La petite goutte qui fait naître la lumière

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Autour de la table de Chabbat n°319 Tétsavé

Notre paracha suit celle de la semaine dernière, « Terouma », qui a traité de la construction du Sanctuaire dans le désert. Cette fois, la majorité de notre section nous enseignera les différents habits des Cohanim (prêtres) ainsi que des sacrifices qu’ils ont offerts en vue de servir au Temple. Seulement au tout début, il est question d’une Mitsva particulière : l’allumage du Candélabre/Menora. Ce Candélabre était fait d’or massif, fait de 7 branches (une centrale et 3 de chaque cotés). Tous les soirs de la semaine, un Cohen s’approchait de l’ustensile saint qui se trouvait dans le HékHal (le Sanctuaire), il remplissait les godets d’huiles consacrés, il plaçait de nouvelles mèches et procédait à l’allumage. Ce service était perpétuel.

Le verset indique que toute huile n’était pas apte pour l’allumage. Il fallait une huile particulière. Cueillir les olives de la partie supérieur de l’arbre (les plus mures, grâce à l’ensoleillement constant), puis les écraser à la main. La première goutte qui en sortait était apte pour l’allumage (car sans aucun déchet). Le reste des olives était transvasé dans un pressoir, et l’huile qui en sortait, cette fois moins pure, était apte aux Mena’hoth, offrandes à base de farine mélangée avec l’huile. Le commentaire Malbim, enseigne que la Menora et son allumage font allusion à la Tora orale. Cette lumière qui émanait du Candélabre symbolisait la pureté de l’étude qui vient éclairer le monde. Cependant le Midrash Tanhouma (« Behalothékha »), rapporté par Rachi dans la parachath Terouma, explique que Moché Rabénou ne comprenait pas comment fabriquer la Menora. Hachem lui montra dans une vision la forme du Candélabre et lui ordonna de jeter un Kikar d’or dans un creuset  c’est à dire,plusieurs dizaines de kilos d’or dans le feu. Et par miracle, la Menora se forma d’elle-même !

C’est ce qu’enseigne le verset : « Tu feras la Menora en or pur d’une seule pièce, elle SE fera, la Menora ». Le Sefat Émet, un des premiers Admour de la ‘hassidout « Gour », une ville de Pologne où s’est développée une des plus importantes cours hassidiques, pose la question : pourquoi le Créateur a-t-Il eut besoin de montrer à Moché au départ la vision de la Menora pour savoir comment la faire si finalement elle s’est faite, par miracle, d’elle-même ?

Le rav apprend de là un principe : un homme doit s’efforcer de faire les Mitsvoth mais leurs réalisations finales ne viendront qu’avec l’aide du Ciel ! C’est que le Créateur voit les efforts de chacun et seulement après tout son labeur, Il le gratifiera de son accomplissement par exemple les parents dévoués devront s’efforcer d’éduquer leurs enfants dans les chemins de la droiture, des Mitsvoth et de la Tora… Seulement le résultat est dans les mains de D’.

Comme le dit la Guemara de Chabbat 104 : « Si une personne cherche à se purifier, elle sera aidée du Ciel ! » Une petite anecdote pourra illustrer ce principe : il s’agit du frère de rabbi ‘Haïm de Volozhin, le Roch Yechiva de la ville de Volozhin, première Yechiva qui exista en Europe dans la fin du 18° siècle, qui s’appelait rav Zalman. Il était connu comme un très grand talmid, assidu dans la Tora. A son sujet il est rapporté qu’il connaissait la Tora ENTIÈREMENT sur le bout des doigts depuis Aleph jusqu’à Tav !

Il avait alors 14 ans et étudiait dans le Beth Hamidrach lorsqu’un homme est venu à côté de lui. Il développa un exposé en Tora sur le traité Demaï qui enseigne des lois des prélèvements des récoltes des gens ignorants.

