La base iranienne d’Imam Ali, clé de l’influence iranienne

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La base iranienne d’Imam Ali est la clé de la boucle d’influence de Soleimani sur l’Irak et la Syrie

La base couvre environ 20 kilomètres carrés de terrain. Cette zone de la frontière, passage clé entre l’Irak et la Syrie près du fleuve Euphrate, était autrefois détenue par l’Etat islamique de 2014 à 2017

L’Iran a construit une nouvelle base près d’Albukamal en Syrie, près de la frontière irakienne, selon des images satellites publiées par Image Sat International au cours des derniers mois, qui ont également montré l’expansion continue des divers secteurs de la base.

La base fait maintenant clairement partie d’un réseau beaucoup plus large d’influence iranienne à travers l’Irak et la Syrie qui est sous les projecteurs, alors que l’Iran déplace des missiles balistiques en Irak et que des milices soutenues par l’Iran tirent des roquettes sur des bases abritant des forces américaines. Un examen de la zone montre que la nouvelle base dispose de 30 km de routes internes et est reliée à la base stratégique T-4 à 290 km à l’ouest via des routes désertiques.

La base de l’Imam Ali s’est élevée comme un mirage du désert au cours des derniers mois. Il n’y a pas si longtemps, cette région terrestre, qui couvre environ 20 kilomètres carrés, n’était que des dunes sur un paysage sec.

Cette zone de la frontière, passage clé entre l’Irak et la Syrie près du fleuve Euphrate, était autrefois détenue par l’Etat islamique de 2014 à 2017. Les forces irakiennes venant de l’est et les forces du régime syrien de l’ouest ont repris cette zone en 2017. En 2018 un groupe de milices chiites dirigées par le Kataib Hezbollah est passé d’Irak en Syrie pour renforcer les unités du régime syrien. Le régime était faible et ne disposait pas de suffisamment de forces pour contrôler les zones autour d’Albukamal. Les milices irakiennes devaient les y aider. Mais, en réalité, leur  intérêt résidait uniquement dans le contrôle assumé pour Soleimani et l’Iran.

Ces milices du KH, dirigées par Abu Mahdi al-Muhandis, se sont installées dans une grande villa près de la frontière et à environ cinq kilomètres d’Albukamal. Muhandis est un vieil allié du CGRI en Irak, un maillon clé du réseau d’influence iranien en Irak. Il est proche de Qasem Soleimani, le chef de la Force Quds de l’IRGC. En tant que telle, sa milice pourrait jouer un triple rôle à la frontière : elle aiderait l’Irak à sécuriser la zone car le KH fait partie des Forces de mobilisation populaire et fait donc partie d’un groupe paramilitaire officiel de l’Irak ; il étendrait également l’influence de la milice chiite au nord vers Deir Ezzor; et il pourrait aider l’Iran à prendre le contrôle de la zone frontalière essentielle à son dispositif “d’autoroute vers la Syrie et le Liban”, donc le flan Nord-Est d’Israël.

Le bastion du KH (Kataïb Hezbollah) a été frappé par une frappe aérienne en 2018. À cette époque, la région est passée d’un havre destinées aux milices pour devenir un rouage dans une plus grande roue motrice de l’influence iranienne. Bientôt, des entrepôts sortaient du désert. À l’été 2019, ces entrepôts étaient regroupés en huit zones, comme le révèlent les images ISI et les reportages de Fox News. Dans le même temps, l’Iran déplaçait des missiles balistiques en Irak depuis août 2018, selon des informations. Ces missiles continueraient de couler à flots continus jusqu’à ce que certains des entrepôts où ils se trouvaient soient pulvérisés par des frappes aériennes en juillet et août. Au moment même où les transferts d’armes de l’Iran aux milices pro-iraniennes en Irak étaient attaqués par des frappes aériennes, que l’Irak imputait à Israël, l’Iran a commencé à accroître son rôle à Albukamal.

La façon dont la base de l’Imam Ali a été construite ne la fait pas ressembler à une base normale. Elle n’a pas de caserne ni même de route pavée. Au lieu de cela, elle a été construite comme un tas d’entrepôts, pour se fondre dans le paysage et devenir accessible par des chemins de terre qui vont vers les dépôts ferroviaires près de la frontière. Les routes vers l’accès à une voie ferrée étaient, ici, inactives et étaient en cours de réfection. Cette ligne s’étend au nord jusqu’à Deir Ezzor. Une route différente se dirige vers un aérodrome isolé, appelé T-2 à environ 60 km à l’ouest. Poursuivant ensuite la route sur 126 km, elle relie l’une à l’autre une petite base du régime syrien appelée T-3. Après cela, la dernière étape du voyage allant de la base imam Ali vers une installation iranienne-clé se situe à 93 km, qui conduisent à la base T-4, l’aéroport militaire de Tiyas.

