Le rabbi de Kalov sur Pin’has : un appel à la Techouva

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Paracha Pin’has : un appel à la Techouva

« Par un miracle divin » (Bamidbar 26,10)

Lorsque les Juifs sont frappés de malheurs qui sortent de l’ordinaire, et que cela se produit dans des endroits protégés, il faut l’attribuer à l’intervention de la Hachga’ha pratit, la Providence divine de notre Père compatissant et omnipotent. Il agit de manière contraire à la nature afin que nous comprenions qu’il ne s’agit pas d’un hasard, que nous sortions de notre torpeur pour revenir vers Lui et méritions la Gueoula.

Nos Tsadikim illustrent cette idée par une parabole extraordinaire : un enfant partit se promener avec son père dans la forêt, et ce dernier avertit son fils ne pas lui lâcher la main, afin qu’il ne s’égare pas entre les arbres de la grande forêt. Mais lorsque l’enfant aperçut au cœur de la forêt un bel oiseau qui sautillait et chantait d’une belle voix, il désobéit à son père et lâcha sa main pour s’élancer derrière l’oiseau.

Quelque temps après, l’enfant remarqua que son père n’était plus à ses côtés et qu’il était tout seul. Il s’imagina que son père devait être très fâché qu’il lui ait désobéi, au point de ne plus désirer un tel fils. En conséquence, il avait décidé de ne pas le chercher, mais de le laisser seul dans la forêt. L’enfant, brisé, s’assit au sol, désespéré et triste, terrifié de se retrouver nez à nez avec les bêtes sauvages qui circulent dans les bois.
Subitement, l’enfant reçut un coup violent dans le dos. Il eut le sentiment d’être frappé par un bâton et comprit que cela ne venait pas d’une bête sauvage, car ce n’est pas dans la nature de l’animal de frapper avec un bâton. Il en conclut que son père le frappait avec un bâton. Au même moment, il se réjouit : le fait que son père l’ait cherché et frappé était le signe qu’il l’aimait, se souciait de lui et désirait l’éduquer, et il n’était plus seul au monde.

Le père continua à frapper son fils à plusieurs reprises pour le punir de l’avoir abandonné, car il redoutait que son fils bien-aimé se sépare à nouveau de lui par la suite, avant qu’ils ne quittent la forêt, et c’est uniquement par la sanction qu’il redouterait de commettre la même faute. L’enfant intelligent comprit que cette sanction visait son bien, et tout joyeux, se releva et tomba dans les bras de son père qu’il serra avec affection. Le fils serra fortement la main de son père, et c’est de cette façon qu’ils quittèrent la forêt.

La morale de l’histoire : lorsque nous nous dévoyons, entraînés par le Yétser Hara’ et nous éloignons de notre Père au ciel, Il souhaite que nous nous repentions et nous attachions à Lui. Il nous frappe alors de malheurs inhabituels, afin que nous comprenions que ces catastrophes n’adviennent pas au hasard du fait que D’ a détourné Sa face de nous, qu’Il ne nous protège pas et ne nous désire pas, au contraire, Il nous frappe afin de nous inciter à revenir à Lui pour mériter qu’Il nous délivre de l’exil.

C’est en substance les propos du roi David (Tehilim 23,4) :« Dussé-je suivre la sombre vallée de la mort, je ne craindrais aucun mal, car Tu serais avec moi ; Ton soutien et Ton appui seraient ma consolation. » Lorsque je sens les coups de Ton bâton, je suis consolé de savoir que Tu es auprès de moi.

C’est dans cet esprit que rabbi Yo’hanan Eibeshitz, dans son ouvrage Ye’aroth Dvach commente le verset (Tehilim 3,1) : « Psaume de David, quand il prit la fuite devant son fils Avchalom » : le roi David avait composé des chants alors que son fils Avchalom le poursuivait pour le tuer, car c’est contre-nature pour un fils de faire preuve de cruauté envers son père, et il comprit que ce malheur lui était envoyé du ciel pour expier une faute.

On observe également ce phénomène pour le Beth Hamikdach : selon le cours naturel des événements, il était impossible de conquérir Jérusalem, comme il est dit (Ekha/Lamentations 4,12) : « Ils ne pouvaient croire, les rois de la terre, les habitants du globe, qu’un ennemi victorieux franchirait jamais les portes de Jérusalem » et c’est uniquement par le biais d’un miracle que le portail de la ville s’ouvrit lorsque Nabuzaradan donna un petit coup, et d’autres malheurs s’abattirent de manière inhabituelle, afin que les Juifs soient incités à se repentir.

Cette réalité était consolatrice : D’ n’avait pas disparu du sein du peuple d’Israël, comme l’indique le commentaire du verset (id. 4,10) : « De leurs propres mains, de tendres femmes ont fait cuire leurs enfants, pour s’en nourrir » : un tel malheur, totalement contre-nature, était de nature à consoler : tout advient par l’intervention de la Hachga’ha.

On observa également ce genre de phénomènes pendant la Shoah ; les chercheurs s’évertuèrent à comprendre comment, dans un monde évolué, un groupe d’hommes avaient réussi à dominer de nombreuses grandes puissances et à tuer des millions de Juifs. Il y a dans ce domaine de nombreux points non élucidés et incompréhensibles selon le cours naturel des choses, car il s’agissait d’un décret divin qui opéra au-delà des lois de la nature.

On raconte également qu’un Tsadik se trouvait dans les camps de concentration et y perdit sa femme et ses enfants, que D’ nous en préserve. Lorsqu’il entendit des hommes s’écrier : « Où est Hachem ?», il leur répondit : « Hachem est ici, nous Le voyons plus que par le passé, car ici, rien ne suit le cours naturel des choses. »

C’est un grand principe qu’il convient de méditer. Lorsqu’on échappe à un malheur de manière surnaturelle, l’usage est de dire qu’il s’agit d’un miracle (Ness) envoyé du ciel, du langage de Siman (signe), qui indique la Providence du Créateur. Il faut savoir qu’en cas de malheur surnaturel, il s’agit d’un signe envoyé du Ciel.

Nous relevons cette idée dans une des parachiyoth précédentes : après le récit de Kora’h et de ses disciples, lorsque la terre s’ouvrit pour les engloutir et qu’un feu sortit pour frapper une partie des enfants d’Israël, la question se pose : pourquoi le décret de mort n’est-il pas intervenu de manière naturelle ? « Par un miracle divin » : ces événements étaient destinés à montrer qu’il s’agissait d’un miracle surnaturel. C’était un appel de notre Père céleste pour nous secouer et nous inciter à la Te’chouva. Et de cette manière, nous mériterons la Guéoula.

Chabbath Chalom !

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