 Le jeune Zalman vit que notre homme ne maîtrisait visiblement pas son sujet, de plus il avait un fort désagréable bégaiement. Le jeune Zalman lui dit, de manière assez désinvolte, que son discours ressemblait à ces fruits qui n’ont pas été bien prélevés !

Sur ce, notre homme qui le prit mal, sorti tout honteux de la Yechiva.

Rav Zalman fut pris de grands remords. Il savait que Yom Kippour expie les fautes vis-à-vis de Hachem, mais pas celles vis-à-vis de son prochain tant que celui-ci ne lui accorde pas son pardon ! Il prit la décision de le retrouver coûte que coûte. Il le rechercha dans tous les Batés Midrachoth ainsi que des synagogues de la ville, en vain.

Sa recherche dura des mois et son moral était au plus bas.

Jusqu’à ce que son beau-père, à l’époque les gens se mariaient très tôt, lui envoie un homme qui se fit passer pour notre quidam afin de le pardonner ! Le jeune rav Zalman devina le subterfuge et son mal allait en grandissant presque à en être brisé !

Sur ce, comprenant le danger de la situation le Gaon Eliahou de Vilna (la sommité de la Tora de l’époque, qui était aussi le rav du Rabbi Haim de Volozhin le fit appeler pour le raisonner. Il lui rapporta un verset de Tehilim 37 : « Le mécréant scrute le Tsadik et cherche à le tuer, si Hachem ne l’aidait pas (le Tsadik) il ne pourrait rien contre lui »

Les Sages dans la Guemara de Soucca (52) enseignent de ce verset que l’impie dont il s’agit ici, c’est notre Yetser Hara’ qui fait tout pour tuer le « Tsadik » qui est en nous.

La fin du verset nous apprend que sans l’aide Divine on ne pourrait rien contre lui, car il est tellement fort ! Le Gaon continua et expliqua que les Sages nous dévoilent que l’homme combat son Yetser grâce à son âme et ses forces spirituelles.

Malgré tout, la besogne ne sera achevée qu’avec l’aide du Ciel.

Hachem examine les pensées et le cœur de l’homme et s’il voit que l’individu fait TOUS ses efforts alors le Ciel finira le travail.

Sans cela, il n’y aura pas d’aide ! Le gaon dit ainsi : « Mon frère, tu as fait tous les efforts imaginables pour rechercher cette personne, en vain. Tu n’as plus à te lamenter, car il existe beaucoup de cheminements pour le Créateur afin d’amener cette personne à te pardonner». Les livres saints disent que dans des cas similaires Hachem fera monter des sentiments de PARDON chez la personne et il arrivera jusqu’à t’aimer et te pardonner de tout son cœur !

Comme le verset dans les Proverbes de Chelomo le dit : « Celui qui va dans les sentiers de Hachem, même ses ennemis feront la PAIX avec lui ! ».

Ce n’est qu’à ce moment-là que rav Zalman reçut le réconfort grâce aux paroles du Gaon.

