Interview du rabbin Moché Lévin à propos du projet de normalisation avec les Emirats

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Illustration : le cheikh dirigeants les Emirats, Khalifa ben Zayed Al Nahyane

 

Ce matin parait une interview du rabbin Moché Lévin, du Raincy, à l’égard du projet de normalisation avec les Emirats arabes unis dans le quotidien orthodoxe Yated Nééman, sous le titre « J’espère que les compte-rendus positifs concernant la normalisation serviront à faire baisser l’antisémitisme à l’étranger ».

Un an et demi après que les Emirats aient reconnu de manière officielle le droit à une communauté juive à l’existence sur son territoire, les premiers pas d’une normalisation des relations avec l’Etat d’Israël ont été dévoilés hier. Le Yated Nééman a parlé avec le rav Moché Lévin, le conseiller du Grand rabbin de France, lequel était la personne qui a agi face au pouvoir des Emirats pour aider à l’installation de cette communauté juive sur son territoire et a été l’un des pionniers dans le domaine des relations du judaïsme européen et des pays musulmans. Il s’est déclaré ne pas être surpris de la concrétisation de ce projet, qui était en voie de réalisation ces dernières années.

« Cela fait deux ans et demi qu’un lien constant a été établi, ouvert et suivi, avec des notables importants des Emirats afin d’établir des relations inter-continentales ». Toutefois, selon le rav Levin, « Avant cela déjà des liens moins formels ont été établis, en particulier au courant des rencontres de Davos dans le domaine de l’économie, mais alors les contacts sont restés cachés. Voici deux ans et demi ces relations ont été dévoilées, et s’y sont ajoutées d’autres entités de la région, tels que le Bahrein et l’Arabie Saoudit avec lesquelles ont été signés des accords concernant la lutte contre l’antisémitisme et la sécurité des communautés juives ».

Le président-adjoint du comité rabbinique européen nous fait part d’un événement marquant dans le domaine des relations avec les EUA (Emirats unis arabes) : « J’ai effectué en janvier dernier une visite en Israël accompagnant le président Macron. A notre retour, nous nous sommes rendus à l’inauguration d’un monument souvenir des Juifs français de la Shoah. L’ambassadeur des Emirats a pris contact avec moi, disant qu’il voulait être présent à cette cérémonie. Il s’agissait d’une petite cérémonie, sans grand monde, mais il tenait à venir et à y participer. A la fin, il voulut une photo avec moi, sur le fond du mur où apparaissent les noms des victimes de la Shoah.

« Hier soir, nous avons parlé, et il m’a fait part de sa joie du fait que ces relations sont dorénavant officielles et publiques. Il a aussi fixé une date pour un repas cachère pour fêter cela et m’a demandé de transmettre son invitation au Grand rabbin de France. C’est un grand honneur pour moi, a précisé l’ambassadeur », a raconté rav Levin.

En ce qui concerne les effets possibles de cette nouvelle, le rav Levin a déclaré qu’en général, « quand il se passe chose en Terre sainte, les Juifs des communautés de l’étranger en souffrent. Là nous espérons que les conséquences seront positives sur le niveau de l’antisémitisme qui règne actuellement à l’étranger, la faisant baisser d’intensité ».

Qu’en est-il de la communauté juive des Emirats ? Le rav Levin parle d’un projet à Abou Dabi de la construction d’un grand centre inter-religieux, qui va porter le nom de « famille d’Avraham » au centre de la ville, lequel sera terminé en 2022. On pourra y trouver une synagogue, en un bâtiment séparé. « Mais on trouve déjà une synagogue dans une villa privée, et nous sommes en contact avec la communauté locale. » Il précise avoir reçu des réactions enthousiastes d’autres notables, en particulier de Barein, d’Arabie Saoudith et de Oman, laissant entrevoir d’autres développements avec ces pays dans un proche avenir, peut-être immédiat.

Des média en France lui ont demandé ce qui, finalement, a permis de briser la vitre qui subsistait, Trump ou Netaniahou ? « Je leur ai répondu que cela n’est pas sans raison qu’ils ont préféré appeler ces accords « Accords d’Avraham », car cela donne à ces relations une force bien plus importante que si elles étaient reliées à tel ou tel nom de politicien ».

Au Barhein, il y a une petite communauté juive forte de 37 personnes en tout. « On y trouve une synagogue, qui n’est pas fréquentée. Mais le roi et sa cour sont intéressés à aider à construire une vie juive dans leur pays », ajoute rav Levin.

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