L’échec de Poutine: va-t-il devoir changer sa voie du fait des menaces en Syrie?

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Par Prof. Avraham Ben-Zvi, Israël hayom

A Londres, Paris, Jérusalem et Riyad on rêve d’une gestion américaine claire et ferme. A l’image de ce qui s’était passé lors de la guerre de Corée, les conditions d’un renforcement d’une stratégie de cet ordre de la part des Etats Unis sont remplies. Cela va-t-il se faire ?

 

Le 12 janvier 1950, dans un discours politique clé, le secrétaire d’Etat américain Dean Acheson a présenté la conception stratégique en Asie du Sud-Est, où l’administration Truman avait l’intention de poursuivre une stratégie de confinement, et uniquement en cette partie du monde.

Bien que la Corée du Sud était un allié fidèle des Etats-Unis, elle n’était pas perçue à l’époque comme un atout stratégique essentiel, et n’a donc pas été incluse dans les régions, qu’Acheson pensait devoir inclure parmi les pays à protéger. C’est l’impression qu’a eue le dirigeant soviétique Joseph Staline, et c’est la raison pour laquelle il a donné à cet Etat satellite qu’était alors la Corée du Nord le feu vert Pour encourager pour initier sans crainte une attaque contre le Sud, qui a en effet débuté fin juin.

Mais il est vite devenu clair que cette impression était fausse. L’invasion du Nord a augmenté la prise de conscience de tous les membres du bureau de Truman en faveur d’un processus politique et psychologique de promotion du statut de la superpuissance américaine, et a conduit à une intervention massive (sous les auspices de l’ONU) sur le champ de bataille.

 

Aujourd’hui, 68 ans après le déclenchement de la guerre de Corée, on a l’impression que Vladimir Poutine a été victime d’un échec similaire à celui de Staline, bien que dans un contexte régional différent. En effet, le signal lancé à Washington récemment au sujet de l’intention du gouvernement Trump de retirer ses forces (rares) territoire syrien, en particulier la détermination des remarques du Président lui-même, l’a convaincu qu’il inévitable avec les États-Unis à se désengager du front syrien et de renforcer ainsi sa politique de désengagement.

En admettant que la Russie effectue en effet un contrôle total de toutes les actions de l’armée Assad, il était possible de conclure que la passivité et l’indifférence des États-Unis dans ce dossier permettaient de franchir en une nouvelle occasion les lignes rouges. Le protégé de Damas a donc été autorisé de mener à bien une attaque chimique mortelle contre une population civile sans défense.

Cependant, de même que l’attaque des forces conventionnelles du Nord (sous inspiration moscovite) en 1950 a été un tournant dans la conduite des États-Unis, de même il semblerait que le jour est arrivé où le président Trump est sur le point de décider d’utiliser la force militaire contre les hommes de main du Kremlin (sur une plus grande échelle par rapport à la réaction de l’année précédente). Il faut se rappeler que, parallèlement à la volonté initiale de Trump d’accepter la victoire d’Assad et de laisser la Russie devenir la puissance dominante dans la région, les relations avec l’ours russe ont pénétré un processus de détérioration rapide.

Le fait que les Etats Unis se soient joints aux mesures punitives engagées par les pays occidentaux en réponse à l’empoisonnement de l’agent à double russe Sergueï Krispal au Royaume-Uni, et l’acceptation récente de nouvelles sanctions sur les oligarques russes, prouvent une détérioration historique des relations américano-russes.

Par conséquent, le fait que Moscou ait permis à son protégé Assad d’agir sans limites ni contraintes offre l’opportunité pour le gouvernement américain d’achever le processus de réévaluation de ses relations avec le régime de Poutine, et se concentrer sur un chemin agressif et dur, qui livrera également un message de dissuasion envers les régimes insoumis tels que ceux d’Iran et de Corée du Nord.

De même qu’en juin 1950 (lorsque l’administration Truman mis en place une large coalition militaire en Corée), cette fois aussi les circonstances internationales apportent une légitimité à une action militaire en Syrie. Les voix qui s’élèvent à Londres, Paris et Riyad (et bien sûr à Jérusalem) reflètent leur désir de voir un leadership américain déterminé et énergique. Avec la voix du conseiller de sécurité nationale, John Bolton, grand partisan d’une ligne belliciste avouée envers Moscou, il semble que le moment est venu pour que se confirme une nouvelle conception stratégique américaine face aux défis en présence.

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