C’est ici à la base T-4 que l’Iran a des hangars, des bunkers et une installation de drones. Des avions iraniens, dont un vol hebdomadaire assuré par un plan de livraison par Ilyushin-76, atterrissent à Tiyas et déchargent des cargaisons pour l’Iran et son allié du régime syrien. Parfois, cette route aérienne comprend le gigantesque Boeing 747 de Qeshm Fars Air. Ces vols font partie du pont aérien iranien vers la Syrie. En février 2018, un drone lancé depuis Tiyas a pénétré l’espace aérien israélien durant une minute trente avant d’être abattu.

Les drones ne représentent qu’une partie des installations de Tiyas. Le Centre d’études stratégiques et internationales a publié un rapport en juillet qui montre la portée et la proximité du travail de l’Iran sur le site avec le rôle qu’y jouent les Russes.

“Il met en évidence ce que nous estimons être le mouvement iranien d’armes, d’autres matériels et de personnel vers la Syrie, en pleine connaissance de cause et avec le soutien de Moscou”, indique le rapport. «La Russie a un rôle sensible car elle est consciente de l’opposition israélienne à ce que fait l’Iran en Syrie

LA BASE AÉRIENNE DE TIYAS est reliée à la base Imam Ali par la route du désert. Elle fait également partie du même rouage des principaux centres d’opérations iraniens en Syrie et en Irak. C’est ainsi que les armes parviennent aux groupes pro-iraniens, que ce soit le Hezbollah ou d’autres milices ou le régime syrien. Des Iraniens et des milices pro-iraniennes sont présents. Nous le savons parce que certains d’entre eux ont été tués. Reuters a noté que quatre Iraniens ont été tués lors d’une frappe aérienne en avril à Tiyas. Ynet a affirmé que l’attaque avait touché le système de défense aérienne de Khordad n° 3 que l’Iran avait déchargé.

Des rumeurs circulent dans les médias russes. Des Su-35 russes auraient tenté d’empêcher des frappes aériennes sur la base du T-4 et concernent aussi la possibilité que la défense aérienne Bavar-373 en provenance d’Iran y ait été déplacée. L’imagerie satellite du 8 décembre a montré un avion cargo sur le tarmac de Tiyas avec une cargaison de défense aérienne présumée.

L’Iran dit ouvertement qu’il veut détruire Israël, et Hossein Salami, chef du CGRI, a déclaré que la destruction d’Israël n’est plus seulement un rêve mais un objectif réalisable. Il a fait ces commentaires en septembre, date centrale car huit entrepôts de la base d’Imam Ali ont été détruits le 9 septembre lors d’une frappe aérienne. De plus, l’Irak et la Syrie ont officiellement rouvert le point de passage Albukama-Al-Qaim le 30 septembre. La Russie affirme qu’Israël a effectué une frappe aérienne à Albukamal le 18 novembre.

Maintenant, les dernières nouvelles de l’imam Ali sont que de nouveaux tunnels sont en construction, selon Fox News, qui a recueilli des sources de renseignement occidentales et des images satellite d’ISI. L’Iran est en train de creuser. Il veut cacher ses entrepôts sous des murs de sable (bermes), de la terre et des tunnels. Il y a plus de 30 km de routes qui les relient maintenant. Cette zone désertique, autrefois calme, de dunes et d’oueds secs est en plein essor. C’est également une clé des plans de l’Iran, alors qu’il cherche à faire pression sur les États-Unis en Irak et à poursuivre ses livraisons d’armes à ses alliés en Syrie.

La base Imam Ali est à la fois une station de triage sur une route de conquête et un moyen d’exercer une influence sur un passage de la frontière iranienne (contrôlé par l’Iran), près du passage frontalier civil officiel. L’Iran espère sortir de 2019 avec une présence physique à la frontière. Il utilise à la fois la route terrestre et aérienne et il sait qu’il est surveillé sur les deux axes. Mais il pense que le volume d’activité ne peut pas et ne sera pas empêché en totalité. C’est pourquoi il étend le nombre de nœuds et d’axes qui composent son réseau de puissance à travers la région.

jpost.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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