Le rabbi de Kalov sur la parachath Choftim

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Paracha Choftim : sensibiliser nos frères juifs à la Mitsva du Chabbath et de la Chemita

« C’est la justice, la justice seule que tu dois rechercher, si tu veux te maintenir en possession du pays que l’Éternel, ton D’, te destine..» (Devarim 16,20)

Un jour, un pauvre se présenta au domicile de rabbi Chmelke de Nikelsbourg, mais celui-ci n’avait plus rien à lui donner, ayant déjà tout distribué aux pauvres. Il se mit à chercher chez lui et finit par trouver une bague dans une boîte, qu’il offrit au démuni. Au retour de son épouse la rabbanith, celle-ci lui demanda ce qu’il avait donné au pauvre, sachant qu’il n’avait plus aucune pièce à distribuer. Il répondit qu’il lui avait donné une bague qui se trouvait dans le coffre. La rabbanith s’écria alors : « C’est une très belle bague, dotée d’une pierre précieuse, qui vaut trois cents pièces d’or ! »

En entendant ces propos, le rabbi se lança immédiatement sur les traces de l’indigent. Lorsque celui-ci s’aperçut qu’il était poursuivi, il pensa qu’on courait pour lui reprendre la bague, et il accéléra la cadence, mais le rabbi se lança de toutes ses forces à sa poursuite et le rattrapa. Puis il lui dit : « Sache que cette bague est sertie d’une pierre précieuse d’une valeur de trois cents pièces d’or, ne la vends pas à bas prix ! »

Le rabbi de Nikelsbourg affirma ensuite qu’il comprenait mieux ce passage de nos Sages (Chabbath 10b) : « D’ dit à Moché Rabbénou : « J’ai un bon cadeau dans Mon trésor, qui se nomme le Chabbath, va le faire savoir. » Il nous est prescrit de poursuivre les enfants d’Israël pour leur communiquer la valeur immense du présent du Chabbath offert par Hachem, afin qu’ils soient avertis de ne pas l’échanger à bas prix contre un profit, très loin de la valeur incommensurable du Chabbath.

C’est une Mitsva particulière d’inciter d’autres Juifs à respecter le Chabbath. Dans le Or Ha’haïm, il est écrit sur le verset (Chemoth 31,16) : «Les enfants d’Israël seront donc fidèles au Chabbath, en l’observant » : c’est une Mitsva pour chaque Juif de respecter le Chabbath et de veiller à ce que d’autres Juifs le respectent et ne le transgressent pas.

Toute personne qui confère des mérites par le respect du Chabbath a un immense salaire. L’auteur du Min’hat Eléazar de Mounkatch interprète les termes du cantique Kol Mekadèch entonné le soir de Chabbath : Kol chomèr Chabbath kedat me’halélo » : toute personne qui respecte le Chabbath selon les règles afin de ne pas le profaner, il respecte le Chabbath de manière authentique et veille au respect du Chabbath, alors : « Skhraro harbé meod » : son salaire est très grand, bien plus que celui qui veille uniquement au respect de son propre Chabbath. Car celui qui incite les autres à respecter le Chabbath est considéré comme s’il avait lui-même respecté tous les Chabbatoth qu’ils observeront tout au long de leur vie.

À ce sujet, rav Zalman Sorotzkin raconte que lorsqu’il occupait le poste de rav de Zathil, un résident de la localité possédait une carriole et commença à profaner le Chabbath, sourd aux admonestations du rav de la ville l’enjoignant à se repentir. Le père du jeune homme aurait pu inciter son fils à cesser de profaner le Chabbath, mais il préféra fermer les yeux.

Un jour, le rav Zalman eut l’occasion de voyager en train, dans le wagon de l’illustre ‘Hafets ‘Haïm. Au même moment, le père du jeune homme profanateur du Chabbath, monta également dans le même wagon et demanda au ‘Hafets ‘Haïm une Berakha pour guérir d’une maladie sévère dont il souffrait.

