Le rabbi de Kalov : « le bonheur se trouve au Beth Hamidrach »

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«Tu planteras des vignes et les cultiveras, mais tu n’en boiras pas le vin » (Devarim 28,39)

Nous avons été heureux d’entendre une bonne nouvelle en provenance des communautés juives d’Afrique du Sud : la réouverture des Baté Midrach, après une fermeture de plusieurs mois en raison de l’épidémie.

Dans ces instants-là, un mérite spécial s’éveille dans le ciel pour le peuple d’Israël, lorsqu’on constate qu’il est possible de se réunir, et que le premier lieu où l’on se rend est la maison d’étude, même au prix de difficultés en raison des restrictions en vigueur visant à protéger la santé de chacun.

Le rabbi Lévi Yits’hak de Berditchev zatsal, le « défenseur du peuple d’Israël », sortit un jour dans la rue en plein hiver, alors qu’une pluie drue tombait dehors et un froid terrible régnait. Il croisa un Juif vêtu de haillons qui se rendait au Beth Hamidrach. Le rabbi de Berditchev exprima son étonnement : comment pouvait-il sortir dans la rue par un temps pareil ? Il essaya de lui expliquer qu’il était dispensé de s’y rendre en raison des circonstances, et que dans un tel cas, il était peut-être possible de renoncer à la prière en Miniyan et de prier à la maison. Mais ce Juif refusa de l’écouter. Le rabbi de Berditchev leva alors les yeux au ciel et déclara : « Maître du monde, regarde combien Tu es précieux aux yeux des Juifs qui se rendent à la synagogue même dans des circonstances difficiles, et lorsque j’ai tenté de le dissuader d’y aller, il n’a pas été prêt à m’écouter.»

De nos jours, il est possible de percevoir une différence entre le peuple juif et les autres nations : les Juifs se pressent de retourner prier et étudier dans les maisons d’étude, tandis que les hommes des nations sont préoccupés par l’achat d’alcool, etc. Voici la prière récitée à la fin de l’étude d’un traité : « Nous accourons vers la vie du Monde futur, tandis qu’ils courent en enfer » : nous courons vers le Beth Hamidrach qui nous apporte la vie éternelle, tandis qu’ils courent vers les plaisirs de ce monde-ci et ils finissent en enfer.

On raconte une anecdote sur le rabbi de Berditchev : un jour, avant la récitation des Seli’hoth, il prit un verre d’une bonne liqueur, et se rendit dans une maison aux abords de la ville où vivaient des hommes peu éduqués. Il rencontra un Juif qui dormait, le réveilla et lui tendit le verre de liqueur, pour lui proposer d’en profiter. Mais le Juif répondit : « Il m’est impossible de boire de la liqueur avant d’avoir procédé à l’ablution des mains et avant la prière. » Le rav refit la même expérience avec d’autres Juifs, et tous lui répondirent de manière similaire. Par la suite, il réveilla un non-Juif et lui tendit le verre : ce dernier le lui arracha des mains et finit son contenu d’une traite. Le rabbi de Berditchev leva alors les yeux au ciel et dit : « Maître de l’univers, remarque la différence entre eux. »

On raconte qu’un jour, une veille de Kippour, avant la récitation du Kol Nidré, le rabbi de Berditchev fit une inspection sous les bancs du Beth Hamidrach, puis il déclara : «Maître du monde, si Tu avais prescrit aux nations du monde de multiplier joyeusement leur consommation de nourriture et de boisson la veille de Yom Kippour, un grand nombre d’entre eux se seraient roulés à terre et frappés les uns les autres, en raison de leur ivresse ; en revanche, lorsque Tu l’as prescrit aux enfants d’Israël, j’ai cherché dans tout le Beth Hamidrach et n’ai même pas trouvé un ivrogne, tous sont prêts à prier devant Toi. Grâce à cette attitude louable, ils sont déjà dignes que Tu les inscrives pour une bonne vie. »

Voici ce qui les distingue : le non-Juif voudra boire du vin pour oublier ses soucis et se réjouir pendant une heure, mais un Juif n’en a pas besoin, car il acquiert une joie authentique par la Tora et la prière au Beth Hamidrach, qui remplace le vin pour lui, comme il est dit (Michlé 9,5) : « Buvez du vin que J’ai mélangé» : c’est encore mieux que le vin, comme il est dit (Chir Hachirim1,2) : « Car ton amour est meilleur que le vin. »

La joie s’acquiert principalement, pour le Juif, entre les murs de la maison d’étude, car là où réside la Présence divine, la joie s’épanche, comme il est dit (Divré Hayamim I, 16,27) : «Majesté et splendeur forment son avant-garde. »

D’après nos sources, le Beth Hamikdach était un lieu où régnait la joie, comme il est dit (Tehilim 48,3) : « Joie de toute la terre » ainsi que dans ce passage (Yechayahou 56,7) : « Je les comblerai de joie dans Ma maison de prière.» Nos Sages (dans Meguila 29a) révèlent qu’à notre époque, la Chekhina (Présence divine) réside au Beth Hamidrach, tout comme elle régnait au Temple.

Ainsi, le Maharcha a interprété ce passage (de Meguila) sur ce verset du roi David (Tehilim 122 1,2) : «Je suis dans la joie quand on me dit : « Nous irons dans la maison de l’Éternel. Nos pieds s’arrêtent dans tes portiques, ô Jérusalem. » De ce fait, l’homme s’emplit de joie en se rendant au Beth Hamidrach, car on considère qu’il se rend au Temple à Jérusalem.

Ainsi, mon vénérable ancêtre rabbi Yits’hak Eizik de Kamarna, dans son ouvrage Hékhal Brakha, explique que D’ avait prescrit ceci à Aharon Hacohen (Vayikra 10,9) : «Tu ne boiras ni vin ni liqueur forte, toi non plus que tes fils, quand vous aurez à entrer dans la Tente d’assignation, » du fait que les Cohanim doivent tirer leur joie de la sainteté de leur service au Temple et non du vin.

Relevons également que dans la paracha de Noa’h (Brréchit 9,20, et Rachi sur place) les Écritures condamnent Noa’h pour avoir planté en premier, après le déluge, une vigne afin de pouvoir boire du vin pour dissiper la tristesse. Il aurait dû d’abord construire un Beth Hamidrach pour la Tora et la prière, qui apportent la consolation et la joie de la sainteté.

Nous pouvons affirmer qu’ici, dans la paracha des remontrances, nous trouvons des conseils à appliquer en période de malheur : « Tu planteras des vignes » : créez des maisons d’étude qui seront nommées vignes (‘Erouvin 21b), « et tu les cultiveras (serviras) » : servez votre D’ par la Tora et la prière, «mais tu n’en boiras pas le vin » : vous n’aurez pas besoin de boire du vin pour vous réjouir, car dès que vous aurez l’opportunité de vous rendre à la synagogue, vous vivrez dans le bonheur et la joie.

Chabbath chalom !

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