L’Allemagne pratique une politique étrangère pro-Iran et anti-Israël

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Javad Zarif, ministre des Affaires Etrangères iraniennes, et le président allemand Frank-Walter Steinmeier

En 2008, la chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré que la sécurité d’Israël est «non négociable». Pourtant selon un article de JP Grumberg dans Dreuz le 9 avril dernier: « Jamais le gouvernement fédéral allemand, la chancelière Merkel, ou même l’ambassadrice allemande en Israël Susanne Wasum-Rainer n’ont ouvert la bouche pour ne serait-ce que susurrer une subtile critique détournée lorsque les dirigeants iraniens nient publiquement l’holocauste. Jamais les officiels Allemands ne se sont déclarés «extrêmement préoccupés» par les promesses de l’Iran de détruire Israël. »

Mais il y a pire, Bernd Erbel, ancien ambassadeur d’Allemagne en Irak et en Iran a récemment déclaré entre autre chose qu’Israël a été fondé aux dépens des Palestiniens.


La politique étrangère allemande est pro-iranienne et anti-israélienne

Un diplomate allemand de haut rang nommé à la tête d’un système de troc européen qui permettrait aux entreprises européennes de contourner les sanctions américaines contre l’Iran a démissionné après avoir donné une interview dans laquelle il critiquait l’existence d’Israël et louait le programme de missiles balistiques de Téhéran.

Cet épisode – le dernier d’une série d’événements qui ont mis à nu les fondements anti-israéliens de la politique étrangère allemande – est un revers embarrassant pour le gouvernement allemand et compliquera ses efforts pour sauver l’accord nucléaire iranien.

Bernd Erbel, ancien ambassadeur d’Allemagne en Irak et en Iran, a déclaré qu’il n’assumerait pas la direction d’Instex, un mécanisme de paiement destiné à faciliter les affaires européennes avec l’Iran, après que le journal Bild a publié, le 8 août, le contenu d’une longue interview accordée par Erbel à Ken Jebsen, un animateur radio germano-iranien décrit comme un « théoricien du complot » et un « antisémite ».

Dans l’interview qui dure 2h30, Erbel a déclaré qu’Israël a été fondé « aux dépens d’un autre peuple » et a affirmé que « les Palestiniens sont les victimes de nos victimes ». Il a ajouté que « si l’État juif avait été fondé en Prusse, le problème palestinien n’aurait pas existé ».

Erbel a aussi affirmé que l’État juif est « plus que jamais un corps étranger dans la région » et que pour des raisons « psychologiques » Israël est incapable d’empathie.

Dans l’interview, Erbel a défendu l’Iran et a déclaré que « la dernière fois que les troupes iraniennes ont traversé la frontière vers un autre pays à des fins d’agression » était au 18ème siècle, quand l’Iran a envahi l’Inde. Le journal Bild a noté :

Que les troupes iraniennes sont en guerre en Irak depuis 2003, et depuis 2011 en Syrie, soutenant la milice Houthi au Yémen et à Gaza, le Hamas, le Jihad islamique palestinien et Harakat al-Sabireen, les gardes révolutionnaires iraniens ainsi que le Hezbollah dans le sud du pays avec des roquettes visant Israël – toutes ces actions militaires offensives des troupes iraniennes à l’étranger sont tenues secrètes par Erbel.

Erbel a salué les succès du Hezbollah soutenu par l’Iran lors de la guerre du Liban en 2006 :

« Il y avait un enthousiasme incroyable dans plusieurs pays arabes qui, pour la première fois, mettait Israël au défi. C’était quelque chose de très, très inhabituel, mais il était extrêmement important, psychologiquement, de voir qu’il y a des forces qui s’opposent avec succès à Israël. C’était quelque chose qui, par exemple, était très célébré dans les milieux les plus bourgeois d’Égypte. C’était donc une nouveauté ».