Pour éclairer les chemins de la vie…

Cette semaine je vous rapporterai un récit que je viens d’entendre d’un cours-audio donné par le rav Yitzhak Fanger Chlita. Cet homme est connu en Erets Israël et jusqu’en Amérique comme un grand conférencier formidable. Le rav donne tous les matins en Terre Sainte un cours très intéressant transmis sur les ondes de radio Ko Haï -93fm- de 9 heures à 9h30. Il a à son actif des milliers de cours audio-visuels de haut niveau et toujours très intéressants. Il est possible qu’une partie soit disponible en anglais… A conseiller vivement à tous mes lecteurs… Peut-être qu’il existe déjà une version traduite en français…. Ce rav conférencier en Israël a entendu ce récit lors d’un récent voyage qu’il a effectué aux USA. Il rapporte qu’il a rencontré un homme investi dans la communauté juive américaine et lui raconta : » Cette véritable histoire remonte à près de trente années. Il s’agit d’une dame de la communauté, Melle Claire Cheiner ‘aléa haChalom. Cette dame ne s’est jamais mariée. Les années passèrent, trente ans, quarante ans et jusqu’à cinquante ans, elle restait seule. Elle décida alors d’adopter un enfant de la communauté. Seulement elle voulait faire cette Mitsva d’adoption avec un enfant particulier. Elle était prête à adopter un enfant avec des problèmes génétiques. Dans le même temps, une famille ‘hassidique de la ville mis au monde un bébé avec beaucoup de complications (Lo Alénou). C’était un enfant autiste, que D’ nous en préserve, et avec d’autres problèmes. Or, à la naissance de l’enfant, la famille d’origine se rendit compte de l’immense difficulté pour s’en occuper, certainement qu’ils avaient déjà une grande famille, ils pensèrent donc qu’ils n’avaient pas les forces physiques et mentales pour l’élever .Au même moment les services sociaux de l’hôpital ont été contactés par cette Claire Cheiner à la recherche d’un enfant à problème. Le service se tourna vers les parents éprouvés afin de leurs soumettre la possibilité de l’adoption. Les parents se concertèrent et au final acceptèrent de se séparer de leur enfant. Et ce petit enfant fut conduit dans la maison de Claire. Cette dernière deviendra une vraie maman pour cet enfant. Elle fera tout pour lui : l’amènera dans les différents centres de soins, puis s’occupera de l’alimenter, l’habiller dans ses premières années. Comme elle connaissait l’existence de sa véritable famille, qui faisait partie d’une communauté ‘hassidique de la ville, elle décida de l’éduquer comme un vrai enfant ‘hassidique avec les papillotes, les habits traditionnels etc.. Cette dame prit son fils adoptif, en chaise roulante dans tous les jardins environnants. On pouvait la voir faire tous ces efforts pour lui donner la meilleure éducation. Elle ne lésina pas ses efforts, ses forces et son argent. Avec le temps, les parents biologiques regardaient attentivement la manière dont Claire agissait avec leur fils. Le père et la mère, commencèrent à réfléchir et à envisager la situation sous un autre angle. Ils l’a voyaient déambuler dans les rues du quartier avec leur fils, sur chaise roulante, sans avoir aucunement peur du quand dira-t-on du voisinage. Le père déclara : « C’est notre fils ! Pourquoi devrait-on avoir honte de notre enfant ? Cette femme n’a pas honte, alors que nous sommes ses vrais parents, pourquoi ne sommes-nous pas capable de l’éduquer comme elle le fait si bien ? » Ces différentes pensées traversèrent l’esprit des vrais parents et finalement ils prirent contact avec Claire et lui exposèrent l’idée qu’ils reprennent leur fils. La valeureuse femme accepta la proposition. L’enfant âgé alors de 7 ans fut conduit chez ses parents. Le premier Chabbath arriva, le père qui appartient à une cours ‘hassidique décide de faire un grand coup pour l’occasion. Dans sa communauté la prière commence à 9h30. Il prit son fils avec chaise roulante et sur le coup de 10 heures alors que la synagogue était bondée. Il fit une entrée remarquée dans l’enceinte du lieu de prière… Le cœur du père battait très fort lorsqu’il pénétra dans la grande salle. Il se fraya un chemin jusqu’à sa place habituelle, dans les premiers bancs. Il le fit d’une manière des plus ostensibles afin que tout le monde voie qu’il était avec son fils « nouveau » et tellement particulier. Notre père avait dépassé sa honte originelle et agissait comme un père de famille responsable. Dorénavant il s’occupa d’élever son fils dans la tradition ‘hassidique. Seulement les desseins du Créateur du monde sont insondables, et le jeune fils rendra son âme pure puisqu’elle n’avait pas fauté à l’âge de 16 ans. Une dizaine d’années plus tard, Claire Cheiner décéda, elle avait environ 70 ans… Lors de son enterrement c’est le père de la famille qui prit la parole pour faire les oraisons funéraires. Il dit : » Melle Cheiner, je vous dois beaucoup. Sachez que lorsque vous monterez au Ciel dans le Gan Eden, vous vous retrouverez devant des centaines d’enfants qui proclameront que vous êtes leur mère ! Ce n’est pas seulement mon fils qui va vous accueillir, car vous vous en étiez occupé comme une mère, mais toute cette ribambelle d’enfants. La raison est qu’après que j’ai repris mon enfant, je l’ai amené à la synagogue et il a participé à toutes les activités de son âge. La semaine qui suivit j’ai reçu alors deux appels téléphoniques d’amis qui me dirent que ma démarche leur avait changé leur manière de voir l’éducation de leur propre enfant qui était aussi particulier. Ils me dirent que dorénavant ils ne s’occuperaient plus du regard de l’autre, ni du quand dira-t-on… Le temps passa et pour mon fils j’ai créé une structure d’éducation propre à ses besoins dans la plus stricte des exigences de la Halakha, la Loi juive. C’était au départ une toute petite structure, aujourd’hui c’est une école spécialisée qui a reçu dans ses classes des centaines d’enfants (Lo Alénou, Léaf E’had). Je pense que toute cette réalisation je te l’a dois, Melle Cheiner. Donc tous ces enfants sont les vôtres, grâce à votre générosité et votre esprit indépendant. Vous les avez réhabilités auprès des parents et des familles affectés et vous leur avez donné le courage d’endosser entièrement la responsabilité de leur éducation« .

