L’accord Israël-Emirats bouleverse les conventions arabes rigides

L’accord Israël-Emirats bouleverse les conventions arabes rigides

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Un précepte presque religieux tenu par le monde arabe était qu’aucune relation normale avec Israël n’était autorisée avant que l’État palestinien ne soit proclamé dans les frontières d’avant 1967. Il s’est imposé, jusqu’au 13 août 2020, lorsque l’accord historique entre les Émirats arabes unis et Israël, négocié par l’administration Trump, l’a renversé. La nation arabe la plus riche du Golfe a abandonné cette condition sans un murmure et a officialisé ses liens de longue date (années 1990) sous le sceau du secret avec l’État juif.

Les prédécesseurs de Binyamin Netanyahou et les médiateurs de paix occidentaux ont été forcés de marchander, sans la moindre résolution, le montant qu’Israël devrait payer pour la paix avec les Palestiniens, avant qu’il ne puisse y avoir de discussion sur des relations normales avec le monde arabe. Soudainement, le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed (MbZ) et le Premier ministre Binyamin Netanyahou se sont montrés comme étant engagés dans les échanges réguliers qui précèdent tout accord international normal.

Le Premier ministre Binyamin Netanyahou pourrait avoir des comptes à rendre, concernant son soutien interne, pour avoir gelé son plan d’étendre la souveraineté d’Israël aux zones juives de Cisjordanie, bien que la promesse qu’il a faite au public des électeurs n’ait jamais été en fait inscrite dans la loi, une carte ou un calendrier. De plus, la question palestinienne a été mise en veilleuse par l’épidémie préoccupante de coronavirus et ses graves retombées économiques.

Certes, le dirigeant des Émirats arabes unis, le prince Mohammed bin Zayed, avait de plus gros poissons à faire frire. Il dirige une monarchie absolue du Golfe sur une fédération de sept émirats composée d’Abou Dhabi (qui sert de capitale), Ajman, Dubaï, Fujairah, Ras Al Khaimah, Sharjah et Umm Al Quwain. Avec une population de seulement un million de citoyens et quelque neuf millions de travailleurs étrangers, les Émirats arabes unis, qui étaient autrefois un marigot, sont devenus l’un des centres économiques les plus florissants du monde, un centre médiatique international et un site touristique attrayant. Il possède une armée efficace avec des unités d’élite et une force aérienne forte ainsi qu’une capacité d’innovation et de grandes ambitions. Depuis de nombreuses années, son régime s’appuie sur des liens de sécurité étroits avec Israël et des liens de renseignement avec le Mossad, les États-Unis et la France.

Les deux pays partagent, avec l’administration Trump, des soupçons profonds à l’égard de l’Iran chiite et de ses interventions expansionnistes dans la région. Abu Dhabi et Téhéran sont également en conflit sur les îles du Golfe.

L’accord des Emiratis avec Israël semble avoir accentué le profond fossé politico-religieux dans la région. Abdel Fattah al-Sissi, comme Bahreïn et Oman, a approuvé l’accord de normalisation des EAU comme bénéfique pour la région et la paix, tandis que la Turquie et l’Iran l’ont critiqué. Le président Recep Erdogan a déclaré vendredi qu’il envisageait de fermer l’ambassade de Turquie à Abu Dhabi, de rappeler son ambassadeur et de rompre les liens.

Tout comme l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et la plupart des gouvernements arabes du Golfe, tout en contestant l’Iran, répudient également les Frères musulmans. La Turquie défend ce groupe radical et accueille son bras armé palestinien le Hamas, aux membres duquel il a proposé d’offrir la nationalité turque.

Sept des 12 membres de la cellule terroriste du Hamas qui orchestrent des opérations contre Israël depuis Istanbul ont obtenu la citoyenneté turque, rapporte le Telegraph de Londres. Les passeports en cours pour l’ensemble de la cellule leur donnent la liberté de voyager et d’opérer à partir d’autres pays. Certains vivent sous des pseudonymes turcs. Le Hamas palestinien est désigné comme organisation terroriste par les États-Unis et l’UE et sa «branche armée» a été interdite en Grande-Bretagne. Israël s’est plaint, à plusieurs reprises, que le gouvernement Erdogan ferme les yeux sur les activités illicites du Hamas depuis le sol turc. Ankara répond que le Hamas est «un mouvement politique légitime démocratiquement élu dans le territoire palestinien de Gaza».

Au Yémen, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite dirigent conjointement une coalition qui lutte contre les insurgés houthis soutenus par l’Iran, dans une guerre non résolue pour le contrôle du pays. Conformément aux aspirations territoriales de MbZ, les EAU ont fait cavalier seul pour s’installer dans le sud du Yémen. En juin, les forces des Émirats arabes unis ont occupé Socotra yéménite, un archipel stratégique yéménite surplombant la voie maritime internationale de la mer Rouge. Ces forces se sont retirées des îles mais ont laissé derrière elles une petite base militaire.

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