Le rabbi de Kalov sur par. Vayichla’h : la valeur d’une prière en public

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« Ya’akov étant resté seul, un homme lutta avec lui » (Beréchith 32,25).

Un jour, alors que le Ba’al Chem Tov priait avec ses élèves en Minyan, il prolongea beaucoup la prière du Chemoné Essré, mais ses élèves ne prolongèrent pas comme lui et achevèrent leur prière bien avant lui, et l’attendirent longtemps. Lorsque le temps d’attente se prolongea encore plus, chacun partit pour vaquer à ses occupations. Quelque temps plus tard, ils se réunirent à nouveau à la synagogue pour attendre que leur maître finisse sa prière.

Le Ba’al Chem Tov leur reprocha ensuite de l’avoir laissé seul dans sa prière, sans Minyan de dix hommes, et leur expliqua qu’il avait besoin de leur présence pour pouvoir agir dans sa prière. Il leur livra à ce sujet une très belle parabole : la nature de nombreux oiseaux est de quitter en hiver leur pays pour se rendre dans des pays chauds. Un jour, les habitants de l’un de ces pays aperçurent, parmi les volatiles, un bel oiseau rare et multicolore, perché sur un grand arbre où il était impossible d’accéder pour le saisir. Lorsque le roi entendit parler de cet oiseau, il ordonna de rassembler de nombreux hommes et de former une échelle humaine, un homme sur les épaules du suivant jusqu’à ce que l’homme tout en haut puisse attraper l’oiseau rare et le transmettre au roi. Or, au moment où ces hommes étaient l’un sur l’épaule du suivant, ceux qui se trouvaient en bas commencèrent à se disperser, si bien que les hommes du dessus tombèrent et se blessèrent. Ils devinrent la risée de tous, et échouèrent dans leur mission.

La leçon : le Baal Chem Tov aurait pu attirer de grands influx du Ciel dans sa prière, en présence de neuf autres Juifs associés à sa prière à la synagogue, mais lorsque les fidèles le laissèrent seuls, et que chacun partit de son côté, son projet échoua, et ce que le Ba’al Chem Tov voulait atteindre lui échappa.

Nous déduisons de ce récit une leçon capitale : lors d’une prière en collectivité, chaque Tefila s’associe à la suivante et s’élève dans le Ciel, ce qui n’est pas le cas d’une prière individuelle, même celle du vénérable Ba’al Chem Tov, qui ne fut pas en mesure de s’élever en l’absence de la contribution de la communauté.

Ainsi, la Guemara de Berakhoth dit : « D’où savons-nous que Hachem n’est pas rebuté par la prière collective ? Comme il est dit (Yov 36,5) : « Vois D’ est puissant et Il ignore le dédain. » » Nous apprenons de là la valeur du Koa’h Harabim, une prière de la collectivité, qui est toujours productive.

Dans le Midrach (Ekha rabati 3,8), ce thème est expliqué par rav A’ha par le biais d’une allégorie : des hommes avaient fabriqué une couronne pour un roi. Parmi eux se trouvait un homme pauvre qui avait donné sa part de pauvre. Cette contribution du pauvre ne pourrait pas entraîner le roi à refuser la couronne ; il l’accepta aussitôt et la posa sur sa tête. De la même façon, si dix hommes adressent une prière à Hachem, Il l’agrée, même si tous ne sont pas vertueux.

Nos Maîtres mentionnent dans les ouvrages sacrés une autre parabole à ce sujet :
sur la couronne du roi, on insère de beaux diamants onéreux en guise de décoration. De même, on ajoute quelques trous de diverses formes pour lui donner une belle apparence. Si on faisait ces trous dans le mur ou dans une belle peinture, elle s’abîmerait, mais lorsque c’est sur une couronne, celle-ci devient plus jolie et majestueuse.
La Tefila fonctionne sur le même modèle. Lorsqu’un homme prie seul, on vérifie sa prière et on y découvre des trous et des manques, un manque de Kavana ou un manquement dans ses actions. Mais lorsqu’un homme prie en communauté, on ne s’attarde pas sur lui, même si sa prière n’est pas parfaite, elle s’élève malgré tout avec l’ensemble des prières communes pour devenir une couronne de Hachem. Même si sa prière n’a pas mérité d’être pure et dotée de valeur, et ne se transformera pas en diamant, mais uniquement en trou, malgré tout, un trou dans une couronne est considéré comme un ornement.

De plus, dans le Zohar (Beréchith 495a), il est dit à propos de ce verset (Tehilim 102,18) : « Il se tourne vers la prière du pauvre dénudé » : il est écrit : « Il se tourne » et non « Il entend », du fait de la différence entre la prière individuelle et collective. Lorsqu’un individu prie, le Saint béni soit-Il se tourne et vérifie s’il a l’intention appropriée et s’il est vertueux, mais lorsque les hommes prient en collectivité, cette prière monte devant Hachem, Qui ne regarde pas dans le détail les intentions et les pensées des fidèles, mais accepte aussitôt leur prière. Comme dans la fin de ce verset : « Il ne dédaigne pas ses invocations. » En présence de la collectivité, même si parmi eux se trouvent des hommes dont il aurait fallu dédaigner la prière, compte tenu de leurs méfaits, malgré tout, Il ne dédaigne pas leur prière.

À ce sujet, rabbi Israël de Modjitz, dans son ouvrage Divré Israël, interprète cet adage de nos Sages : « Une chose non fongible ne s’annule pas, même dans une quantité de mille » : une prière récitée en présence d’un Minyan, même si elle a mille opposants, ne s’annule pas. En effet, Hachem n’écoute pas les anges qui portent une accusation contre une prière récitée en communauté.

Dans l’ouvrage Michméreth Itamar, à la fin de la paracha de Michpatim, l’auteur écrit qu’un jour, il se plaignit auprès de son maître, le ‘Hozé de Lublin, en expliquant qu’il avait des difficultés dans plusieurs domaines. Son maître lui répondit que la solution consistait à prier toujours en Minyan, et à ne pas se contenter de prier tout seul. En effet, lorsqu’il est possible de prier en collectivité et que l’on s’en abstient, on attire à soi des accusations.
Nous découvrons ici une allusion à cette idée dans le verset du combat du Satan contre Ya’akov Avinou : « Ya’akov étant resté seul » : lorsqu’un Juif prie seul, sans Minyan, alors : « un homme lutta avec lui » : il entraîne le Satan à se battre contre lui et à éliminer la valeur de sa prière par son accusation, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il prie en collectivité, où il n’est pas en mesure d’empêcher sa prière de monter au Ciel.

Chabbath Chalom !

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