Le mythe de l’occupation remplace celui du peuple déicide

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Marc – JForum

le 10 décembre 2018, deux Ong, l’une palestinienne, Al-Haq, l’autre israélienne, B’Tselem ont reçu le prix des droits de l’Homme de la République Française 2018, au Ministère de la Justice à Paris. Ces deux organisations, très honorées du titre obtenu, se sont dites « partenaires dans la lutte pour la justice et un avenir meilleur contre l’oppression et l’occupation » (sic). Elles espèrent ainsi que soit mis fin à « la culture de l’impunité de sorte que les Palestiniens puissent jouir de la pleine réalisation de leurs droits fondamentaux » (sic). De telles inepties et contre-vérités permettent ainsi de fustiger Israël (et partant le peuple juif) en le rendant responsable de tous les maux des palestiniens. En quelque sorte, le mythe de « l’occupation » se substitue désormais à celui du peuple déicide.

Pour ceux qui nourrissent une haine naturelle des Juifs, ce qui importe, c’est d’en trouver le fondement ou plutôt la justification. Pendant deux mille ans, le fondement de cette haine était institutionnel. Les grandes nations démocratiques se sont construites dans la culture du christianisme, unique ciment du fonctionnement sociétal. Aussi, la répétition ininterrompue de la « vérité » selon laquelle les Juifs étaient collectivement responsables de la mort de Jésus (et ce, pour l’éternité) suffisait à justifier le mal qui pouvait leur être fait, ainsi que la spoliation récurrente de leurs biens : Jésus était le Messie des Juifs. Or, non seulement ils n’avaient pas voulu le reconnaître, mais en outre, ils l’avaient (collectivement) tué.

Dans Matthieu (27,25), Ponce Pilate s’est adressé au Juifs qui se trouvaient dans son prétoire. En se lavant les mains, il leur a lancé : « je ne suis pas responsable de ce sang à vous de voir ». Les Juifs lui auraient alors répondu « que son sang retombe sur nos têtes et sur celles de nos enfants ». Ce propos (attribué aux Juifs) et sa conjugaison avec le principe selon lequel « les paroles d’évangile sont immuables », ont suffit à faire du peuple juif (dans sa globalité et quelqu’en soit l’époque), l’assassin collectif de Jésus. Il aura fallu attendre près de 2000 ans pour que Vatican II corrige ce mythe mensonger en admettant que ce discours, vecteur de antisémitisme chrétien pendant 2000 ans, était faux.

Il devenait donc urgent de trouver un nouveau fondement pour cultiver la haine du Juif et faire de lui un usurpateur. C’est l’objet du mythe de « l’occupation de la Palestine ». En faisant du Juif un occupant de la terre des palestiniens qui, non seulement ne se contente pas de la lui voler et qui, de surcroît, le maltraite, il a été possible de créer un nouveau sentiment de révolte à l’égard des Juifs et une espérance renouvelée de le voir tomber, dans une quasi-unanimité internationale. Pour bon nombre, le principe est celui de la roue qui tourne. Grâce au mythe de l’occupation, les Juifs ne vont pas s’en sortir sans avoir à rendre des comptes.

La France se prête bien évidemment à ce jeu sordide. Même si aucun membre du gouvernement français n’était présent lors de la remise du titre (pas même la garde des Sceaux, Nicole Belloubet), il a été attribué par le Premier Ministre Edouard Philippe et remis dans les salons du ministère de la Justice, par l’ambassadeur français pour les Droits de l’homme, François Croquette. Or, ce titre est décerné chaque année (depuis 1988) par la Commission consultative nationale des droits de l’homme. Enfin, la cérémonie s’est tenue le 10 décembre, c’est-à-dire lors du 70e anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du 20e anniversaire de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’homme. Aussi, la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) s’est elle félicité de ce « symbole fort » transmis  au monde (sic).

Israël s’est bien évidemment insurgé contre la remise de ce titre. La vice-ministre des Affaires étrangères, Tsipi Hotovely a adressé une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, et à la ministre de la Justice, Nicole Belloubet. Elle a exhorté la France à « renoncer à remettre ce prix », compte tenu de ce que les rapports de B’Tselem se basaient sur des témoignages « contestables » et qu’Al-Haq était lié aux « milieux terroristes palestiniens » du FPLP. En vain.

Cette comédie française permet ainsi de cultiver le mythe de «l’occupation de la terre palestinienne par les Juifs », de focaliser l’attention des français (et du monde) sur l’injustice que les Juifs imposeraient aux voisins palestiniens, et ce en parfaite violation d’un principe internationalement (voire universellement) reconnu, à savoir celui du respect des Droits de l’Homme. C’est habile. Aussi, les associations Al-Haq et B’Tselem peuvent donc se présenter comme « des organisations harcelées ou soumises à des pressions pour avoir défendu et promu les droits de l’homme » (sic).

La France est en réalité victime d’une erreur commune. A sa décharge, les instances internationales relaient régulièrement ce mensonge de l’occupation de la terre palestinienne par les Juifs. Elle invoquent la résolution 242 de l’Onu du 22 novembre 1967 qui appelle Israël à respecter « la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque Etat de la région et de leur droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues à l’abri de menaces ou d’actes de force ». En réalité, il ne s’agissait pas de la Palestine mais de la Jordanie, occupée, en 1967, dans sa partie occidentale qui se nomme « la Cisjordanie ». Bien que la Jordanie ait renoncé, le 31 juillet 1988, à ce territoire (qu’elle avait annexé en 1951) et qu’elle ait fait la paix avec Israël en 1994, la communauté internationale continue de se référer à la résolution 242, bien que caduque depuis 30 ans.

Il en est de même de la résolution 338 de 1973 (qui se réfère à la résolution 242) ou encore des résolutions qui condamnent l’annexion par Israël de Jérusalem dans sa partie jordanienne (notamment la résolution 478 du 20 août 1980). Le Royaume Hachémite ayant renoncé à Jérusalem-Est en 1988, la partie orientale de la capitale juive n’est plus « occupée ». Mieux, son annexion est rétroactivement validée.

La situation est dès lors parfaitement ubuesque. Non seulement la Jordanie, occupée en 1967, ne l’est plus depuis 1988, mais en outre, la présence israélienne en Judée-Samarie/Cisjordanie (sur la zone A, 60% du territoire) résulte des accords de paix israélo-palestiniens d’Oslo (1993). Pour autant, la communauté internationale continue de déplorer « l’occupation par Israël des territoires palestiniens » alors que les territoires ne sont pas palestiniens mais cisjordaniens, et « gérés militairement et administrativement » pas Israël en vertu des accords de paix signés par feu Yasser Arafat (qui a reçu le Prix Nobel de la paix à ce titre).

Il est donc temps de cesser de mentir pour justifier la haine des Juifs et d’Israël. La vérité finit toujours par éclater. La règle selon laquelle « la vérité du plus fort est toujours la meilleure » n’a plus vocation à jouer. Désormais, la seule règle qui prévaut est celle de « la Vérité, rien que la Vérité, toute la Vérité ».

On a pu, un temps, expliquer que la terre était plate ou que le soleil tournait autour d’elle (en tuant ceux qui soutenaient le contraire). Cela n’a rien changé à sa forme géométrique. De même, on a pu soutenir que le peuple juif était déicide et qu’il devait être placé au ban de l’humanité. La Vérité a finalement prévalu. Elle doit encore être respectée pour ce qu’il en est de la présence juive en Judée-Samarie/Cisjordanie. Le règne du mensonge institutionnel est révolu : il n’y a ni occupation ni spoliation.

 

Par Maître Bertrand Ramas-Muhlbach

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