La particularité de Bené Brak, et autres agglomérations orthodoxes

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La présente période, avec ce qu’elle a de délicat et d’innovant, permet à certains, par méconnaissance ou par méchanceté, de s’en prendre au public orthodoxe. On ira même l’accuser de tous les maux, ce qui, de nos jours, renvoit directement à l’épidémie dont le peuple entier souffre. Quel plaisir de trouver un bouc émissaire !

‘Hayim Walder, publiciste dans le Yated Nééman, trace un tableau intelligent du public orthodoxe et de ses particularités, qu’il nous a semblé intéressant de rapporter ici.

Commençons par les éléments moins sympathiques.

Aucun doute que les orthodoxes prennent des coups très durs de la part du virus qui se propage actuellement, proportiellement plus que le reste de la population.

Deux raisons principales à cela :

La scène principale est toutefois positive. La conduite de vie orthodoxe est caractérisée par une vie en communauté, qui la distingue radicalement de l’individualisme total qui règne dans les autres tranches du public. Quand tout tourne normalement, le ‘harédi rencontre au moins vingt personnes chaque jour. Je parle du minimum, à savoir les âmes qui composent sa famille et le quorum des dix personnes nécessaires pour avoir un minian. En général, c’est de bien plus de personnes qu’il s’agit, car la plupart des offices sont suivis par des dizaines et des dizaines de fidèles, plutôt cinquante que dix. Et je ne parle pas du travail, de l’épicerie, de la personne avec laquelle on étudie, des rencontres du fait d’un Chalom zakhor (à l’occasion de la naissance d’un garçon, le vendredi soir), de mariages, de bar mitsvoth, de cours de  Tora, de Tisch, et j’en passe.

De même, un immeuble de 12 étages habités par un public non religieux comprend au maximum 36 âmes. Prenez le même immeuble, installez-y un public orthodoxe, vous arriverez automatiquement à une population très minimale de 96 âmes…

Quand on parle de changer d’habitudes de vie, de passer de a à grand B, cela prend aux gens des années pour y parvenir, et en vérité, qui comme moi (un pédagogue connu) sait que même toute une vie est insuffisante pour arriver à un tel résultat. Malgré cela, un changement s’est établi, pratiquement inhumain, et pourtant il s’est produit en un laps de temps très réduit.

A ce titre, le public orthodoxe est au contraire très louable : il est parvenu à se passer d’éléments essentiels de sa vie, pratiquement ressentis comme « plutôt se faire tuer que de transgresser » – je dis bien sur le plan sentimental, pas sur celui de la Halakha. Dire aux gens de ne pas se rendre à la synagogue pour prier, de ne se pas se rendre au mikvé ou au Tisch le vendredi soir, ne pas aller réjouir un ‘hatan pour son mariage ou à rendre les derniers hommages à une personne décédée de son entourage ou de sa famille, c’est ce que l’on désigne dans nos ouvrages saints « un décret que la majorité du public ne peut pas supporter », et, malgré cela, notre public a accepté ces restrictions, et il mérite un très grand respect à cet égard, et pas le contraire.

Un point de plus : si l’on va m’opposer le fait que le public non religieux se prive également de nombre de choses, comme du sport, des concerts et des festivals. C’est juste. Mais que répondra le laïc moyen si on lui disait de se séparer également de son iphone ? Cela lui sera fort difficile de le faire, quand certains risquent même de dire : « Dès lors, à quoi bon vivre ! »

La plupart des orthodoxes n’ont pas de téléphones modernes, et certainement pas de liens avec les réseaux sociaux et autres, pour leur faire passer le temps. D’un autre côté, les offices, la lecture de la Tora et l’étude sont des éléments qui représent pour les membres de la communauté orthodoxes un apport d’oxygène dont on ne peut se passer, ce qui nous permet de comprendre mieux la difficulté qu’a rencontré ce public face aux décisions prises.

Je pense à mon grand-père, qui, tant qu’il était en mesure de descendre pour aller prier en minian, a tenu le coup. Pourtant, la distance était grande. Dans les dix dernières années, il déployait d’immenses efforts pour s’y rendre, et restait sur place toute la matinée à étudier la Tora. Mais quand cela devint impossible, il exprima que la vie n’avait plus de sens pour lui…

La période que nous vivons n’est pas évidente, et la haine entre les gens a tendance, dans certains milieux, à augmenter. Pourtant le conseil à suivre est celui du verset (Chemouel/Samuel II,10,12) :  » Sois fort, soyons forts, pour notre peuple et pour les villes de notre D’, et que le Seigneur agisse selon Sa volonté ! »

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