Le rabbi de Kalov, par. Toldoth – Les critères d’un bon conjoint

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Le rabbi de Kalov, par. Toldoth – Les critères d’un bon conjoint

« Et Essav comprit que les filles de Canaan déplaisaient à Yits’hak son père » (Beréchit 28,8)

On raconte qu’à l’époque où vivait l’Admour rabbi Avraham Yehochoua Heshel de Kapischnitz, il n’était pas rare d’entendre que certains Juifs voulaient épouser des non-Juives, que D’ nous en préserve. L’épreuve était très difficile, et de temps en temps, des Juifs venaient consulter le rabbi pour se plaindre que leur enfant souhaitait s’assimiler parmi les peuples par le biais du mariage, et grâce à son ingéniosité et à son intelligence, le rabbi déjoua un bon nombre de ces tentatives.

Souvent, lorsqu’on venait le trouver pour ce genre de cas, il mentionnait une histoire qui lui était advenue à l’époque de la Shoah à Vienne : lorsque le rabbi avait été emprisonné par les Allemands au début de la Shoah à Vienne, de nombreux Juifs s’étaient réfugiés dans la ville, expulsés de diverses localités. Un soir, alors que le rabbi était en détention, arriva un Juif blessé de la tête aux pieds, qui poussait des cris effroyables. Lorsqu’il fut apaisé, le rabbi l’interrogea sur le sens de ces cris amers. L’homme lui répondit : « Pendant de longues années, j’étais marié à une non-juive, et nous avons habité quarante ans ensemble dans un lieu très isolé, où personne ne pouvait deviner que j’étais juif. Or, mon épouse elle-même partit pour me dénoncer aux autorités. Je mérite donc cette punition, qui l’ai moi-même entraînée.»

Le rabbi de Kapischnitz affirmait qu’avoir été témoin de ces malheurs ces années-là avait été profitable, afin d’entendre notamment cette histoire bouleversante, car par ce biais, il eut le mérite de sauver de nombreuses personnes éloignées du judaïsme, qui revinrent sur leur décision d’épouser une non-juive en entendant cette terrible histoire.

L’Admour et rabbi de Klausenbourg, auteur du Chéfa ‘Haïm, relata qu’à Budapest, capitale de la Hongrie, résidait avant la Shoah un Juif assimilé, qui occupait le poste de président de la banque centrale de Hongrie, et lorsqu’il était en exercice, il sauva la situation économique du pays qui était au bord de la faillite. Mais lorsque les Allemands vinrent le chercher avec l’ensemble des Juifs pour le conduire au camp de concentration d’Auschwitz, son épouse non-juive le quitta et le gouvernement hongrois ne fit aucun effort pour le sauver.

Lorsque l’Admour de Klausenbourg le rencontra à Auschwitz, il tenta de le faire renouer avec ses racines juives, et il lui demanda : « Comment se fait-il qu’à un moment tragique comme celui que tu as vécu, ton épouse non-juive t’ait laissé tout seul, et comment expliquer que le gouvernement hongrois n’ait pas levé le petit doigt pour te sauver ? » Le Juif réfléchit quelques instants, puis répondit : « Maître, j’ai réfléchi à vos propos, et j’ai pris conscience que j’ai fait erreur, et j’ai donc décidé que lorsque nous sortirons d’ici, je renouerai avec le judaïsme et épouserai une femme juive, une authentique Bath Israël. »

Cet exemple a été le cas de nombreuses familles ayant contracté des mariages mixtes pendant la Shoah, et à toutes les époques, les non-juifs ont abandonné les Juifs en détresse et ne les ont pas aidés. Nous en déduisons que la relation entre le Juif et le non-Juif ne peut être ni solide, ni authentique.

La raison en est simple : on sait en effet qu’Essav déteste Yaakov, mais on relève également une autre raison : lorsqu’un Juif épouse une non-juive, cela est en général dû à une attirance superficielle : les jeunes filles non-juives, en effet, portent des tenues et des parfums provocateurs, de manière à attirer le regard et le cœur d’hommes qui voudront les épouser. Lorsqu’un homme désire épouser une femme pour son apparence, il ne réfléchit pas si elle lui est appropriée, et ne vise pas à construire une relation basée sur un amour authentique, car chacun pense uniquement à son propre intérêt. Ce principe s’applique également aux mariages de couples juifs qui se marient uniquement pour l’attirance physique qu’ils ressentent à l’égard de l’autre.

On raconte à ce sujet que l’Admour de Kotsk vit un jour un homme manger du poisson et qui disait : « J’aime le poisson.» Le rabbi lui demanda alors : « Si tu aimes le poisson, comment peux-tu le tuer, le découper en morceaux et le mâcher entre tes dents ? Cela veut dire que tu t’aimes toi-même, et non le poisson ! »

Nos Sages se sont exprimés à ce sujet dans le traité Avot (5,16) : «Tout amour qui est dépendant d’un élément extérieur s’élimine aussitôt cet élément disparu. Quel amour est dépendant d’un élément extérieur ? L’amour d’Amnon et de Tamar. » Amnon aima Tamar uniquement d’un amour superficiel, en raison du plaisir personnel qu’elle pouvait lui apporter, et une fois son désir satisfait, il la répudia avec haine.

Les Juifs dotés de crainte du Ciel tiennent particulièrement à choisir des jeunes filles pudiques dotées de bons traits de caractère, afin de fonder un foyer juif fidèle, comme l’indique la Michna dans le traité Taanit (chapitre 4). Nos Sages avaient l’usage de dire à Jérusalem, à l’adresse de jeunes hommes à la recherche d’épouses : « Jeune homme ! Lève les yeux et regarde ce que tu choisis. Ne te fais pas entraîner par la beauté, mais par la famille. Mensonge que la grâce, vanité que la beauté, la femme qui craint l’Eternel est seule digne de louanges. »

De cette manière, on a le privilège d’épouser une femme de valeur, qui se conduit selon les propos de rabbi Méiri dans son commentaire du Livre de Michlé : « Quelle femme a de la valeur, celle qui respecte son mari avec vénération, qu’il gagne avec peine sa vie ou qu’il la gagne largement, à l’âge de la vieillesse ou à celui de la jeunesse. »

On peut expliquer en ce sens ce verset : « Et ‘Essav comprit que les filles de Canaan déplaisaient » : Essav vit qu’en réalité, les filles de Canaan étaient dépravées et qu’il ne valait pas la peine de les épouser. Le texte précise comment il parvint à cette conclusion : « a Yits’hak son père » : elles déplaisaient à son père Yits’hak, car bien qu’il fût d’un âge vénérable et confiné au lit, ses yeux brillaient de joie de vivre. Cela était dû au fait que son épouse n’était pas une des filles de Canaan qui abandonnaient leurs maris dans les périodes difficiles, il était marié à une femme de valeur, Rivka Iménou, qui se dévouait pour lui, même lorsqu’il était malade et âgé.

Chabbath Chalom !

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