L’éducation juive n’a pas de prix !

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Paracha Tétsavé

«Tu prépareras aussi des chatons d’or » (Chemoth/Exode 28,13).

Rabbi Yossef Chlomo Kahaneman, rav de Poniévez, relate qu’un jour, il visita la ville de Cincinnati, considérée comme la place forte de la réforme en Amérique, et fut abasourdi d’apprendre l’existence d’un Talmud Tora orthodoxe fondé grâce aux nombreux efforts d’un membre actif de la communauté.

Le Gaon de Ponievez visita le bâtiment du Talmud Tora et entendit derrière la porte ce responsable communautaire donner lui-même un cours de Tora devant les jeunes élèves, selon la mélodie traditionnelle utilisée par les ‘Haderim en Lituanie. Le Gaon en fut touché et il exprima son émotion devant cette scène : comment tenait-il le coup dans un tel endroit, et réussissait-il même à éduquer les enfants des autres selon la tradition, mû par cet amour ardent de la Tora ? Le responsable de répondre : « Cet amour de la Tora ne m’a pas été acquis facilement.» Puis il se mit à raconter son histoire : « Je suis originaire d’une petite localité de Lituanie. Mon père subvenait aux besoins de la famille en errant toute la semaine dans les villages des alentours pour leur vendre toutes sortes de marchandises bon marché, mais il gagnait difficilement sa vie et ne parvenait pas à nourrir sa famille. On fit venir un enseignant de Tora dans le village, à qui on fixa un salaire d’un rouble par mois pour chaque élève. Nous étions quatre enfants. Payer quatre roubles par mois était extrêmement difficile pour mes parents. De ce fait, ils vendirent les chandeliers en argent, reçus par maman pour son mariage, et par la suite, également ses bijoux.

« Je me souviens qu’un jour, une veille de Chabbath d’un hiver rigoureux, papa arriva gelé et éreinté. Il n’avait pratiquement rien gagné de toute la semaine. Maman lui annonça alors qu’ils devaient à l’enseignant le salaire de deux mois, mais ils n’avaient plus rien à revendre. Papa répondit sereinement : « Après Chabbath, c’est le jour du marché, nous irons dans la localité avoisinante pour vendre notre vache. » Cette vache procurait du lait à toute la famille, mais malgré tout, le dimanche matin, mes parents se levèrent tôt et parcoururent dix kilomètres à pied pour vendre la vache dans la bourgade voisine. Vers le soir, ils rapportèrent huit roubles, qu’ils enveloppèrent dans du papier et me chargèrent de remettre à l’enseignant.» Le responsable conclut ainsi : « C’est de là que j’ai hérité mon amour pour la Tora.»

Cette histoire n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres qui sont advenues au fil des générations : l’éducation juive authentique avait un tel prix pour les parents au point qu’ils étaient prêts à donner tout leur argent, et grâce à cela, leurs enfants continuèrent dans la voie du bien et de la rectitude, la voie de nos ancêtres, même dans les lieux et les situations les plus périlleuses.

Or nous voyons aujourd’hui des parents qui n’envoient pas leurs enfants dans des écoles de Tora en raison du coût élevé de ces établissements. De même, lorsqu’il est nécessaire de faire appel à un enseignant en privé pour un enfant qui a besoin d’une aide spécifique, sans laquelle il risque de quitter la voie de la Tora, certains n’y sont pas prêts, voulant épargner de l’argent.

Il faut réfléchir à ce sujet : lorsque quelqu’un a dans son foyer un malade en danger, il ne fait pas preuve d’avarice pour obéir aux injonctions du médecin. Il achète tous les médicaments prescrits par le docteur, même s’ils sont très chers. Il pressera naturellement un proche : « Cours à la pharmacie et commande le médicament. Ne demande pas le prix, mais paie ce qu’il faut, cours et rapporte-le rapidement.» Si quelqu’un lui donne ce conseil : « En tel lieu, exerce un médecin spécialiste, de réputation mondiale, mais il demande un prix très élevé pour chaque visite. » L’homme répondra : « Ne faisons pas maintenant de calcul d’argent, tant qu’il s’agit de sauver mon fils.»

Si ceci est valable pour la guérison du corps, pour sauver une vie dans ce monde-ci, à plus forte raison ce principe s’applique-t-il à la guérison de l’esprit, pour sauver la vie éternelle dans le Monde futur, et il n’y a pas lieu de tenir compte de l’argent.

Retenons également l’enseignement de nos Sages sur les frais payés pour l’apprentissage de la Tora : ils ne sont pas compris dans le budget octroyé à l’homme à Roch Hachana. En fonction de la somme qu’il paie pour les écoles de Tora, on lui ajoute du Ciel l’argent nécessaire qu’il gagnera au-delà de la somme attribuée au départ.

Ce principe est également pertinent pour les enfants qui ont déjà quitté la voie ancestrale. Il convient de dépenser beaucoup d’argent pour les rapprocher et tenter de les faire revenir vers la voie de nos ancêtres. Nous voyons dans la Guemara (Baba Metsia 85a) qu’après le décès de rabbi ‘Eliézer ben rabbi Chim’on, son fils quitta la voie de la Tora et commit des actes abominables. On en fit part à Rabbénou Hakadoch, qui le fit appeler, lui donna des marques d’honneur et lui acheta une tunique onéreuse en or, l’appela « rav » et lui assigna un enseignant pour qu’il étudie la Tora avec lui. Chaque jour, il affirmait son désir de retourner dans sa ville pour se livrer à ses désirs, jusqu’à ce que rabbi Chimon lui rétorque : « Mais on t’a nommé Sage, on t’a revêtu d’une tunique en or, tu portes le titre de rabbi, comment veux-tu retourner dans ta ville et à ton état antérieur ?! » Il prêta aussitôt serment qu’il ne se livrerait plus à ses actes pervers. Il fit techouva et devint un grand homme de Tora.

C’est pourquoi D’ a prescrit de graver les noms des enfants de Ya’akov sur des pierres précieuses du pectoral sacré, et d’insérer ces pierres dans un chaton en or, à titre de rappel au peuple d’Israël : la sainteté des enfants d’Israël est très précieuse, à l’instar des pierres précieuses, et il est louable d’avoir recours à de l’or pour fabriquer des chatons pour les tenir et éviter qu’ils ne tombent et se perdent, que D’ préserve. Chacun doit en tirer une leçon personnelle : on n’économise pas d’argent pour éduquer les enfants dans la voie du judaïsme authentique, et par ce mérite, on aura droit à beaucoup de satisfaction juive.

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