Il y a persécution et persécution, mais un seul apartheid

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Les faits sont têtus, heureusement, les médias encore plus

Illustration : le cimetière Bahaïs en Iran, totalement détruit !

Les chrétiens du Nigéria subissent un véritable génocide : toutes les deux heures, les islamistes en tuent un (Christian Solidarity International). Quand la presse en parle aux États-Unis, elle feint souvent d’ignorer qui sont les agresseurs (AP News). Pas en France : chez nous, ce sont les victimes qu’on ignore.

En Iran, les Bahaïs font l’objet d’arrestations injustifiées, de passages à tabac, de tortures, d’exécutions sommaires, de confiscation et de destruction de biens, de refus d’emploi, de barrage aux prestations gouvernementales, d’interdiction d’accès à des droits et libertés civils, ainsi qu’à l’enseignement supérieur (Fédération Internationale des Droits de l’Homme).

Cela ne fait pas un mot dans les médias français. Normal : les Français ne savent même pas que les Bahaïs existent, alors l’apartheid pratiqué contre eux n’intéresse personne.

Salon du Prêt-à-Penser 2022 : l’indémodable apartheid

Si l’on en croit les NUPES, le seul apartheid existant au monde est celui supposément pratiqué par Israël à l’encontre de ses citoyens arabes, dont un des partis politiques fait partie du gouvernement.

L’actualité, c’est aussi un article de Dominique Vidal dans L’Humanité daté du 1er août 2022, intitulé « L’apartheid israélien est gravé dans le marbre (l’Humanité) ».

Quand on a mauvais esprit (ou quand on s’informe ailleurs que dans L’Huma), on peut taper « Apartheid – Iran » sur Google. La seule mention disponible en français date de 2007. C’est, dans Le Figaro, une tribune signée par un opposant au régime des mollahs.

Pourtant, le 2 août 2022, l’Iran a annoncé avec fierté l’arrestation de membres de la religion Bahaïs sous l’inculpation officielle d’espionnage pour le petit Satan (Israël en VO, « entité sioniste » en VF@NUPES).

Un seul média mainstream français en parle. C’est Ouest France, qui précise que « En 2018, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution appelant Téhéran à mettre fin au « harcèlement » à « l’intimidation » et « aux arrestations et détentions arbitraires » des minorités religieuses et à libérer les bahaïs emprisonnés pour leur appartenance religieuse (Ouest France). »

Mais, que fait la police de la pensée ?

Son représentant officiel, Le Monde, a parlé à trois occasions des Bahaïs : deux fois en 1982, pour annoncer que, en Iran, « Tous les dirigeants (en avaient) été assassinés » et pour expliquer leur foi comme « un mondialisme tranquille ». Un autre article de 2020 rappelle cette religion de l’islam hétérodoxe, exonérant les ayatollahs d’être les uniques sujets de leur persécution : « La foi Bahaïs reste formellement interdite en Iran où ses fidèles sont persécutés, de même que dans d’autres pays tel le Yémen » (le Monde : 123). Culpabilité partagée est à moitié pardonnée et le mot apartheid n’apparaît nulle part, preuve s’il en fallait que cette accusation est déterminée par l’identité de l’accusé et non par les faits eux-mêmes…

C’est d’autant plus probant, que les Bahaïs, interdits de foi dans l’Iran de leur origine, ont trouvé refuge dans un pays où toutes les religions ont pignon sur rue : le seul au monde qui soit accusé d’apartheid. Cet asile est d’ailleurs ce qui « justifie » les persécutions : les « personnalités-clés de la religion Bahaïs » qui ont été arrêtées faisaient de l’espionnage pour le compte d’Israël. L’accusation des autorités de la République islamique d’Iran indique que « la cellule d’espionnage arrêtée s’est vue confier diverses tâches, notamment la diffusion à grande échelle de la religion Bahaïs et l’infiltration d’établissements d’enseignement en Iran » (Infos Israel News).

Pourquoi cet apartheid réel, qui correspond à la lettre à sa définition, est-il moins grave que l’apartheid imaginaire imputé à Israël, où tous les citoyens, de quelque couleur, origine et croyance qu’ils soient, sont égaux devant la loi ?

C’est une bonne question, vous avez bien fait de la poser.

Liliane Messika, MABATIM.INFO

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