Erbel a également défendu le programme de missiles balistiques de l’Iran :

En 2015, une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies interdisait à l’Iran d’effectuer des essais de missiles balistiques. Après l’accord nucléaire, cette résolution a été modifiée et ne demande à l’Iran d’éviter ces essais que si les roquettes peuvent être équipées de têtes nucléaires. La demande peut être satisfaite ou non, cela dépend des conditions cadres, et les conditions pour l’Iran se sont considérablement détériorées depuis la conclusion de l’accord nucléaire.

Après le reportage de Bild, un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré qu’Erbel n’assumerait pas la direction d’Instex pour des « raisons personnelles ». Le porte-parole a ajouté que le ministère des Affaires étrangères n’avait « aucune connaissance » des entretiens d’Erbel et que ses opinions étaient personnelles et ne représentaient pas la position du gouvernement.

En fait, l’Allemagne a été résolument hostile à Israël ces dernières années.

  • En 2018, par exemple, sur 21 résolutions anti-Israël de l’ONU, l’Allemagne en a approuvé 16 et s’est abstenue sur quatre autres.
  • En mai 2016, l’Allemagne a approuvé une résolution particulièrement scandaleuse de l’ONU, coparrainée par le groupe des États arabes et la délégation palestinienne, qui désignait Israël lors de l’assemblée annuelle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme le seul pays au monde qui viole « la santé mentale, physique et environnementale ».

Une grande partie de l’establishment politique allemand semble être fondamentalement anti-israélien.

  • En mars 2019, par exemple, le Bundestag allemand a rejeté à une écrasante majorité une résolution du Free Democratic Party (FDP) visant à exhorter le gouvernement de la chancelière Angela Merkel à annuler son vote anti-israélien aux Nations unies. Par un vote de 408 voix contre 155 et 65 abstentions, le Bundestag a rejeté l’appel du FPD qui visait à faire en sorte que le gouvernement « se distancie clairement des initiatives et alliances unilatérales, principalement politiques, des États membres de l’ONU anti-israéliens afin de protéger Israël et les intérêts légitimes d’Israël d’une condamnation unilatérale ».
  • En juin 2019, le Bundestag a rejeté une résolution non contraignante visant à interdire le Hezbollah iranien par procuration. Le projet de loi, parrainé par le parti conservateur Alternative for Germany (AfD), a été rejeté par tous les grands partis allemands. L’auteur de la résolution, la députée Beatrix von Storch, a déclaré que « Le Hezbollah est une organisation terroriste. Le gouvernement de Berlin prétend qu’il faut faire la distinction entre une aile politique légitime du Hezbollah et une aile terroriste. Cela n’a aucun sens pour nous, ni pour les électeurs. L’objectif du Hezbollah est la destruction d’Israël et des Juifs, et nous ne devrions pas les aider à se cacher en Allemagne et financer leur lutte armée au Liban contre Israël à partir de notre territoire ».

L’aile « militaire » du Hezbollah a été interdite en Allemagne en 2013, mais son aile « politique » est autorisée à lever des fonds dans le pays. Certains pays, dont Israël, la Grande-Bretagne, les États-Unis et plusieurs États arabes sunnites, ne voient aucune distinction entre les ailes militaire et civile du Hezbollah et ont accusé le groupe de déstabiliser le Moyen-Orient.

Le Hezbollah aurait, selon l’agence de renseignement nationale allemande BfV, plus de 1 000 agents en Allemagne. Néanmoins, l’Allemagne ne fera pas une déclaration à l’effet que le mouvement du Hezbollah est une organisation terroriste car, selon Niels Annen, responsable du ministère des Affaires étrangères : « Nous sommes concentrés sur le dialogue ».

En février 2019, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a félicité, « également au nom de mes compatriotes », le régime iranien à l’occasion du 40e anniversaire de la révolution islamique qui cherche à détruire Israël. Cette décision, défendue par une grande partie de l’establishment allemand comme étant une « coutume diplomatique », a provoqué l’indignation de certains membres de l’opinion publique allemande.

En utilisant le hashtag, « Pas en mon nom », le chercheur islamiste Ahmad Mansour a twitté :

Le même Steinmeier n’a-t-il pas refusé de féliciter Trump ? Pourquoi établit-il des normes différentes pour l’Iran ? L’Iran est le champion mondial de l’exportation de l’antisémitisme, est activement impliqué dans les assassinats de Juifs, de milliers de personnes en Syrie, d’homosexuels dans leur propre pays.

