis auprès de l’ONU. Mme DiCarlo a présenté aux membres du Conseil un exposé détaillé sur la mise en œuvre de la 1559.

Le rapport semestriel du secrétaire général couvre les développements survenus sur le terrain, du 15 octobre 2018 au 8 avril 2019. Le secrétaire général souligne que des « progrès limités » ont été accomplis dans sa mise en œuvre et dans un certain nombre de dispositions, notamment en ce qui concerne « l’existence et les activités des milices libanaises et non libanaises, ainsi que la démarcation et la délimitation de la frontière, qui restent en suspens ». Il convient de rappeler qu’en adoptant la résolution 1559, le Conseil de sécurité de l’ONU avait cherché à renforcer la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance du Liban sous l’autorité unique et exclusive du gouvernement libanais dans l’ensemble du pays, conformément à l’accord de Taëf de 1989 auxquels tous les partis s’étaient engagés. Cet objectif est resté la priorité des efforts du secrétaire général de l’ONU.

Arsenal du Hezbollah

Aussi, dans son rapport, Antonió Guterres met en garde contre « la présence généralisée d’armes en dehors du contrôle de l’État, conjuguée à l’existence de milices armées, qui continue de nuire à la sécurité et à la stabilité du Liban ». « Le maintien par le Hezbollah de capacités militaires importantes et sophistiquées en dehors du contrôle du gouvernement libanais reste un sujet de grave préoccupation », souligne-t-il. Le chef de l’ONU note aussi avec « inquiétude » les nouvelles révélations de Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, selon lesquelles son parti « possède des armes de précision ». Il demande « à nouveau au Hezbollah et à toutes les autres parties concernées de se garder de participer à des activités militaires au Liban ou à l’étranger conformément aux exigences de l’accord de Taëf et de la résolution 1559 (2004) ». « Il est essentiel de préserver ces textes et de renforcer les institutions de l’État, qui devrait intensifier ses efforts pour parvenir à un monopole sur la possession des armes et le recours à la force sur tout son territoire », ajoute Antonió Guterres qui exhorte ainsi le gouvernement libanais et l’armée « à prendre toutes les mesures nécessaires à cet égard ».

Politique de distanciation

Par ailleurs, le secrétaire général accueille avec satisfaction « l’engagement renouvelé en faveur de la politique de distanciation (par rapport aux conflits dans la région), renouvelé par le gouvernement dans la déclaration ministérielle » et appelle à nouveau l’exécutif et les différentes parties libanaises, à se conformer, « dans leurs actions, à la politique de dissociation et à la déclaration de Baabda », adoptée en juin 2012.

« L’implication présumée du Hezbollah ainsi que d’autres éléments libanais dans le conflit en Syrie ou ailleurs dans la région demeure une préoccupation », souligne le patron de l’ONU tout en appelant « les pays de la région qui entretiennent des liens étroits avec le Hezbollah à soutenir la transformation de ce groupe armé en un parti politique exclusivement civil; ainsi que son désarmement, et ce, dans l’intérêt du Liban, de la paix et de la sécurité régionales ».

Antonió Guterres condamne par ailleurs toutes les violations de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Liban et réitère une fois de plus ses appels à Israël pour qu’il « s’acquitte de ses obligations, pour qu’il retire ses forces du nord de Ghajar et d’une zone adjacente au nord de la ligne bleue et pour qu’il cesse immédiatement son survol quotidien de l’espace aérien libanais, ce qui constitue une violation flagrante de la résolution ». « L’utilisation de l’espace aérien libanais par les forces de défense israéliennes pour frapper des cibles en Syrie est aussi extrêmement préoccupante, en raison du risque d’un affrontement plus large », selon M. Guterres.

Soutien international

Le chef de l’ONU salue par ailleurs le soutien continu de la communauté internationale à l’armée libanaise, aux FSI et aux autres institutions chargées de la sécurité, « ce qui constitue un instrument essentiel pour la construction du monopole de l’usage de la force par l’État et encourage les donateurs à tenir leurs engagements pris lors de la deuxième conférence de Rome sur le Liban (mars 2018) ». M. Guterres se félicite par ailleurs des engagements de financement soutenus envers le Liban, pris lors de la troisième Conférence de Bruxelles sur l’avenir de la Syrie et de la région, y compris le Liban. Il encourage les donateurs à « soutenir la générosité et l’hospitalité remarquables du Liban en accueillant des réfugiés syriens et à redoubler d’efforts pour soutenir l’Unrwa (agence de l’ONU pour les secours aux réfugiés palestiniens), afin que cette agence puisse continuer à jouer un rôle essentiel pour la dignité des réfugiés palestiniens ». Enfin, le secrétaire général dit compter sur l’engagement continu du gouvernement libanais à l’égard de ses obligations internationales et appelle toutes les parties et tous les acteurs locaux à se conformer pleinement aux résolutions 1559, 1680 (2006) et 1701 (2006). « De son côté, l’ONU poursuivra ses efforts en vue de la mise en œuvre intégrale de ces résolutions et de toutes les autres résolutions relatives au Liban », assure Antonió Guterres.

Source www.lorientlejour.com

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