« Hamasgate » : Facebook rendu muet

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Ils l’ont aimé, toute sa vie, leur sanguinai-ai-re

Qassem Suleimani (notre photo) avait, sur les mains, des tombereaux de sang (quantitativement plus d’origine iranienne que juive). Quand il a été tué par une frappe américaine, il s’est trouvé des médias humanistes français pour évoquer le tueur avec plus de compassion que pour ses innombrables victimes :

« Vendredi 3 janvier, à Bagdad, les États-Unis ont assassiné l’un des hommes les plus influents et aimés d’Iran, le général et commandant en chef de la force Qods, Qassem Soleimani (Blog Médiapart). »

Il s’en est trouvé d’autres pour afficher leur admiration pour

« Ghassem Soleimani, sentinelle de l’Iran, général iranien, chef de l’unité d’élite de la révolution, la force Al-Qods…(le Monde) »

Ce sont les mêmes médias qui, lorsqu’ils évoquent le dictateur élu à Ramallah pour quatre ans en 2005, parlent toujours de ce Président, avec sympathie :

« L’Intifada diplomatique de Mahmoud Abbas contre le plan Trump (le Monde) »

(quiconque combat Trump est dans le camp des gentils),

« Mahmoud Abbas : le baroud d’honneur (le Monde). »

On ne reproche pas à ces organes militants leur parti-pris. En revanche, on s’offusque de ce que le gouvernement français qui, de droite ou de gauche, partage leurs valeurs, continue de les financer au titre de « l’aide à la presse » et non au motif qui se rapprocherait plus d’un de leurs principaux objectifs : l’aide « aux associations de soutien à des groupes terroristes étrangers. »

Le dictateur remet son titre en jeu au bout de 16 ans

Bien qu’ils n’aient jamais fait allusion à l’abus manifeste de pouvoir d’Abou Mazen, comme ils n’hésitent pas à l’appeler affectueusement, ni au fait que cet homme de paix salarie les tueurs de Juifs, les journagandistes français prennent fait et cause pour sa gouvernance et s’intéressent de près aux élections qu’il a annoncées pour mai 2021. De près, allegro ma non troppo, car il faut conserver la distance indispensable à une subjectivité bienveillante.

En effet, l’info tout court n’existe pas. Ces médias n’en distinguent que deux sortes : celles susceptibles de s’accorder à la ligne éditoriale et les in-faux.

Lorsque Facebook suspend les comptes d’un « groupe basé à Gaza et affilié au Hamas », parce qu’il se livre à des « opérations d’espionnage à motivation politique (i24news) », c’est de l’in-faux, donc on n’en parle pas. S’il s’était agi d’un groupe basé à Jérusalem ou à Tel-Aviv, quel régal pour les Unes !

Mais à Gaza, dans cette misérable prison à ciel ouvert, qui ne dénombre que 800 millionnaires et 1600 presque millionnaires sur ses deux millions d’habitants (Business AM), ce serait contre-productif :

« Tu ne veux pas faire le jeu de l’entité sioniste, Coco ? »

Coco ne veut surtout pas. « Entité sioniste » lui fait plus peur que Jack l’éventreur et plus horreur que Trump, c’est dire. Et puis la sécurité de l’emploi…

Sur Facebook, le renseignement palestinien espionnait des journalistes

Le 21 avril, Facebook a fait une annonce qui eût dû faire sauter en l’air tous les vrais démocrates (d’indignation) et tous les vrais palestinolâtres (de frustration).

Non seulement le Trombinoscope de Zuckerberg a fermé les comptes de braves gens occupés à purifier notre planète en la débarrassant des Juifs, mais il a, de surcroît, révélé qui étaient les propriétaires desdits comptes et la raison de la réaction facebookienne.

Qu’on se rassure, cette réaction n’a rien à voir avec la charte vouant l’État juif à la destruction, à laquelle ces internautes ont signé allégeance.

La Charte du Hamas, c’est un péché véniel.

