L’Europe a-t-elle jamais essayé de combattre l’antisémitisme ?

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Sur la photo : Un jeune arabe a attaqué deux jeunes hommes portant une kippa dans une rue de Berlin, le 18 avril 2018. L’agresseur a fouetté l’une des victimes avec une ceinture, en criant « Yahudi » – (« Juif » en Arabe). (Source de l’image: Capture d’écran vidéo CGTN)

par Yves Mamou / Gatestone

A chaque attentat antisémite, médias et politiciens s’empressent de condamner. Mais les condamnations verbales ne changent rien. L’antisémitisme va croissant.

L’Union européenne développe des politiques anti-israéliennes qui sont des politiques de la peur ; une peur des musulmans qui alimente l’antisémitisme de certains musulmans.

Quand les gouvernements européens refusent de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et quand ils appellent Israël à la « retenue », ils pratiquent une politique d’apaisement. Ils condamnent l’antisémitisme d’un côté, mais de l’autre, ils l’encouragent.

Le 18 avril 2018, dans une rue de Prenzlauer Berg, un quartier branché de Berlin, deux jeunes hommes dont la tête était ornée d’une kippa ont été insultés par un groupe de musulmans. L’un des agresseurs est passé à l’acte, distribuant de violents coups de ceinture. Cette agression outrageusement antisémite a été filmée par l’une des victimes, puis diffusée sur les réseaux sociaux déclenchant un mouvement d’indignation nationale en Allemagne. L’agresseur à la ceinture peut être entendu sur la vidéo criant clairement « Yahudi » – (« Juif » en Arabe).

« Il est intolérable que des jeunes hommes soient attaqués juste parce qu’ils portent une kippa », a déclaré Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères. « Les Juifs ne doivent plus jamais se sentir menacés ici, il est de notre responsabilité de veiller à la protection de la vie juive ».

L’incident fait écho à un autre cas d’antisémitisme filmé et diffusé sur les réseaux sociaux en décembre dernier. A Berlin encore, un Allemand né apparemment de parents allemands, a menacé le propriétaire d’un restaurant juif, Yorai Feinberg, sur le seuil de son commerce. L’agresseur a déclaré qu’il comprenait l’Holocauste et a manifesté sa compassion pour la cause palestinienne. L’incident n’a pas donné lieu à des actes de violence, mais les propos échangés ont déclenché l’indignation générale.

Le 12 avril 2018, Kollegah et Farid Bang, deux des plus célèbres rappeurs d’Allemagne, se sont vu décerner le prix ECHO du meilleur album hip-hop, la plus grande distinction musicale en Allemagne. Les deux rappeurs musulmans ont subi le feu de la critique en raison des paroles d’une de leur chanson où ils comparant leur physique musclé au corps décharné des prisonniers d’Auschwitz. Charlotte Knobloch, ancienne dirigeante du Conseil central des Juifs d’Allemagne, a déclaré que cette remise de prix était un « geste dévastateur » en raison des signes croissants d ‘ « antisémitisme dans notre société, en particulier dans les écoles ». « Les deux rappeurs, a-t-elle ajouté, véhiculent en direction de millions de jeunes un message inhumain. »

Ces incidents reflètent la complexité de la situation en Allemagne qui voit un antisémitisme musulman importé raviver une tradition allemande.

En 2017, quatre délits antisémites ont été commis chaque jour en Allemagne, selon les données préliminaires du gouvernement citées par Tagesspiegel. Le décompte final devrait être plus élevé. La communauté juive allemande est estimée à 150 000 personnes.

Selon Tagesspiegel, la police a enregistré un total de 1 453 délits commis contre les Juifs en 2017. Ce nombre comprenait 32 actes de violence, 160 cas de dommages matériels et 898 cas d’incitation. Trente-trois de ces délits ont été attribués à des auteurs nés à l’étranger, sans compter les islamistes. Vingt-cinq autres délits étaient « motivés par la religion » et impliquaient pour certains des musulmans nés à l’étranger ou des musulmans allemands radicalisés. Dans 17 cas, la police n’a pas été en mesure de déterminer une motivation politique. Un cas d’incitation avait un motif de « gauche ».

Pour Die Welt, cela montre que « l’Allemagne a perdu la bataille contre l’antisémitisme, comme avant elle, la France ou la Suède ».

En France, la bataille contre l’antisémitisme a été perdue il y a longtemps. Entre 2006 et 2017, quinze Juifs français ont été assassinés par des musulmans antisémites. Le meurtre à coups de couteau et l’incendie du corps de Mireille Knoll en mars 2017 ont ajouté une victime à une liste qui va du meurtre de Sébastien Sellam à Paris (2003), l’enlèvement et l’assassinat d’ Ilan Halimi (2006), le massacre d’une école juive à Toulouse (2012), l’assaut d’un jeune couple juif à Créteil (2014), l’attaque d’un supermarché casher à Paris (2015), l’attentat à la machette contre un enseignant juif à Marseille (2016), l’assassinat de Sarah Halimi à Paris (Avril 2017), la prise d’otages d’une famille juive à Livry-Gargan (septembre 2017) et bien d’autres encore.

« La communauté juive représente moins de 1% de la population française (environ un demi-million de personnes) mais capte 40% de tous les crimes racistes », a déclaré Frederic Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme.

Selon le rapport 2017 du ministère de l’Intérieur, les menaces antisémites ont diminué de 7,2% en 2017 par rapport à 2016. Cependant, les coups de couteau, les agressions et autres actes de violence visant les juifs ont augmenté de 26%. En d’autres termes, les assaillants et les meurtriers de Juifs parlent moins mais frappent plus souvent. Selon Nonna Mayer, directrice de la recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS):

« Ces chiffres reflètent des tendances, ils ne sont pas exhaustifs, ils sous-estiment largement l’antisémitisme ordinaire (crachats, insultes, regards hostiles). Au quotidien, beaucoup de victimes ne déposent pas plainte, et leur plainte n’est pas toujours enregistrée ».

