La sécurité d’Israël au rang de « raison d’Etat » pour l’Allemagne

La sécurité d’Israël au rang de « raison d’Etat » pour l’Allemagne

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HISTOIRE ISRAËL-ALLEMAGNE. Angela Merkel aura marqué les relations israélo-allemandes d’une empreinte particulière, faisant des liens avec l’Etat hébreu l’un des piliers de sa politique étrangère, comme en a témoigné la fréquence de ses déplacements en Terre sainte – huit au total au cours de ses 16 années au pouvoir.

L’attachement de la chancelière sortante à l’Etat juif – qui s’exprime encore dans cette visite d’adieu en Israël qu’elle a tenu à faire alors que rien ne l’y obligeait – tient, selon beaucoup, au fait qu’elle ait grandi dans une Allemagne de l’Est communiste qui n’a pas reconnu la responsabilité du pays dans la Shoah, et n’a pas non plus reconnu l’Etat d’Israël lors de sa création en 1948 : les ravages du déni et des arrangements avec la mémoire auraient ainsi forgé sa conscience politique.

Cette relation unique de la dirigeante allemande avec l’Etat hébreu a culminé lors de son discours historique prononcé à la Knesset en 2008, comme le souligne une experte des relations Israël-Allemagne, Gisela Dachs. « D’abord parce qu’elle a été le premier chef d’Etat à s’exprimer en allemand au sein du Parlement israélien », explique l’enseignante, qui précise qu’Angela Merkel n’avait pas planifié de s’exprimer dans sa langue natale, par respect pour le pays, mais qu’elle s’était finalement laissée convaincre de le faire. « Ensuite parce que dans son allocution, elle a érigé la sécurité d’Israël au rang de ‘raison d’Etat pour l’Allemagne’, des mots extrêmement forts et complètement inédits. » Pour de nombreux analystes, la chancelière a ce jour-là conceptualisé l’idée jusqu’alors tacite, d’une spécificité dans les relations israélo-allemandes et de la responsabilité de l’Allemagne dans la pérennité de l’Etat juif.

En dépit du changement de gouvernement en Allemagne et de la mémoire de la Shoah qui s’estompe inexorablement, Gisela Dachs ne pense pas que les relations bilatérales soient amenées à se détériorer dans les années à venir, même si un léger changement de vent pourrait se faire sentir.

« Les dirigeants du parti social-démocrate qui a remporté les élections sont de la même génération qu’Angela Merkel, ils poursuivront donc dans cette voie du consensus face à Israël, en apparence du moins. En coulisses, il se pourrait toutefois que les voix des jeunes du parti SPD et de celui des Verts qui devrait faire partie de la coalition, se fassent entendre, notamment sur la question des droits des Palestiniens. »

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