« Le Hamas engage au jihad mené contre l’invasion sioniste » dit l’article 7. « Il n’y a rien de plus fort et de plus profond dans le patriotisme que le jihad qui, lorsque l’ennemi foule du pied la terre des Musulmans, incombe à tout Musulman et à toute Musulmane en tant qu’obligation religieuse individuelle ; la femme alors n’a pas besoin de la permission de son mari pour aller le combattre ni l’esclave celle de son maître »,

précise l’article 12 (Sénat). Ladite charte date de 1988. On appréciera la mention de l’exemption d’autorisation pour une femme ou un esclave : mention contemporaine témoin de l’état de cette société idyllique.

L’annonce de Facebook ne mentionnait pas la charte du Hamas, vu qu’aux yeux du réseau social, elle compte pour du Beur, seule la sienne ayant valeur contraignante.

« Le réseau social Facebook a accusé mercredi le service de renseignement intérieur de l’Autorité palestinienne d’utiliser sa plateforme pour espionner des journalistes, des militants des droits humains et des opposants politiques, précisant dans un rapport avoir pris des mesures, notamment la fermeture de comptes (BFMTV). »

La déontologie journagandistique est claire : assassiner des bébés colons est excusable, parce que ces colons, quel que soit leur âge, sont les cruels ennemis des vaillants combattants de la liberté. En revanche, espionner des opposants politiques, c’est pas beau, même si, soyons lucides, la plupart des États le font. C’est différent quand les espionnés sont des militants des droits humains : là, ça devient carrément criminel. Et quand ce sont des journalistes, ça relève de la peine capitale. Précédée du pal et de la roue.

Quand les faits sont indéniables, il est plus simple de ne pas les mentionner

Facebook prétend que le Service de sécurité préventive (PSS) de l’Autorité palestinienne ne s’est pas livré à une manœuvre involontaire : il a

« ciblé des journalistes, des opposants au gouvernement dirigé par le Fatah, des militants des droits humains et des groupes armés (Honestreporting) »,

à domicile (à Gaza), chez les frères ennemis (en Cisjordanie), chez les amis des frères ennemis (la Syrie) et partout où il y a des groupes que les Israéliens qualifient de « terroristes », mais que le vrai révolutionnaire sait reconnaître comme des alliés objectifs : en Turquie, en Irak, au Liban, en Libye.

Il est plus facile qu’on ne le croit d’espionner ses ennemis, surtout quand on est dans le camp des bons. Il existe « des logiciels malveillants peu sophistiqués déguisés en applications de messagerie sécurisées » qui servent à cela. Quand c’est pour un objectif commercial, cela s’appelle du phishing et les législateurs aux quatre coins du monde en ont encadré l’usage.

En revanche, quand il s’agit d’espionnage tout court, le champ des possibles n’a de limite que l’imagination des hackers. Alors quand une gentille ONG, joliment nommée Arid Viper (vipère australe) propose de publier « des articles liés aux droits humains », qui irait penser qu’il s’agit en réalité d’un service de renseignement palestinien ? Personne : les Palestiniens sont des êtres éthérés, ontologiquement innocents, qu’on ne peut associer dans la même phrase au vilain concept synonyme de Mossad dans l’esprit des lecteurs de Mediapart et du Monde.

Les faire choir de leur paradis idéologique serait cruel. Le journagandiste moyen (c’est-à-dire supérieur à toute autre catégorie socio-professionnelle) ne veut désespérer ni Billancourt ni Saint-Denis. Il a le cœur tendre, le journagandiste. Il garde les mauvaises nouvelles par devers lui, sacrifiant son propre moral à la sérénité de ses lecteurs.

Ceux qui ont cafté sont les vrais méchants

Au pays des droits de l’homme, on ne plaisante pas avec la sérénité des militants du bien. Nul n’évoque donc les infractions mineures commises à l’insu de leur plein gré par les autorités des territoires palestiniens, que ce soit l’Autorité palestinienne en Cisjordanie ou le Hamas à Gaza. Cela s’appelle la décence (en arabe : « hidjab »).

