Le rabbi de Kalov : un remède spirituel pour endiguer l’épidémie

0
686

Ki Tissa : « Chacun d’eux paiera au Seigneur le rachat de sa personne lors du dénombrement, afin qu’il n’y ait point de mortalité parmi eux à cause de cette opération » (Chemoth/Exode 30,12).

Lorsqu’une épidémie se répandit en Europe à l’époque de rabbi Pin’has de Koritz, le rabbi fit remarquer à ses élèves que la maladie se propageait plus rapidement dans les lieux où le mensonge est répandu, où le taux de mortalité enregistré était plus élevé. Mais dans les lieux où on l’on veillait à s’éloigner du mensonge, on ne mourait pas de la maladie.

Ce phénomène se répéta également pour la peste noire (en 1348) qui a été la plus grande épidémie de l’histoire. Elle commença à se développer en Italie, l’ancien empire romain, dont l’appellation Romi vient de Ramaï (roublard) : c’est la suite de l’empire d’Edom, dont la figure de proue, Essav, était roublard et menteur, comme l’indique la Guemara (Avoda Zara 11b).

La Guemara de Sanhédrin fait le récit suivant (Sanhédrin 87) : dans la ville de Kouchta vivaient des hommes qui disaient toujours la vérité, et grâce à cette conduite, ils méritèrent qu’aucun d’entre eux ne mourut avant son temps. Lorsque rav Tavyomi épousa une femme issue de Kouchta, il s’installa dans cette ville et au bout d’un certain temps, ils eurent deux fils. Un jour, alors que son épouse se lavait les cheveux, l’une de ses voisines arriva chez elle et demanda où se trouvait la maîtresse de maison. Rav Tavyomi pensa qu’il n’était pas sympathique de dévoiler où se trouvait son épouse, et il répondit donc qu’elle n’était pas à la maison. Peu de temps après, les deux fils de rav Tavyomi périrent. Les habitants de Kouchta vinrent le trouver et lui demandèrent ce qui s’était passé ; en effet, un tel incident n’avait jamais eu lieu à Kouchta. Rav Tavyomi leur relata l’incident où il avait menti à la voisine. Les habitants de Kouchta lui répondirent aussitôt : s’il te plaît, quitte notre ville, pour éviter que de tels cas se reproduisent ici.

Ce principe trouve sa source dans les Tehilim, comme le rapporte le Midrach (Vayikra Rabba 16,2) : un marchand ambulant passait d’une localité à l’autre et faisait l’annonce suivante : qui veut acheter une essence de vie ? Rabbi Yanaï demanda à ce marchand d’entrer chez lui. Le marchand lui répondit : cette épice n’est pas pour vous, ni pour des hommes de votre espèce. Rabbi Yanaï insista pour qu’il monte chez lui, ce qu’il fit. Il lui demanda : où se trouve cette épice de vie que tu vends ? L’homme sortit un livre de Psaumes de sa poche et lui indiqua les versets (34,13-14) : « Quel est l’homme qui souhaite la vie, qui aime de longs jours pour goûter le bonheur ? Préserve ta langue du mal, et tes lèvres des discours perfides. » Rabbi Yanaï s’émerveilla des propos du marchand et avoua que toute sa vie, il n’avait pas saisi la puissance de ces versets, jusqu’à l’arrivée de ce marchand qui avait incarné combien le fait de préserver sa langue était une essence de vie.

Ce principe est d’autant plus valable en période d’épidémie, lorsque les hommes cherchent vainement un remède matériel contre une épidémie, il faut avoir à l’esprit ce remède spirituel : le respect des lois du langage.

Un jour, le Juif kadoch de Peschiskha zatsal demanda à son élève, rabbi Bounam de Peschiskha et à ses amis, de prendre la route sans les avertir du but de leur voyage ni de la destination. Les disciples se mirent en route et arrivèrent à une auberge, où le propriétaire voulut leur préparer un repas. Mais les ‘Hassidim s’enquirent de la cacherouth de chaque aliment, de l’identité de l’abatteur rituel de la viande, si elle avait été dûment salée, etc. On entendit soudain la voix d’un homme vêtu de haillons derrière le four, qui cria à leur intention : « ‘Hassidim, hommes pieux, vous êtes extrêmement pointilleux pour ce que vous vous apprêtez à mettre en bouche, mais pourquoi n’êtes-vous pas aussi stricts sur ce qui sort de votre bouche ? » Les ‘Hassidim comprirent alors la raison pour laquelle leur rav les avait envoyés en chemin, pour entendre ces propos de Moussar.

Ce principe concerne également une période d’épidémie : les hommes sont très vigilants de ne rien mettre en bouche qui puisse les contaminer, mais retenons qu’il faut exercer la même vigilance pour notre langage, pour éviter le mensonge.

Le principal facteur qui pousse à mentir est l’idée que l’on peut être gagnant en mentant. Il convient toutefois de se renforcer en Emouna et en confiance en D’ : tous les événements sont orchestrés par la Providence divine, et on ne peut rien gagner en transgressant la volonté du Créateur. De ce fait, un homme doté de confiance en D’ dit toujours la vérité et bénéficie d’une longue vie, comme il est dit (Tehilim 55,24) : « Les hommes de sang et de perfidie ; ils n’atteindront pas la moitié de leurs jours. Quant à moi, je mets ma confiance en Toi.»

De même, dans la Michna, à la fin du traité Sota (49b), le Tana explique qu’avant la venue du Machia’h, « la vérité sera absente », et le Tana de conclure à la fin de la Michna : « Sur quoi pouvons-nous nous appuyer ? Sur notre Père au Ciel.» On peut l’interpréter de la façon suivante : avant la venue du Messie, le monde sera plongé dans le mensonge, et une épidémie pourra se propager dans le monde, les enfants d’Israël devront se renforcer dans leur Emouna et s’appuyer sur notre Père au Ciel, renforçant ainsi la vertu de la vérité, et l’épidémie n’aura pas d’emprise sur eux.

On y trouve une allusion au début de notre Paracha : « Chacun d’eux paiera à D’ le rachat de sa personne lors du dénombrement, afin qu’il n’y ait point de mortalité parmi eux à cause de cette opération : « le rachat de sa personne (Bifkod otam)» fait allusion à la période précédant la venue du Machia’h, car le terme Bifkod indique un manque, comme il est dit (Bamidbar 31,49) : « Et il n’en manque pas un seul » : le terme otam est formé des mêmes lettres que le terme Emeth (vérité). Il a été prescrit aux enfants d’Israël : « Chacun d’eux paiera à D’ le rachat de sa personne lors du dénombrement » : ils donneront le recouvrement de leur personne, et ils vivront grâce à D’, ils se renforceront en Emouna et en confiance en D’ en s’appuyant exclusivement sur D’ dont tout dépend, et se renforceront dans la vertu de la vérité, « afin qu’il n’y ait point de mortalité parmi eux à cause de cette opération», Amen.

Chabbath Chalom

Aucun commentaire

Laisser un commentaire