La parole n’est pas à Eric Zemmour

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Grande_Synagogue_de_la_Victoire

La grande synagogue de Paris critiquée pour avoir laissé la parole à Eric Zemmour

Le président du Crif, Francis Kalifat, a émis des critiques contre les responsables de la grande synagogue de Paris pour avoir invité Eric Zemmour à participer, le mois dernier, à un débat sur la responsabilité de Vichy pendant la seconde guerre mondiale.

Lors du débat, Zemmour est en effet revenu sur sa thèse selon laquelle Vichy « avait passé un accord avec le diable, s’engageant à emprisonner les Juifs de nationalité étrangère ou, du moins, à seconder leur rafle afin de sauver les Juifs français ». Pour preuve, assure-t-il, le fait que des partisans fascistes auraient accusé le gouvernement Vichy d’avoir laissé la vie sauve à plusieurs Juifs français.

On se souvient qu’avec la publication de son livre « Le Suicide français » paru il y a bientôt deux ans, Eric Zemmour s’attaquait à l’historien américain Robert O. Paxton, professeur émérite d’histoire à la Columbia University (New York), et à l’analyse absolutiste qu’il avait donnée du régime de Vichy dans son enquête de 1972 intitulée « La France de Vichy » (éd. Seuil) – « Vichy France : Old Guard and New Order ».

Dans son attaque des thèses de Paxton, Zemmour s’était fondé sur la thèse qu’Alain Michel avait exposée en 2012 dans son « Enquête sur le paradoxe français : Vichy et la Shoah ». A son propos, Zemmour écrit : « Il reprend, en l’étayant, l’intuition des premiers historiens du vichysme, et montre comment un pouvoir antisémite, cherchant à limiter l’influence juive sur la société par un statut des juifs inique, infâme et cruel, et obsédé par le départ des juifs étrangers – pour l’Amérique, pense d’abord Laval qui, devant le refus des Américains, accepte de les envoyer à l’Est, comme le lui affirment alors les Allemands –, réussit à sauver les « vieux Israélites français ». »

Le 18 octobre 2014, Robert Paxton, avait répondu dans un article publié dans la presse : « Il est difficile de croire que Zemmour a véritablement lu les statuts de Vichy concernant les Juifs. Aucune « préférence nationale » n’y apparaît. Toutes les mesures de Vichy concernant les Juifs visaient autant les citoyens français que les immigrés, mise à part celle du 4 octobre 1940 ordonnant l’internement des « ressortissants étrangers de race juive ». Certaines dispositions, il est vrai, furent prises afin d’exempter les vétérans de guerre et les Juifs qui avaient rendu à la France des services particuliers (qui n’étaient pas nécessairement citoyens français), ainsi que des familles installées dans l’Hexagone depuis cinq générations. Dans les faits, toutefois, peu de personnes bénéficièrent de ces exemptions, et il arriva que certaines d’entre elles finissent par être déportées… »

En voulant faire du gouvernement de Vichy un Faust ayant vendu son âme pour le libérer de sa responsabilité, on ne voit pas très bien ce que Zemmour cherche à faire. Veut-il vraiment s’exposer un peu plus aux feux de la rampe médiatique sans se soucier des risques de brûlure, ou bien recherche-t-il sa propre âme, tout simplement… Mais peut-être ne s’agit-t-il qu’une seule et même intention ?

Allez, Eric Zemmour, encore un petit effort !

2 Commentaires

  1. Les propos de Paxton du 18/10/2014, que vous évoquez, pourraient relever de la mauvaise foi : toutes les exactions menées par les gouvernements français et allemands de cette époque à l’encontre des Juifs pendant cette période étaient elles consignées ? Loin s’en faut. Diviser [les Juifs ici] pour régner [ie les détruire plus surement] était une pratique courante.
    Il est regrettable que cet article prennent parti, parti pour les Juifs « de souche » alors que leur mépris à l’encontre des Juis de l’est est notoire encore aujourd’hui.

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