Pour Jacques Attali, l’antisémitisme en France est un « non-problème »

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« Ce n’est pas un problème au niveau national. C’est un mensonge. Je pense qu’il s’agit de propagande, de propagande israélienne », assure M. Attali, récusant l’idée d’une immigration massive des juifs de France vers Israël.

« Zéro, bullshit, peanuts » : est-il besoin de traduire en bon français les propos de Jacques Attali qualifiant dans le journal israélien Haaretz du 16 octobre l’ampleur de l’antisémitisme en France ? Au cours de cet entretien, l’ancien conseiller de François Mitterrand s’agace de l’insistance du journaliste à l’entreprendre sur un sujet qu’il considère pour sa part comme un « non-problème ».

« Ce n’est pas un problème au niveau national. C’est un mensonge. Je pense qu’il s’agit de propagande, de propagande israélienne », assure M. Attali, récusant l’idée d’une immigration massive des juifs de France vers Israël. « Des Juifs français achètent des appartements en Israël comme des Anglais achètent une maison dans le sud de la France, pour les vacances. »

Ces propos, confirmés par M. Attali, ont « choqué » l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) qui, avec le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), veille à la dénonciation de tout acte antisémite. « S’il est important de dire que la France n’est pas antisémite, nous considérons que l’antisémitisme est un problème. Nous allons lui proposer de rencontrer des victimes d’antisémitisme« , nous a déclaré Arielle Schwab, la nouvelle présidente de l’association étudiante, qui devrait croiser M. Attali cette semaine lors d’un colloque à Jérusalem.

Celui que le journal israélien présente comme « un intellectuel juif français arrivé d’Algérie à l’âge de 12 ans » insiste : « Ces dix dernières années, les Israéliens se sont installés dans une sorte d’auto-conviction que la situation en France est un désastre. C’est une propagande très dangereuse. C’est ridicule. Je suis un exemple que cela n’est pas vrai. Je suis parti de rien et j’y suis arrivé », défend M. Attali, aujourd’hui président de PlaNet Finance, une organisation à but non lucratif développant le microcrédit.

« Survie d’Israël »

En 2004, il mettait en avant « un antisémitisme déchaîné », Ariel Sharon, alors premier ministre israélien, lequel avait appelé les Juifs français à immigrer en Israël. Après une hausse observée au début des années 2000, le nombre de Français faisant leur aliya est stable, voire en légère baisse. S’établissant aux environs de 2 000 personnes par an (dont une grande partie de retraités et d’étudiants), ce chiffre ne prend pas en compte les retours.

Décidément en porte-à-faux avec une opinion répandue dans la communauté juive française, M. Attali rejette également l’idée d’un « antisémitisme musulman » en France. « Bien sûr qu’ils sont contre la politique israélienne dans les territoires (palestiniens occupés). Bien sûr, que vous ne pouvez pas dire qu’il n’y a aucun problème. Mais ce n’est pas un problème politique. »

Enfin, au risque de choquer l’orthodoxie juive, M. Attali défend l’idée de faciliter les conversions au judaïsme. « La survie d’Israël nécessite 200 millions de Juifs à travers le monde« , juge-t-il. Ils sont aujourd’hui quelque 13 millions.

Stéphanie Le Bars

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