Josef Schuster, président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, a noté :

En ce qui concerne le télégramme de félicitations du président allemand à l’occasion de l’anniversaire de la révolution iranienne, la diplomatie de routine semble avoir remplacé la pensée critique… S’il était nécessaire de féliciter à l’occasion de cet anniversaire, le président aurait au moins pu trouver des critiques claires à l’égard du régime.

Steinmeier s’est déjà rapproché des ennemis d’Israël.

  • En janvier 2006, en tant que ministre allemand des affaires étrangères, il a encouragé un gouvernement dirigé par le Hamas à Gaza.
  • En juillet 2008, il a présidé une conférence à Berlin qui a appelé à la destruction d’Israël.
  • En décembre 2016, Steinmeier a approuvé une résolution de l’ONU appelant Israël à cesser « immédiatement et complètement » toutes les activités de colonisation « dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est ». La résolution déclarait que l’ONU n’accepterait « aucun changement » aux lignes de cessez-le-feu du 4 juin 1967, « y compris Jérusalem ». [NDT : ce qui aurait pour résultat de faire passer tous les lieux saints juifs sous contrôle arabe]
  • En mai 2017, lors de la première visite de Steinmeier dans l’État juif en tant que président allemand, il a réprimandé publiquement le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et a déposé plus tard une couronne de cérémonie sur la tombe du défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat, ennemi juré d’Israël.

En septembre 2018, après des mois d’efforts, l’ambassadeur des États-Unis en Allemagne, Richard Grenell, a réussi à faire pression sur l’Allemagne pour empêcher l’Iran de retirer 300 millions d’euros (340 millions de dollars) de liquidités des comptes bancaires en Allemagne afin de compenser l’effet des sanctions américaines. « L’Iran est le premier État parrain du terrorisme dans le monde », a déclaré M. Grenell. « Nous devons être vigilants. »

Pendant ce temps, l’Allemagne continue de fournir des millions d’euros chaque année à des ONG qui mènent des campagnes anti-Israël telles que le mouvement BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) et des batailles juridiques, antisionistes et antisémites, d’après NGO Monitor.

La chancelière allemande Angela Merkel avait déclaré en 2008 que la sécurité d’Israël est « non négociable » et le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas a déclaré en 2018 qu’il est entré en politique « à cause d’Auschwitz ». Dans la pratique, cependant, l’Allemagne semble toujours accorder la priorité à ses relations avec les ennemis d’Israël.

Instex (Instrument for Supporting Trade Exchanges) a été créé le 31 janvier 2019 par l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni pour sauver le Plan d’action global conjoint de 2015, connu sous le nom d’Accord sur le nucléaire iranien, après le retrait des États-Unis de l’accord et la réimposition de sanctions contre Téhéran. Le président américain Donald J. Trump, critiquant l’accord sur le nucléaire, a souligné que « dans un très petit nombre d’années, ils seraient capables de fabriquer des armes nucléaires ».

Instex, une initiative du ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas, permettrait le commerce européen avec l’Iran malgré les sanctions américaines. Cela faciliterait le troc avec l’Iran pour des marchandises telles que les produits pharmaceutiques et alimentaires, mais Téhéran a insisté à plusieurs reprises sur le fait que l’Instex doit inclure le commerce du pétrole pour que le mécanisme ait un sens économique.

Sept mois après sa création, Instex n’est toujours pas opérationnel, en partie parce que l’Iran ne respecte toujours pas les normes juridiques internationales visant à prévenir le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

*Soeren Kern est Senior Fellow au Gatestone Institute de New York. Il est originaire du Wisconsin et a la double nationalité américaine et allemande. Il parle couramment l’anglais, l’allemand et l’espagnol. Il vit en Espagne.

© Traduction de Magali Marc (@magalimarc15) pour Dreuz.info.

Source : Gatestone Institute

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