Le sens du sacrifice se perd : du (bon) temps de l’URSS, les communistes sincères préféraient avouer une trahison imaginaire sanctionnée par le Goulag plutôt que de faire le jeu des anticommunistes primaires. On cherche en vain leurs équivalents contemporains, parmi les pleutres qui pleurnichent à l’islamophobie dès qu’ils sont découverts dans la meute qui harcèle une lycéenne en ligne…

Hamasgate n’a pas le panache de ses prédécesseurs

Déjà, nulle Gorge Profonde ne s’est proposée d’informer quiconque sur l’espionnage systématique auquel se livre le Hamas sur le camp adverse.

Ensuite, si le Watergate a donné lieu à des films et à des kilomètres d’encre et de pellicule, si ses auteur ont obtenu le prestigieux Prix Pulitzer, le Hamasgate n’a rien à voir. Ses cafteurs ne seront même pas qualifiés de « lanceurs d’alerte ».

Les deux Palestine pourront continuer longtemps à s’espionner et à torturer les opposants dans leurs prisons respectives sans qu’aucun bien-pensant occidental ne leur adresse même un froncement de sourcils.

En 2018, Human Rights Watch a décrit la « lshabeh », dans un rapport de 149 pages relatant les témoignages de 147 victimes. Il s’agit d’une méthode de torture usuellement pratiquée dans les Palestine des deux flancs d’Israël. Personne, dans les pays où se multiplient les associations les associations de protection des droits légitimes du peuple palestinien n’en a entendu parler. Il faut dire que cette procédure, qui consiste à placer des heures durant, des détenus en tension dans des positions physiques douloureuses, mais qui laissent peu ou pas de traces sur le corps, n’est pas pratiquée par les Juifs. Or pour être considéré comme une victime, un Palestinien doit avoir un bourreau israélien, réel ou fantasmatique. Quand ce sont les autorités palestiniennes elles-mêmes qui tiennent la Kalatch ou le fouet, il n’y a pas de coupable, donc pas de victime, circulez, y a rien à croire.

The Sounds of Silence

Il en va de même pour l’espionnage pratiqué par le Hamas : le Times of Israel en a parlé, comme I24News et plusieurs sites juifs français.

Pour l’apprendre, les Français non philosémites avaient le choix entre BFMTV, le site canadien du quotidien La presseFrancenewslive.com (un site sur l’actualité française vue par des étrangers) ou VL Media, un site axé tendances. Ils pouvaient aussi lire les premières lignes de la dépêche AFP dans un article réservé aux abonnés de Mediapart et la dépêche intégrale sur Arab News.

On ne connaît pas l’audience en France de La Presse de Montreal, de Francenewslive.com ou de VL Media, mais on ne perdra sûrement pas l’argent de son goûter en pariant qu’elle est infime et qu’elle n’empêchera aucun palestinolâtre sincère de dormir.

Un autre sujet mobilise toutes les communautés juives dans le monde, c’est le quitus qui a été donné à l’assassin de Sarah Halimi et qui se traduit, aux yeux des coreligionnaires de feu cette médecin à la retraite, par une certitude d’impunité de leurs futurs assassins, s’ils fument un pétard avant de commettre leur crime.

Les mêmes médias silencieux devant l’infamie du Hamas sont également muets devant le déni de la justice française.

Ce n’est pas une surprise, ni un hasard, c’est une collusion logique entre alliés objectifs : ils adorent les mêmes assassins et haïssent leurs victimes.

Pour l’instant, leur silence est fort. Quand ils prendront la parole pour s’indigner de la mort de la prochaine victime juive, ce sera affligeant.

Le silence de ces pantouflards est pire que le bruit des Nike qui défilent au pas de la loi…

Liliane Messika, MABATIM.INFO

1 “Two Authorities, One Way, Zero Dissent,” rapport de Human Rights Watch, 2018

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