Israël permet l’évacuation sauvetage de Casques blancs syriens vers la Jordanie

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INFOGRAPHIE – Plusieurs centaines de secouristes opérant en zone rebelle, dont la vie était menacée par le régime Assad, ont été sauvés.

À Jérusalem

D’accord pour une opération de secours ponctuelle, mais pas question d’ouvrir la frontière à des milliers de réfugiés syriens, Israël applique à la lettre ces préceptes. Dans la nuit de samedi à dimanche, 800 Casques blancs syriens et leurs familles menacés de mort par le régime de Bachar al-Assad ont transité par le territoire israélien pour se réfugier en Jordanie.

Ces secouristes bénévoles ont sauvé des milliers de victimes de bombardements de l’armée syrienne et de l’aviation russe. Plus de 250 d’entre eux ont été tués en cinq ans. Ils ont acquis une notoriété internationale grâce à des vidéos où on les voit extraire, au péril de leur vie, des décombres de maisons bombardées par l’armée syrienne et l’aviation russe des survivants et de surtout de nombreux enfants.

Ce sacerdoce n’est pas du goût du président syrien et de Moscou, qui accusent ces témoins gênants d’avoir partie liée avec al-Qaida.

Encerclés par l’avancée de l’armée de Bachar el-Assad dans le sud de la Syrie, leur sécurité ou même leur vie ne tenait plus qu’à un fil. À la demande pressante des Américains et des Européens, Benyamin Netanyahou a consenti à ce qu’ils transitent par la partie du plateau du Golan contrôlée par Israël.

L’opération a été menée de nuit dans le plus grand secret. Les Casques blancs, dont les identités ont été soigneusement vérifiées de crainte d’infiltrations d’islamistes, ont été embarqués à bord d’autobus qui les ont transportés vers la frontière de la Jordanie, où ils sont désormais en transit avant leur départ pour les États-Unis, le Canada et l’Allemagne.

Opération «Bon Voisinage»

Mais histoire de bien mettre les points sur les «i», l’armée israélienne a souligné le caractère tout à fait «exceptionnel» de cette opération «humanitaire». Une manière de bien faire comprendre qu’il ne s’agit en aucun cas d’un précédent susceptible de donner le moindre espoir aux milliers de Syriens fuyant l’armée syrienne installés depuis quelques semaines dans des campements de fortune à proximité des lignes israéliennes.

Au début du mois, 200 d’entre eux ont tenté de s’approcher de la ligne de démarcation en agitant des drapeaux blancs pour demander à pouvoir passer en Israël. Un officier leur a ordonné à l’aide d’un mégaphone de rebrousser chemin immédiatement.

Sur le plan diplomatique, le premier ministre entend maintenir fermement le cap sur la politique officielle de « non-intervention » dans la guerre civile syrienne

Benyamin Netanyahou ne manque jamais une occasion de vanter l’assistance médicale fournie par son pays depuis juin 2016 à des milliers de blessés syriens soignés dans des hôpitaux israéliens (NDLR : Au fait, pourquoi pas ?). L’armée israélienne a également fourni des milliers de tonnes de nourriture, de fuel, de médicaments, de couvertures.

Mais cette opération baptisée «Bon Voisinage» a été organisée à la condition expresse que les réfugiés restent dans leur pays. Objectif: empêcher qu’Israël ne soit submergé par un afflux de Syriens, comme cela a été le cas pour la Jordanie où leur nombre dépasserait le million.

Sur le plan diplomatique, le premier ministre entend maintenir fermement le cap sur la politique officielle de «non-intervention» dans la guerre civile syrienne, histoire de ne pas mécontenter Vladimir Poutine, l’homme fort de la région. Israël s’est résigné à voir Bachar el-Assad, allié de Moscou, reprendre le contrôle de son pays et ne souhaite pas créer un motif de tension jugé superflu avec le président syrien, quelles que soient les exactions que son régime ait pu commettre.

La priorité est de le convaincre, ainsi que le président russe, d’empêcher l’Iran, l’ennemi numéro un, de s’implanter militairement en Syrie et de menacer ainsi la sécurité d’Israël. Les réfugiés font peu de poids face à ce scénario catastrophe.

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