L’armée syrienne veut nettoyer le sud du pays de la présence sunnite, pour devenir une zone pro-iranienne

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L’armée syrienne s’apprête à lancer sa plus grande opération dans le sud du pays. Après que l’armée est parvenue à nettoyer le sud de la capitale syrienne de la présence sunnite et à expulser cette population de la capitale, les spéculations se multiplient sur la prochaine opération des forces syriennes.

Des unités de l’armée syrienne se préparent à donner le coup d’envoi à la plus vaste offensive anti-sunnite dans le sud du pays. L’opération de Deraa, ville du sud-ouest de la Syrie proche des frontières avec la Jordanie, le Liban et Israël sera la plus grande opération de l’armée syrienne, ont-elles dit, sans manquer de préciser qu’elle comprendrait la province de Deraa et le reste du Rif de Soueïda, qui jouxte le Rif de Deraa où sont présents les rebelles du Front al-Nosra.

D’après les sources arabes, toutes les unités de l’armée syrienne prendront part à cette vaste offensive, notamment les forces de réaction et les forces spéciales. L’opération dans le sud de la Syrie ressemblera à celle de la Ghouta orientale et l’armée y utilisera toutes sortes de lance-missiles ainsi que des chars T-90. Par ailleurs, les chasseurs russes et les hélicoptères syriens y participeront.

Des dizaines de groupes sunnites, dont Jaïch Khalid ben al-Walid, affilié à Daech, al-Nosra et les Brigades Lawa al-Muqaddas, contrôlent toutes les régions de Deraa, sauf le Rif sud-ouest, qui est occupé par Daech.

Les forces syriennes ont récemment confisqué 100 véhicules et équipements militaires, dont 75 chars et véhicules blindés, un grand nombre de missiles Tow, ainsi que les armes qui se trouvaient dans un arsenal des rebelles sunnites dans le Qalamoun oriental. Les armements confisqués seront utilisés dans la bataille de Deraa.

Selon les sources arabes, l’armée syrienne vise par cette opération à prendre le contrôle de toute la province de Deraa et des frontières entre la Syrie et la Jordanie, et à rouvrir le passage commercial de Nasib situé à la frontière des deux pays.

Des avions militaires syriens ont largué samedi soir sur Deraa des tracts mettant en garde les sunnites de cette province du sud du pays contre une offensive imminente. Ils les ont appelés à se rendre et à se réconcilier avec l’armée.

On s’attend à ce que la bataille de Deraa soit étendue au Rif de Quneitra, situé à proximité des hauteurs du Golan israélien, après quoi les forces syriennes pourront prendre le contrôle des frontières du sud du pays et mettre un terme à la présence des groupes sunnites.

Mardi 22 mai, DEBKAfile a été le premier à signaler les forces syriennes et du Hezbollah en train de se masser pour lancer l’offensive de Daraa dans la ville d’Izra, au sud du pays, où se trouve également le centre de commandement iranien pour l’est de la Syrie. Son objectif est de couper vers le sud jusqu’au point de passage syro-jordanien de Nasib, et ainsi de constituer une menace immédiate pour la Jordanie en atteignant un tremplin de départ pour sa prochaine opération contre Quneitra face à la frontière du Golan israélien. Amman et Jérusalem ont notifié à Washington qu’à moins que cette offensive ne soit stoppée, les deux armées devraient intervenir.

DEBKAfile, site proche des services de renseignement de l’armée israélienne, disait s’attendre à ce que l’armée syrienne et ses alliés lancent très prochainement une offensive contre les zones situées sur les frontières jordaniennes.

Ce qui inquiétait surtout le site était la perspective d’une offensive conjointe du Syrie et du Hezbollah contre le triangle frontalier situé sur les frontières syriennes avec la Jordanie et l’Irak. C’est là que les Américains maintiennent le gros de leurs forces. Surtout que cette frontière n’a cessé de servir depuis 2011 de point de passage à des rebelles sunnites de  formés dans des camps d’entraînement en Jordanie, et ce, sous supervision des Américains.

Une délégation syro-russe et les représentants des forces tribales de Deraa négocient en ce moment un éventuel accord de réconciliation dans la région, un accord similaire à celui qui a été trouvé dans la Ghouta orientale. L’accord permettrait aux forces syriennes de reprendre le contrôle de la zone, et aux sunnites de l’évacuer, et bloquerait de facto la circulation des forces sunnites depuis la Jordanie jusqu’à la Syrie via le point de passage de Nassib.

Damas accuse Israel d’aider les groupes sunnites 

Damas reproche à  Jérusalem entraver l’opération de l’armée syrienne, car les chasseurs israéliens effectuent des raids contre les positions de l’armée syrienne dans le centre et l’est de la Syrie.