Fin de cette histoire véridique. C’est à l’exemple de ces olives concassées finement qui donnent une huile pure. La difficulté au départ est grande. L’abnégation nécessaire pour s’occuper d’un enfant qui n’est pas le sien ainsi que le regard de l’autre est immense. Mais au final, il y aura beaucoup de lumière qui jaillira des enfants qui grandiront et s’épanouiront dans un cadre familial compréhensif, avec des parents qui reprennent courage.

 Coin Halakha : On fera attention de prononcer la bénédiction « Hamotsi » d’une manière claire. On fera une petite interruption entre le mot « Lé’hem » le pain et « Min Haarets » (de la terre), afin de distinguer entre le Mem de LéheM et le Mem de Min… La coutume est de plonger le pain dans un peu de sel avant d’en manger bien que d’après la stricte Halakha ce ne soit pas nécessaire car notre pain est de bonne qualité. Il existe plusieurs raisons de mettre le sel à table. Notre table ressemble à un autel de sacrifice et au Temple il fallait obligatoirement mettre du sel pour chaque sacrifice. De plus, le sel à table a la vertu de protéger. Le Midrach enseigne que lorsque les Bené Israël mangent sans dire des paroles de Tora, une accusation est portée contre eux dans le Ciel. Le sel est un rappel de l’alliance qui a été contracté dans le Temple entre Israël et la Tora : mettre du sel sur les sacrifices (167.5).

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut. 

David Gold

Une Berakha au rav Frederic (Chelomo) Kahn Chlita de Villeurbanne (du Collel de rav Maknouz Chlita) pour avoir décroché le premier prix lors d’un concours sur les lois du Shabbat sous l’égide du Gaon Rav Offir Malka Chlita venu spécialement d’Israël. Bravo !

Une bénédiction à Madame Tova Abikser (Jerusalem-Kiriat Yovel /Paris) pour une bonne santé, la réussite dans tout ce qu’elle entreprend et un bon zivoug.

Une Berakha au rav David Bellaïch Chlita et son épouse (Modiin Elit) à l’occasion du mariage de leur fille Mazel Tov, Mazel Tov

 

Une Bra’ha à mon compagnon d’étude du matin David Timsit et son épouse (Raanana) pour beaucoup de réussites dans l’éducation des enfants, la santé et la Parnassa

 

 Et pour tous ceux qui désirent faire paraitre des vœux de mariage ou des bénédictions, notre feuillet se tient à la disposition du public de plus en plus nombreux…

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