L’antisémitisme expliqué à 2500 lycéens des Yvelines

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C’est un texte de « Si c’est un homme », l’édifiant témoignage de Primo Levi sur son enfermement en 1944 au camp de concentration d’Auschwitz, qui a ouvert la série. Le Théâtre Montansier a inauguré ce lundi à Saint-Germain-en-Laye sa première des 22 lectures contre l’antisémitisme, données dans quinze lycées des Yvelines. La seconde s’est déroulée, lundi après-midi au lycée Saint-Exupéry de Montigny-le-Bretonneux avec « Ô vous, frères humains », d’Albert Cohen. Dix lectures se déroulent cette semaine. Onze autres suivront du 9 au 13 mars 2020 pour 2500 élèves au total.

Former des ambassadeurs du vivre-ensemble

« Les derniers témoins de l’Holocauste disparaissent et on assiste en ce moment à une montée de l’antisémitisme. En tant que responsable de théâtre, nous devons prendre notre part dans la lutte contre ce cancer qui ronge notre société en transmettant la culture et les textes », estime Geneviève Dichamp, la directrice de ce théâtre versaillais qui a monté cette opération de lectures contre l’antisémitisme, financée en partenariat avec la région Ile-de-France.

En cette matinée de lundi, 80 élèves du lycée Jeanne-d’Albret (1645 élèves) ont pris place dans la salle des fêtes de leur établissement. Ce sont les délégués des 39 classes, élus depuis le mois d’octobre. « Nous les formons pour qu’ils deviennent des ambassadeurs auprès de leurs camarades, notamment sur ces questions du vivre-ensemble, dont celle du harcèlement », explique la proviseur, Catherine Mary.

« Avez-vous déjà fait des lectures sur l’islamophobie ? »

Face à eux, Samir Siad, comédien du Théâtre en Partance, partenaire du Montansier dans cette affaire, débute la lecture de « Si c’est un homme ». « Beaucoup d’entre nous pensent que l’étranger, c’est un ennemi. […] L’histoire des camps d’extermination résonne pour nous tous comme un signal d’alarme », dit-il en préambule avant de lire pendant un peu plus d’une heure des extraits de ce livre poignant.

Lorsque la lumière se rallume, Samir invite les lycéens à s’exprimer. Eva se lance la première. « Avez-vous déjà fait des lectures sur l’islamophobie ? », se risque-t-elle à l’adresse du comédien, qui lui rappelle d’abord son origine algérienne. « Quand l’auteur parle de l’étranger comme un ennemi, il évoque un préjugé. En fait, Primo Levi parle de l’humanité tout entière. À partir du moment où il y a rejet, il faut faire très attention », lui répond-il.

« Il est indispensable que chacun d’entre nous soit considéré comme un homme avec un grand H »

Aurore Labat, la conseillère principale d’éducation (CPE), s’immisce dans la conversation. « Il est indispensable que chacun d’entre nous soit considéré comme un homme avec un grand H. Nous sommes ici pour lutter contre toutes les discriminations, que ce soit pour notre religion, couleur de peau, orientation sexuelle et qu’on soit homme ou femme », lâche-t-elle.

« Vous avez dit qu’il fallait accorder une humanité à tous les hommes mais, moi, j’aurais du mal à l’accorder aux SS pour ce qu’ils ont fait et leur haine des Juifs. Il y a une banalisation de l’antisémitisme aujourd’hui mais comment faire pour lutter contre ce qui se passe ? », s’interroge Alexandre.

« Le pardon, c’est très difficile. On est tous un peu victimes et bourreaux. Je retiens que quand on connaît des textes tels que celui-ci, on ne peut plus laisser faire une telle barbarie. Primo Levi était une sorte de lanceur d’alerte », souligne le comédien.

« Ici, à Saint-Germain-en-Laye, on est choyé mais tout le monde n’a pas cette chance »

À l’issue de ce dialogue fructueux, les élèves quittent la salle. Avant de partir, Giulia, 15 ans, réagit. « Il faut continuer à faire ce travail. C’est important d’informer et de raconter sans faire de cadeaux à quiconque. Ici, à Saint-Germain-en-Laye, on est choyé mais tout le monde n’a pas cette chance », avoue cette jeune élève de première. Alexandre, 16 ans et en terminale S, veut mettre en avant la « tolérance ». « Cela vaut pour la religion, la race et tout le reste. Il faut chercher ce qui nous unit et non ce qui nous divise », avance-t-il.

Source www.leparisien.fr

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