Le rav Gold : sans IPhone ni net…

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Autour de la Table de Chabbat n° 324 Pourim !

Un ami m’a confié dernièrement : « Tu sais David, une fois j’ai eu une bonne et agréable conversation avec ma femme. J’étais tranquillement assis dans le salon avec elle. Je lui ai proposé d’avoir telle et telle activité…. A chaque proposition, mon épouse acceptait de tout cœur, et acceptait tout ce que je disais… J’étais aux anges…Puis je me suis réveillé… » Pourim, Pourim « …

Jeudi prochain le Clall Israël fêtera Pourim. Il s’agit d’une fête instituée par les Sages pour commémorer un grand miracle. L’histoire se déroule sous les cieux peu cléments de la Perse antique, il y a 2500 ans. Cette longue histoire se déroule sur près d’une dizaine d’année avec pour principaux « acteurs » Assuérus (A’hashvéroch) et son acolyte Haman, de mémoire maudite, et, lehavdil, Mordechaï et Esther, que leurs souvenirs soient bénis. Cette histoire véridique se passe dans le secret des longs couloirs du palais d’Assuérus. A l’époque il n’y avait pas de IPhone ni de net pour savoir, plus ou moins en temps réel, ce qui s’y passait. Cependant les Yeux saints de la Providence divine n’ont pas besoins de tout cet attirail pour contrôler et agir au-delà des murailles les plus épaisses. De plus, la droiture et la prière de Mordechaï et d’Esther déjoueront le plan machiavélique de Haman.

Mes fidèles lecteurs savent déjà que Haman est le descendant du roi ‘amalécite Aggag (voir le développement de la semaine dernière). Or, le peuple de ‘Amaleq a une haine viscérale contre le peuple du Livre un peu comme certains ukrainiens, russes et allemands de la 2ème guerre mondiale, ainsi que les iraniens, les syriens et tous les révisionnistes qui pullulent dans la vieille Europe et l’Amérique, et j’en passe… D’une manière générale Hachem protège Son peuple envers et contre tous. Cependant, à l’époque d’Assuérus les choses avaient changé. En effet, nous sommes après le premier exil de la Terre Sainte et de la destruction du Temple. Beaucoup considéraient de manière erronée que, puisque Hachem ne voulait plus de Son peuple sur la terre, il n’y avait plus d’espoir en la rédemption du Clall Israël et dans la pratique des Mitsvoth… C’est à ce moment des plus sombres qu’Assuérus invita le peuple à participer à son énorme festin (durant 180 jours, plus une semaine supplémentaire pour les gens de la capitale). L’idée sous-jacente était d’amener le peuple juif à son assimilation totale au « way of Live de Perse » et aussi de faire fauter le peuple lors de ces orgies. Malheureusement le mal s’accomplira puisque la communauté participera à ces festivités. La Guemara enseigne que, de ce fait, un terrible décret sera pris depuis les Cieux contre le Clall Israël. Cependant la prière de deux personnes changera le cours de l’histoire : celle de Mordechaï et d’Esther. En plus, le Midrach enseigne que nos saints Patriarches prieront pour la sauvegarde de la communauté. Moché Rabénou demanda aux anges : « Est-ce que le décret divin est signé avec un sceau de grès (de terre) ou de sang ? » C’est-à-dire qu’il voulait savoir si la décision du Ciel était inéluctable ou non ? On lui répondit que la signature est de grès. Moché demanda alors : « Est-ce qu’il existe un homme Tsadik sur terre ? » On lui répondit par l’affirmative en citant Mordechaï. Moché demanda qu’on informe Mordechaï de la situation tragique afin qu’il prie et dit : « Lui (Mordechaï) en bas (sur terre) et moi dans les cieux pourrons inverser le cours de l’histoire ». De suite le prophète Elyahou, que son souvenir soit béni, préviendra Mordechai de l’imminence de la catastrophe. Mordechai prendra le cilice, jeûna et fit en sorte que toute la communauté s’associe à ses prières. Le Alchikh Hakadoch enseigne qu’il existe une allusion à ce fameux sceau de grès développé par le Midrach dans la Meguila. Haman dit au roi : » Si le roi est d’accord, qu’il écrive un décret d’extermination du peuple (juif) et 10 000 Kikars (mesure de poids) d’argent seront attribués au trésor de la royauté ». Or le mot signifiant « extermination » (en hébreu) c’est « LeAvdam » (les faire perdre) qui peut se lire LoBedam, c’est-à-dire « pas par le sang ». C’est une allusion que le décret n’était pas scellé d’un sceau de sang). Intéressant, n’est-ce pas ?