Le ‘Hafets ‘Haïm ne connaissait pas cet homme, mais à la stupéfaction de toutes les personnes présentes, il répondit, doté de l’esprit prophétique : « Les bénédictions sont entre les mains du Chabbath, qui a été béni pour être la source de la Berakha. Si tu respectes le Chabbath conformément à la Halakha et que tu bénéficies de sa bénédiction, Israël Méir [lui-même] te fera une Berakha, mais sans cela, c’est impossible. »

Et le ‘Hafets ‘Haïm de poursuivre : « Tu pourrais me rétorquer que tu respectes le Chabbath et que tu mérites la bénédiction. Or, regarde ce qui est écrit dans la Tora : « Tu n’y feras aucun travail, toi, ton fils ni ta fille. » Cette mise en garde ne figure pour aucune autre Mitsva de la Tora. Il n’est écrit nulle part : « tu ne mangeras pas de viande avec du lait, toi, ton fils ni ta fille. » Cette mise en garde apparaît uniquement à propos du Chabbath. Le Chabbath, le père est responsable de ses enfants, donc si tu observes le Chabbath, mais que ton fils conduit en ce jour saint, tu ne bénéficieras pas de la Berakha du Chabbath et Israël Méir ne pourra pas te bénir. »

Le père fut surpris de l’esprit prophétique du ‘Hafets ‘Haïm, qui connaissait la conduite de son fils, bien que personne ne l’en ait informé. Il promit d’influer sur son fils afin qu’il ne conduise plus le Chabbath. C’est uniquement à ce moment-là que le ‘Hafets ‘Haïm le bénit, et sa bénédiction s’accomplit dans son intégralité : l’homme se rétablit de manière prodigieuse.

Ce principe fondamental est mentionné également dans les ouvrages saints à propos de la Mitsva de Chemita, le repos de la terre la septième année, à propos de laquelle il est dit (Vayikra 25,2) : « La terre sera mise à un chômage » : la Mitsva de Chemita a ceci de particulier que tous les Juifs respectent le repos de la terre l’année sabbatique, en encourageant et en aidant les propriétaires de terrains à laisser leurs terres en jachère la septième année. Tous pourront alors bénéficier de la promesse mentionnée pour ceux qui respectent la septième année (Vayikra 25,21) : « Je vous octroierai Ma bénédiction. »

Lorsque les enfants d’Israël accomplissent ces deux Mitsvot, le Chabbath et la Chemita, ils communiquent ainsi un message puissant de confiance en D’. Ils sont prêts à réaliser la Mitsva du Créateur en s’abstenant de tout travail, confiants que tout provient de D’. C’est pourquoi, pour ces deux Mitsvoth en particulier, il existe un commandement particulier d’encourager les autres à les observer, afin d’accroître la gloire divine dans le monde. Une grande bénédiction en découle, et par leur mérite, nous aurons droit à la Gueoula.

Nous pouvons lire notre verset dans cette perspective : « C’est la justice, la justice seule que tu dois rechercher » : la justice fait référence à la Émouna, comme le suggère le Zohar sur la Paracha de Balak (198b) : cherche à sensibiliser les Juifs à respecter la Mitsva du Chabbath et celle de la Chemita, qui mettent en avant la Émouna, « si tu veux te maintenir en possession du pays que l’Éternel, ton D’, te destine.» : ainsi, vous mériterez une bonne vie et la Délivrance, bientôt et de nos jours.

Chabbath Chalom !

« Tu prélèveras la dîme.» (Devarim 14,22)

Deux amis fidèles étaient extrêmement liés et très dévoués l’un envers l’autre. Un jour, des mécréants inventèrent une histoire de toutes pièces sur l’un d’entre eux, et dans ce sillage, on le traîna au tribunal qui le condamna à mort. Son fidèle ami fit tout ce qui était en son pouvoir pour le sauver de ce funeste décret, mais ses efforts ne portèrent pas leurs fruits. Lorsque l’homme fut conduit vers l’échafaud, son ami ne put se contenir, accourut vers la potence et hurla au bourreau : « Arrête, ne tue pas un innocent. C’est moi le coupable, mets-moi la corde au cou. » Mais le coupable rétorqua en hurlant : « Ne le crois pas, il cherche uniquement à me sauver. C’est moi le véritable coupable.»

Suite au tohu-bohu créé, le bourreau n’exécuta pas la sentence, mais confia l’affaire aux soins du souverain. Celui-ci, surpris, demanda aux deux amis de comparaître devant lui. Les deux amis lui racontèrent la vérité. Le souverain, très touché, leur dit alors : « Comme j’ai remarqué que vous étiez liés par une amitié indéfectible, j’aimerais également faire partie de votre cercle. De grâce, associez-moi comme troisième partenaire, et j’annulerai la sentence. »

Avec ce récit à l’esprit, rabbi Israël de Rouzyne interprète le verset (Vayikra 19,18) : « Tu aimeras ton prochain comme toi, Je suis Hachem. » Lorsque tu aimeras véritablement ton prochain comme toi-même, alors Moi, Hachem pour ainsi dire, Je souhaiterai participer à ton association, et J’annulerai tous les mauvais décrets.

