L’abattage rituel en questions à l’Assemblée nationale

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Les présidents des communautés juives et musulmanes ont été auditionnés à l’Assemblée nationale ce jeudi 23 juin dans le but de plaider la cause de la création d’une commission mixte sur l’abattage rituel en France, comprenant des représentants du Consistoire israélite et du Conseil français du culte musulman, le CFCM.

On se souvient qu’il y a 3 semaines, les communautés juives de Belgique étaient parvenus à renvoyer devant les représentants du droit constitutionnel, la question de la légitimité de la che’hita qu’avait voulu remettre en cause le « ministre du bien-être animal », Ben Weyts…

Dans l’hexagone, la question a été débattue par une commission parlementaire composée de quelques élus qui ont interrogé les deux responsables communautaire sur divers aspects liés à l’abattage rituel, abordant tout particulièrement la question de la souffrance endurée par un animal qu’on tuait rituellement.

Les deux hommes ont répondu tour à tour aux questions qui leur étaient posées en expliquant en quoi, même si elle est censée lui éviter de souffrir, l’électronarcose (un bien joli mot qui désigne l’utilisation d’un pistolet d’abattage, ce piston propulsé par de l’air comprimé hors d’une poignée cylindrique qui vient violemment percuter le crâne de l’animal ; l’animal ainsi assommé étant alors égorgé) pose un tout autre problème du point de la loi religieuse.

Le président du consistoire a été jusqu’à indiquer qu’interdire l’abattage rituel en France conduirait des Juifs à quitter l’Hexagone. « Sans manger cacher, il n’y a pas d’avenir pour la communauté juive dans un pays. Revenir sur cette pratique, c’est une forme d’atteinte à notre liberté de conscience qui parfois peut induire des envies, chez certains membres de la communauté juive, de quitter la France », a-t-il déclaré.

Mais les parlementaires ont aussi voulu connaître le montant de la taxe prélevée sur le prix de la viande dans les deux cultes.

Le Consistoire de Paris a ainsi répondu que la taxe de la cacherouth s’établissait à 1,66 euros le kilogramme, et le Conseil français du culte musulman a déclaré les prix pour une viande halal variaient de 0,80 à environ 1,20 euros par kilo selon les organismes de certification.

Quel avenir la France réserve-t-elle à l’abattage rituel dans ses frontières et quel rôle s’apprête-t-elle à jouer sur la scène européenne ? Depuis 2012, la polémique n’a fait que s’amplifier. Le rapport de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en France, en juillet 2013, concluait encore que « l’étourdissement avant l’égorgement reste la méthode minimisant les douleurs ». Et, à droite comme à gauche, la viande halal au premier plan, mais dans son sillon aussi, la viande cacher est au centre d’un débat plus vaste sur la laïcité où les pires des démons sont agités : des cas d’empoisonnement d’élèves dans les écoles au financement occulte d’organismes religieux spécialisés…

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