Dans un entretien avec Sputnik, Ali Maqsoud, expert militaire, a souligné que l’intensification des attaques de Daech contre Hamima, les bases T-2 et T-3 dans le désert de Syrie, près des frontières irakiennes et dans le sud-est de Homs ainsi que l’attaque israélienne, le jeudi 24 mai, contre l’aéroport militaire al-Dabaa à Homs étaient porteuses des messages.

D’après Damas, de telles attaques menées par Israël ne visent qu’à compliquer l’opération de l’armée syrienne dans le sud du pays et à retarder cette offensive. Les systèmes syriens de défense aérienne ont été incapables de faire face aux attaques de missiles qui avaient pour cible l’aéroport al-Dabaa à Homs, le jeudi dernier.

En outre, les avions de combat américains sont entrés en action et ont bombardé des positions de l’armée syrienne et de ses alliés dans la province de Deir ez-Zor.

Aucune menace n’est aussi pressante pour Tsahal que celle de voir les frontières syro-jordaniennes être occupées par les forces chiites après sept ans de guerre. Une fois les derniers zones sunnites sont effondrés, Israël risque de se trouver nez à nez avec l’armée syrienne et les forces chiites puisque les opérations ne tarderont pas à s’étendre au sud de Deraa, et plus précisément à Quneitra, localité limitrophe du Golan.

Israël prévoit  l’imminence d’une offensive sanglante chiite contre la zone sunnite placée sous la supervision de la Jordanie dans la foulée de l’accord signé entre Amman, Damas et Moscou.

Deraa pourrait devenir une zone pro-iranienne avec la complicité de l’État syrien avec tous les menaces  à l’avenir.

L’ambassadeur iranien en poste à Amman affirmait, le 23 mai 2018,  au micro du journaliste du quotidien jordanien Al-Ghad que l’Iran ne participait pas à la bataille de Deraa, comme il n’a pas participé dans celle de la Ghouta orientale. Cette déclaration n’a pas été faite sans raison : en l’absence de l’Iran, Israël n’aura aucune justification pour ses éventuelles frappes contre les forces syriennes dans la région à moins de vouloir froisser les Russes.

Les Etats-Unis menacent “d’une action ferme” toute offensive dirigée par les Russes, la Syrie et le Hezbollah contre Deraa

L’administration Trump a formulé un avertissement militaire sans équivoque à l’égard de Moscou, ainsi qu’au régime d’Assad, le samedi 26 mai, pour empêcher leur grande offensive, visant à s’emparer de la région de Daraa, dans le sud-est du pays. Les Etats-Unis répondraient à de telles “violations du cessez-le-feu” par des “mesures fermes et appropriées”, selon le Département d’Etat, après que des tracts gouvernementaux ont été largués sur Deraa pour exhorter les combattants rebelles armés et formés par les Etats-Unis et les Jordaniens à déposer les armes.

Washington a perçu l’envoi de ces tracts comme signifiant que les forces d’Assad et du Hezbollah étaient prêtes à lancer leur offensive, après avoir obtenu une promesse de soutien aérien de la part de l’armée de l’air russe et d’autres appuis. Des informateurs des renseignements américains ont également signalé l’arrivée d’officiers et de mercenaires russes chargés de prendre la tête de l’opération avec les forces syriennes et le Hezbollah.

La porte-parole du département d’Etat, Heather Nauert a appelé la Russie à “exercer son avantage (poids) diplomatique et militaire sur le régime d’Assad pour arrêter les attaques et contraindre le régime d’Assad à cesser ses opérations militaires supplémentaires”, a déclaré la porte-parole du département d’Etat, ces offensives risquant d’élargir le conflit. “Sinon, les États-Unis répondraient par “des mesures fermes et appropriées “.

Pour s’assurer que le message a bien été compris, le 26 mai, Shabab al-Sunnah, un groupe de l’Armée syrienne libre (ASL) soutenue par les États-Unis, a pris pour cible un groupe de soldats de l’armée syrienne autour de l’hôpital national, dans la partie sud de la ville de Deraa. Plusieurs soldats de l’armée syrienne auraient été tués et blessés lors de l’attaque.

Les observateurs locaux estiment que les Etats-Unis ont donné l’ordre à leurs supplétifs, dans le sud de la Syrie, de lancer des attaques limitées contre l’armée syrienne et le Hezbollah, dans ce qui semble être une tentative pour dissuader le gouvernement de Damas et ses alliés de lancer une opération militaire à grande échelle sur Deraa très bientôt.

De plus, les États-Unis ont mis en garde l’armée arabe syrienne (ASA) contre le lancement d’une opération militaire dans le sud de la Syrie et ont menacé de prendre “des mesures fermes et appropriées” en réponse à toute attaque.

Les menaces américaines vont probablement encourager l’Armée libre syrienne à lancer des attaques plus importantes contre l’armée d’Assad et le Hezbollah, dans le sud de la Syrie, car ces groupes croient maintenant que les États-Unis leur fourniront une protection directe.

© Souhail Ftouh pour Europe Israël

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