Grande-Bretagne: En 2017, les délits antisémites ont atteint un niveau record, « avec une communauté juive (280 000 personnes environ) ciblée à un rythme de près de quatre fois par jour » rapporte The Guardian .

En 2017, le Community Security Trust (CST), une ONG qui organise une veille sur l’antisémitisme au Royaume-Uni, a enregistré 1 382 incidents antisémites dans l’ensemble du pays.

« C’est le chiffre le plus élevé que l’association ait enregistré pour une année civile depuis qu’elle a commencé à recueillir des données en 1984. Le chiffre a augmenté de 3%, par rapport à 2016 (1 346 incidents) » indique le The Guardian.

Le CST – peut-être parce que l’organisation a développé des programmes éducatifs avec des organisations musulmanes – évite de pointer du doigt l’antisémitisme musulman, à l’exception des attaques terroristes.

La singularité de la Grande-Bretagne tient également au fait que l’antisémitisme est également largement répandu dans la classe politique. Les accusations portées par le président du mouvement travailliste juif (JLM) contre le dirigeant du parti travailliste Jeremy Corbyn et d’autres membres de son parti continuent de susciter la polémique.

Suède: En décembre 2017, après l’incendie criminel d’une synagogue à Göteborg et des chants antisémites à l’occasion d’une manifestation à Malmö, le Premier ministre Stefan Löfven a fini par admettre : « Il y un problème d’antisémitisme dans la société suédoise ».

Les chiffres du Conseil national suédois pour la prévention du crime (Brå) révèlent une criminalité antisémite stable d’environ 220 délits annuels commis contre la minuscule communauté juive suédoise (environ 15 000 personnes). Le chiffre grimpe après chaque tourmente en Israël ; en 2015, 277 incidents antisémites ont été signalés, contre 182 l’année suivante. Les délits antisémites ont eu lieu principalement dans les lieux publics (24%) et en ligne (20%).

L’antisémitisme en Suède ne se réduit pas seulement à un problème de migrants musulmans. Des groupes d’extrême-droite marquent également leur hostilité aux Juifs tout en pointant du doigt « l’antisémitisme des musulmans pour s’en démarquer et les stigmatiser » indique Henrik Bachner, historien et chercheur spécialisé sur l’antisémitisme en Suède.

Deux sondages sur les attitudes envers les Juifs ont été publiés par le Living History Forum, une agence publique qui travaille sur les questions de tolérance, de démocratie et de droits de l’homme. Leur sondage le plus récent date de 2010 (le plus ancien remonte à 2005) et suggère que 18% des lycéens suédois ont une attitude antisémites, un chiffre qui passe à 55% chez les lycéens musulmans » indique le site TheLocal.se.

Belgique : En 2017, « 35 incidents antisémites ont été enregistrés en Belgique (64 en 2016). Ces chiffres confirment la baisse observée régulièrement depuis le pic de 2014 (109 incidents) », selon le Rapport 2017 «Antisémitisme en Belgique », publié par Antisemitisme.be, un site internet qui travaille en relation avec le Consistoire Central Juif de Belgique.

Ces « chiffres bas » pour 2017 s’expliquent par le fait que les 50 000 juifs de Belgique vivent principalement à Bruxelles et à Anvers et que leurs écoles et synagogues, comme en France, sont protégées 24 heures sur 24 par l’armée et la police. En Belgique comme en France, de nombreux écoliers juifs ont quitté les écoles publiques pour ne plus se heurter à l’hostilité quotidienne des élèves musulmans. Le rapport indique en outre :

« Les Juifs en général, et plus spécifiquement à Bruxelles, cachent « les signes extérieurs de leur judéité (étoile de David, kippa …) en public, pour diminuer la probabilité d’être harcelés dans les lieux publics ».

Les politiciens préoccupés par l’islamophobie

La chancelière Angela Merkel en Allemagne et le président Emmanuel Macron en France condamnent, chacun dans leur pays respectif, les attaques antisémites toutes les fois où elles se produisent. Des condamnations officielles devenues de plus en plus fréquents en Europe. Mais qui demeurent verbales et ne changent rien. L’antisémitisme ne fait que progresser.

En réalité, si la lutte s’organise contre le discours de haine, les plans, mesures et lois envisagés vont toujours dans le même sens : protéger les antisémites. À Berlin, en décembre 2017, des drapeaux israéliens ont été incendiés à la Porte de Brandebourg après que le président américain Donald Trump ait annoncé son intention de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. Et la police a expliqué que les lois sur la liberté d’expression ne font pas obstacle au droit de bruler des drapeaux. En France, en 2017, un procureur a fait appel de l’acquittement de Georges Bensoussan, éminent historien français accusé de « racisme » pour avoir déclaré publiquement que « dans les familles musulmanes, l’antisémitisme est tété avec le lait de la mère ».

L’Union européenne a également adopté des politiques anti-israéliennes par souci d’apaiser les musulmans, une crainte qui ne fait que légitimer la haine des juifs et d’Israël. Lorsque les gouvernements européens refusent de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, et lorsqu’ils appellent le gouvernement israélien à la « retenue » chaque fois qu’il organise sa défense, ils pratiquent une politique d’apaisement. Ils condamnent l’antisémitisme d’un côté, mais les causes de sa prolifération demeurent indemnes.

 

Yves Mamou, auteur et journaliste, basé en France, a travaillé pendant deux décennies en tant que journaliste pour Le Monde. Il achève un livre, « Intelligence avec l’ennemi, les élites françaises et l’islamisme », qui sera publié en septembre 2018.

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