Les commentateurs expliquent la différence fondamentale qui existe entre Pessa’h et Pourim. A la sortie d’Egypte Hachem S’est dévoilé à l’humanité comme Roi de l’univers qui peut changer les lois naturelles à sa guise. A Pourim, la Providence divine s’exerça cette fois dans les coulisses de l’histoire. Du point de vue du chroniqueur du « Suze’s Times », les évènements s’enchainent sans aucun rapport les uns avec les autres. Cependant ce n’est qu’à la fin que l’on découvre le fil conducteur parfait des évènements. Par exemple les Sages dévoilent que la capitale de la Perse n’était pas au départ Suze, qui est une ville de moyenne dimension. La raison du changement administratif était la folie des grandeurs d’Assuérus. En effet il avait une envie insensée de faire un trône à l’image de celui du roi Salomon, paix en son âme. Or les artisans-experts en la matière vivaient à Suze. Pas de problème, le roi demande qu’ils se mettent à l’œuvre. Il leur faudra trois années pour finir le chef d’œuvre. Or il existera un problème de taille : le trône était si imposant, qu’il était impossible de le transporter jusqu’à la capitale. Que fit Assuérus ? Il déplaça toute sa cours royale jusqu’à Suze. Là-bas il eut l’immense privilège de siéger sur son trône…Que pensez-vous de cette mégalomanie ?

Toutefois, les Yeux de Hachem observent ce petit manège. Le but était de faire déménager le palais royal à Suze où demeurait Mordechaï haTsadik, l’éminent Talmid ‘Hakham, afin qu’il déjoue l’intrigue preuve de la Hachga’ha pratit, la Providence divine. Je finirai par une question (Meguila 15). Vers la fin de la Meguila est notifié un nouveau festin, celui de la reine Esther. Pour qu’elle raison a-t-elle invité Haman avec le roi Assuérus ?

Plusieurs réponses sont données. L’une d’entre elles c’est qu’Esther a voulu alerter la communauté. En effet, le décret cruel d’Assuérus a été pris au début du mois de Nissan pour que 12 mois plus tard il se réalise. Depuis ce moment le peuple était dans une grande détresse. Seulement tout le monde le savait, il y avait la petite Esther qui se trouvait au palais du roi. C’est certain, elle fera tout ce qui est dans ses possibilités pour sauver son peuple. Or, la nouvelle se répandra comme une trainée de poudre dans la communauté : la reine invite Amman à sa table… Cela ne faisait pas de doute qu’elle s’était détournée de son peuple… La communauté n’avait plus aucun soutien au palais royal. Il ne lui restait plus que de se tourner vers notre Père Qui est au Cieux… C’est alors que le Clall Israël fit de grandes prières. Puisqu’il n’y avait plus qu’à se tourner vers D’, les prières seront entières, sincères et sans autres sources d’espoirs. Au final, Hachem acceptera ces supplications. Les évènements se retourneront miraculeusement contre les antisémites et le jour même de la date du terrible décret, les ‘Amalécites du royaume (tout du moins dévoilés) seront passés par le fil de l’épée.

C’est un prodige formidable qui montre la force de la prière véritable et de mettre notre confiance dans les Mains saintes de D’.

Il est marqué dans la Halakha qu’à Pourim « tout celui qui tend la main (pour demander la pièce), on lui donnera ». C’est-à-dire que le jour de Pourim on ne vérifie pas le véritable niveau de besoin de celui qui nous demande l’aide (pécuniaire). De là, on pourra apprendre pareillement, que le jour est propice pour faire des prières (car Hachem agit dans ce monde comme on se comporte entre nous).

Riche et pourtant en haillons…

Je finirai par une courte anecdote. Lors de la dernière guerre, le rav ‘Haïm Krayswirt zatsal, qui deviendra plus tard le rav d’Anvers, est passé par les camps. A un moment, un homme mûr s’est approché du jeune ‘Haïm en lui disant qu’il sentait ses jours comptés. Cet homme lui dit qu’il avait un secret à lui dévoiler. Avant-guerre c’était une personne très fortunée, et voyant les orages s’approcher, plaça toute sa fortune sur un compte bloqué en Suisse (comme beaucoup d’autres, dont les survivants et leurs héritiers n’ont toujours pas retrouvé leurs avoirs soigneusement conservés au chaud dans les caves des banques helvétiques…). Donc il transmit au rav le numéro secret de son compte bancaire et l’identité de ses enfants cachés quelque part en Pologne. Après la guerre, le rav Krayzwirt rechercha ses héritiers, mais en vain! Les années passèrent et dans les années 60 alors que le rav était en poste à Anvers un vagabond fit éruption dans le Beth Hamidrach. L’homme en haillons, dormait sur les bancs publics. Le rav s’approcha de lui pour le réconforter et lui demanda son identité. Ce dernier déclina son identité et que son père avait disparu durant la guerre. Le rav bondit et l’informa qu’il l’a connu personnellement. Il lui avait laissé des instructions pour récupérer l’argent qui dormait sur un compte en Suisse. Le fils n’en revenait pas, mais n’avait même pas l’argent nécessaire pour prendre le train (en 3ème classe) jusqu’à Zurich afin de récupérer le pactole ! Le rav lui prêta de l’argent et lui acheta un vêtement décent pour se rendre au pays des coffres forts… Notre homme voyagea. Arrivé à bon port, il réclama son dû. Finalement il réussit à débloquer le compte de son père zal sur lequel étaient placé pas moins de 20 millions de dollars de l’époque… L’équivalent de 200 millions d’aujourd’hui! Le rav Krayzwirt racontait cette véritable histoire et concluait ce vagabond était immensément riche et pourtant, ne le savait pas!

