Les dangers de l’influence

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« Parle aux Bené Israël, tu leur diras : « Comme vous allez passer le Yarden vers le pays de Canaan, vous choisirez des villes pour vous, des villes de refuge elles seront pour vous, s’y enfuira le meurtrier qui a frappé une âme par mégarde » Bamidbar (35,10-11).

Ces villes de refuge que l’on appelle «’aré miklat », étaient au nombre de six dans tout Israël et constituaient des refuges vers lesquels les meurtriers pouvaient s’enfuir afin de se protéger de la vengeance du « Goel hadam » (un proche parent de la victime du meurtre qui avait le droit de venger sa mort en tuant l’assassin) jusqu’à son procès. C’est également dans ces mêmes villes que ce type de meurtriers purgeait sa peine d’exil.

Le Sefer « ‘Haïm cheyèch bahem… », rapporte une Guemara (Maccoth 10b) qui nous enseigne la beraïta suivante : « Rabbi Eliezer ben Ya’akov dit : ‘Le terme « refuge » était inscrit sur des panneaux placés à la croisée des chemins, afin que le meurtrier puisse trouver le chemin qui menait à la ville de refuge.’ »

D’après cet enseignement, il semble que ces pancartes qui indiquaient la direction des villes refuges avaient pour but de faciliter leur accès et ainsi de rendre service aux meurtriers.

Rabbi Yits’hak, fils de Rabbi ‘Haïm de Volozhyn, s’étonne et pose la question suivante : « Les Sages ne nous ont pas ordonné de fixer des pancartes qui indiquent la direction de Yerouchalaïm afin de faciliter l’accès de ceux qui s’y rendent pour y apporter des sacrifices et des offrandes. Alors pourquoi rendre la vie plus facile aux meurtriers ? »

Il répond que c’est pour nous apprendre la force et les dangers de l’influence.

La raison de la signalisation des villes de refuges n’est pas de faciliter la vie des meurtriers, mais de ne pas gâcher la nôtre et celle des passants qu’ils pourraient rencontrer en chemin.

Cette signalisation a été effectuée afin d’éviter tout dialogue et toute conversation avec lui : pas de rapprochement, pas de contact.

Par crainte qu’un simple petit renseignement risque de nous attendrir, et de nous rendre compatissants, de nous faire chercher des circonstances atténuantes…

Cette signalisation n’était en rien une aide pour qui s’y rendait plus rapidement, mais simplement le moyen de permettre aux meurtriers de se débrouiller tous seuls !

Tandis que les pèlerins qui se rendaient à Yerouchaïm n’avaient eux pas de pancartes leur indiquant le chemin à suivre, afin que l’un demande à l’autre comment s’y rendre, de s’unir afin d’apporter ensemble leur sacrifices, d’échanger des paroles de Torah et des louanges envers Hakadoch Baroukh Hou…

Les paroles de Rabbi Yits’hak sont riches d’enseignements en ce qui concerne l’importance du milieu environnant dans lequel nous évoluons. Celui qui envisage de s’établir dans un milieu où l’ambiance est plutôt tiède par rapport au service de Hachem, même s’il agit ainsi pour d’excellents motifs (parnassa, meilleure qualité de vie pour sa femme, ses enfants, etc…), il montrera de fait qu’il accepte déjà au fond de son cœur de baisser la qualité de sa propre Avodat Hachem et de plonger dans la permissivité qui s’est frayé un chemin jusqu’à cette communauté où il désire s’installer.

Nos Sages (Avoth 1,7) disent : «  Éloigne-toi d’un mauvais voisin, ne te lie pas avec l’impie… »

Le Rambam (Hilkhot Dé’ot 6 ; 1) dit : «  Il est dans la nature de l’homme que son caractère et ses actions soient influencés par ses amis et ses collègues, et qu’il suive les normes de conduite de sa région. C’est pour cette raison qu’il doit se rapprocher des Justes et se trouver constamment en compagnie des Sages, afin d’apprendre de leurs actions. Et il s’écartera des méchants qui marchent dans les ténèbres, afin de ne pas être initié à leurs actes. Chelomo Hamélekh enseigne (Michlé/Proverbes 13,20) : « L’homme qui marche avec les Sages deviendra Sage, mais celui qui se lie aux sots souffrira…». Il est bon de rappeler en passant que le Rambam n’est pas un livre de moussar, mais un véritable ouvrage de Halakha.

Les Pirké de Rabbi Eli’ézer (Chapitre 25), expliquent notre verset par une analogie : si une personne se trouve dans une parfumerie, le parfum restera attaché à elle quand bien même elle n’achèterait rien. De même qu’un homme qui demeure dans une tannerie emportera avec lui la mauvaise odeur de l’endroit, même s’il n’y a rien acquis.

Celui qui ferait un tel choix d’intégrer une communauté peu enthousiaste vis-à-vis de la Torah et des Mitsvoth ne doit pas se réconforter ni s’encourager lui-même dans une telle décision en se disant qu’il n’est pas le seul à agir ainsi et que bien d’autres sont comme lui.

Regardons cette comparaison rapportée par le ‘Hafets ‘Haïm : un homme fut accusé d’un crime et envoyé en prison. Sa vie y était très amère. Pour son anniversaire, sa famille eut le droit de lui rendre visite. Et certains lui racontèrent que peu de temps auparavant, le même drame était arrivé à quelqu’un de la province voisine. Ils l’assurèrent que l’autre avait subi une sentence tout aussi sévère. Le prisonnier répliqua : « Est-ce que vous croyez que c’est une consolation pour moi ? Au contraire, cela me déprime seulement un peu plus. Si vous m’aviez dit que cet homme a été libéré, cela aurait pu me donner un peu d’espoir. Mais s’il doit être emprisonné dans une autre province, quel bien cela me fait-il de savoir qu’un autre homme souffre aussi d’un châtiment similaire en un autre lieu ? »

De même, à quoi cela nous sert-il de savoir que d’autres sont aussi en train de transgresser les lois de la Tora et qu’ils subiront eux aussi des sanctions pour cela ?

On ne doit jamais s’autoriser à subir l’influence néfaste de la mauvaise conduite des autres, même s’ils sont une multitude.

David Hamelkh nous dit (Tehilim 1,1) : « Heureux est l’homme qui n’est pas allé selon le conseil des méchants, ne s’est pas tenu dans l’assemblée des pécheurs, et ne s’est pas assis en compagnie des moqueurs. ».

Les Sages déduisent de cela que si l’on « va », on se « tiendra » et si l’on se « tient », on finira par s’« asseoir ». (Nid’hé Israël, chapitre 1)

Notre verset nous apprend, au travers de ces villes de refuges, que le fait d’éloigner de nous les mauvaises influences, nous aidera à rester dans le bon chemin.

C’est pour cela qu’il faudra toujours choisir avec attention la ville dans laquelle nous souhaitons résider, ainsi que le quartier, les écoles de nos enfants, etc… pour optimiser la qualité de nos fréquentations et de notre évolution dans la vie juive.

Prions pour que Hakadosh Baroukh Hou nous protège sur notre chemin et que nous ne croisions au cours de notre vie que des personnes qui nous engageront à faire des bons choix, et qui soient pour nous de bons compagnons dans les voies de notre Tora.

Rav Mordékhaï BISMUTH

L’équipe d’OVDHM
www.ovdhm.com

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