Nos Sages ont expliqué la raison pour laquelle le Ari zal institua de prendre sur soi la Mitsva d’aimer son prochain comme soi-même avant la prière, qu’ils éclairent par une parabole : il était une fois deux frères Reouven et Chimon. D.ieu accorda à Reouven une immense richesse, mais comme c’est souvent le cas, il était très pingre, tandis que Chimon souffrait de la pauvreté. Lorsque les filles de Chimon furent en âge de se marier, sa situation était très précaire, et il se résolut à demander de l’aide à son frère, bien mieux loti que lui.

Chimon frappa à la porte de son frère, mais lorsqu’il demanda au serviteur de transmettre au maître de maison que son frère désirait le rencontrer, Reouven comprit de suite que Chimon le sollicitait pour un don. Il demanda donc à son serviteur de répondre qu’il ne se connaissait pas de frère nommé Chimon. Chimon repartit humilié et sur le chemin de retour, passa par la maison de son père, à qui il fit part de cette rencontre humiliante.

Quelque temps passa et un jour, Reouven rendit visite à son père. Or, au lieu que son père l’accueille avec le sourire, il lui demanda froidement : « Qui es-tu ? Je ne te connais pas.» Reouven lui répondit: « Papa, tu ne me reconnais pas, je suis ton fils Reouven ! » Mais le père s’obstina à répondre qu’il ne le connaissait pas du tout. Le fils se mit à pleurer devant son père et le supplia de ne pas le répudier alors qu’il était innocent. Le père lui rétorqua alors : « J’ai un fils qui s’appelle Chimon, et si tu as dit qu’il n’est pas ton frère, dans ce cas, tu n’es pas mon fils…»

Le message va de soi : lorsqu’un homme vient prier devant notre Père céleste, et dit : Hachivénou Avinou letoratékha (Fais-nous revenir, notre Père, vers Ta Tora), Av Hara’haman chema kolénou (Père compatissant, écoute notre voix), et d’autres suppliques, il doit tout d’abord prêter attention aux enfants de D’, à ses frères juifs. En conséquence, seul un homme qui accepte la Mitsva d’aimer son prochain comme soi-même peut adresser une prière à D’.

Rabbi Naftali Tsvi de Rapchitz raconte que dans son enfance, il étudia la prière chez un enseignant Tsadik, et lorsqu’il arriva au Nom de D’ – qui, comme c’est l’usage, n’était pas mentionné par écrit, mais remplacé par deux Youd – l’enseignant lui expliqua que lorsqu’on trouve ces deux Youd, il s’agit du Nom de D’.

L’enfant arriva à la fin d’un verset où figure un double-point, et pensant qu’il s’agissait de deux Youd, dit à voix haute le Nom divin. L’enseignant lui expliqua qu’il ne s’agissait pas du Nom divin, mais de la fin d’un verset. L’enfant s’enquit alors : « Pourquoi, lorsqu’il y a deux Youd au milieu d’un verset, il s’agit du Nom de D’, alors qu’à la fin du verset, lorsqu’il y a deux points, il ne s’agit pas du Nom de D’ ?

L’enseignant répondit avec finesse : « La différence, c’est lorsque deux Youd – terme qui ressemble au terme Yiddish de Yidden, des Juifs – sont assis l’un à côté de l’autre dans la paix et l’union, le Nom de D’ est créé, mais à la fin du verset, lorsque les deux Youd ne sont pas assis côte à côte, mais l’un au-dessus de l’autre, comme si l’un se sentait supérieur à l’autre, il ne s’agit pas du Nom de D’. »

Le rabbi de Rapchitz indique qu’il faut interpréter en ce sens le verset : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même » –si tu aimes vraiment ton prochain comme toi-même, dans le sens de l’un assis à côté de l’autre, et non l’un au-dessus de l’autre, alors Moi Hachem – le Tétragramme – réside parmi vous avec l’attribut de compassion.

Nous pouvons y trouver une allusion dans le verset de notre paracha mentionnant la Mitsva de prélever le Ma’asser, la dîme. Il s’agit d’une Mitsva où l’on donne son argent à autrui, par amour et désir d’unité, d’où l’emploi des termes : Asser Te’asser, car la lettre Youd représente le chiffre dix, et ce dédoublement de langage est une allusion aux deux Youd assis côte à côte, qui ensemble, forment le Tétragramme. Par le biais de la Mitsva de Ma’asser et de Tsedaka, la sainte Chekhina (Présence divine) réside parmi nous ainsi que l’attribut de miséricorde. Nous avons ainsi droit à la réalisation de la promesse de nos Sages (Chabbath 119a) : « Donne le Ma’asser afin de t’enrichir », et bénéficions d’un influx de richesse matérielle et spirituelle.

Chabbath Chalom !

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