L’histoire extraordinaire de Pourim nous montre un phénomène similaire. Le sauvetage existe depuis les premiers temps de l’histoire (avec Esther, Mordechai et le trône), mais il faut le mériter par des prières sincères!

Coin Halakha: Mercredi soir et jeudi nous lirons par deux fois la Meguila d’Esther. Comme on l’a vu, hommes femmes et enfants doivent écouter la Meguila. Seulement, on fera attention de ne pas perdre un seul mot de la lecture. Si le cas se présente, on devra rattraper notre retard en lisant sur notre livre (même imprimé) les mots qui manquent pour rattraper la lecture. Forcement on fera attention de ne pas parler durant toute la lecture et bien sûr de ne pas déranger son voisin (par des pétards et autre gadgets). La coutume est de frapper des pieds lorsqu’on mentionne le nom de Haman (c’est une façon d’effacer son souvenir). Le jeudi on réitérera la lecture de la Meguila et on pourra la lire depuis le lever du soleil jusqu’au coucher du soleil. A priori il faudra écouter sa lecture au plus tôt de la journée. De plus il sera interdit de manger du pain (plus que 60 grammes) avant d’avoir accompli la Mitsva de la lecture.

Michloa’h Manot. On enverra à son ami (de la communauté) au moins deux mets différents. Par exemple un aliment et une boisson (à l’exception d’une bouteille d’eau). Certains préconisent de l’envoyer à l’aide d’un émissaire. L’intention de cette Mitsva est de multiplier la fraternité. Donc on veillera à faire connaitre l’identité du donneur au receveur.

Matanot Lé Evionims. Le jour de Pourim on veillera à donner, à au moins deux pauvres un don. C’est de la nourriture mais cela peut être de l’argent. Le Michna Beroura rapporte qu’à partir de quelques centimes d’Euros on sera quitte, seulement d’autres avis préconisent de donner à chaque pauvre au moins de quoi s’acheter un repas (Fallafel et Coca) l’équivalent d’une quinzaine de shéquels pour chacun. Le rav Eliachiv zatsal disait de donner 50 shéquels par pauvre. On sera quitte en donnant notre don à un organisme de Tsedaka qui lui-même reversera les sommes reçues durant Pourim (on pourra faire le virement à l’association quelques jours avant Pourim en précisant que c’est pour transmettre le jour même). Le Rambam enseigne qu’il est souhaitable de multiplier les dons aux pauvres plus encore que de faire un somptueux festin!

Festin. Durant le jour de Pourim on devra faire un repas en l’honneur du jour. On a l’habitude de le faire en après-midi et la majorité du repas devra se dérouler dans la journée (avant le coucher du soleil). Avant de commencer son festin on fera la prière de l’après-midi. A la fin du repas on n’oubliera pas de mentionner « Al Hanissim » dans le Birkat même si on le fait longtemps après dans la nuit du jeudi soir. Dans le cas où on a fait son Birkat en oubliant de mentionner Pourim, on ne recommencera pas, idem pour la prière. A Pourim on boira du vin plus qu’à la accoutumée, car tout le miracle du jour était basé sur le vin. Toutefois, on fera attention de ne pas transformer ce jour saint en une grande kermesse! Si la personne sait que sous les effets de l’alcool elle risque de dire toutes sortes de médisances, elle sera dispensée de boire!

Shabbat Chalom et Pourim Saméah à la semaine prochaine si D’ le veut.

David Gold

Que le Clall Israël passe de bonnes fêtes et qu’on mérite de voir tous les prodiges comme aux jours de retournement de situation à l’époque de Suze…

Une bénédiction à Dan Krigier à l’occasion de son mariage ainsi qu’à toute sa famille Mazel Tov, Mazel Tov !

Une bénédiction à tous les Ba’houré Yéchivoth, Avrékhim et Rabanim à l’occasion de Pourim et beaucoup de courage et de forces pour continuer l’étude de notre sainte Tora malgré tous les Haman et Assuérus des temps modernes…

Et toujours, si vous aimez « la magnifique Table du Chabat » vous pouvez la soutenir en faisant une dédicace (bénédiction, avis de mariage, prière etc.)… Ce sera perçu par la rédaction comme un grand encouragement à persévérer…

Et une bénédiction de réussite et de santé à Jeremy Gold (Jérusalem) son épouse et toute sa famille

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