L’invention d’un peuple palestinien. Quand et pourquoi ?

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La plupart des Arabes palestiniens étaient des nouveaux venus en Palestine sous le mandat britannique. Jusqu’en 1967, les Arabes résidant sur place considéraient simplement qu’ils faisaient  partie de la « grande nation arabe » ou qu’ils étaient des « Syriens du Sud. » C’est après la guerre des Six Jours que les Arabes jugèrent opportun d’inventer un peuple palestinien.
Le « peuple palestinien » naîtra en miroir du sionisme
Les Arabes palestiniens se présentent désormais comme un peuple autochtone en « Palestine, » comme les Aborigènes en Australie ou les Amérindiens en Amérique. Ils dépeignent les Juifs comme des impérialistes et des colonisateurs européens. C’est tout simplement faux. Jusqu’à ce que les Juifs retournent de plus en plus nombreux en Terre d’Israël, de la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, la région appelée Palestine était un jouet de l’histoire, oublié de Dieu, une propriété de l’Empire ottoman l’assise étaient en Turquie.
Qu’est-ce qui a causé l’effondrement de la société palestinienne ? C’était l’absence d’une infrastructure arabe alternative après l’abandon par les Britanniques de leur mandat sur la Palestine, qui s’ajoutait aux graves clivages datant de l’époque ottomane au sein de la société arabe locale,. Comme la société arabe palestinienne était totalement dépendante de l’administration civile et des services sociaux britanniques, le départ de la Grande-Bretagne priva les fonctionnaires arabes de leur emploi. En conséquence, la plupart des services sociaux et de l’administration civile cessèrent de fonctionner dans le secteur arabe. La perturbation de la circulation de produits essentiels comme la nourriture et le carburant aggravait les difficultés de cette société et l’incertitude de son destin.
L’effondrement du système agricole lié à l’afflux de tribus nomades après la conquête arabe, a conduit à l’apparition de marécages infestés par le paludisme et à l’abandon de l’ancien système de terrasses qui prévenait l’érosion des sols. Ce désastre était couplé à un régime tyrannique, un système fiscal paralysant, et des propriétaires fonciers absentéistes, ce qui a décimé un peu plus la population. Une grande partie des autochtones avait émigrèrent ou ou disparurent purement et simplement. Avant l’arrivée des premiers sionistes dans les années 1880 il y avait très peu de Juifs et d’Arabes dans la région, et la plupart  d’entre eux vivaient dans une pauvreté abjecte.
La plupart des Arabes vivant à l’ouest du Jourdain, en Israël, en Cisjordanie, (Judée et Samarie) et à Gaza sont de nouveaux arrivants venus des pays arabes voisins au tournant du XXe siècle, parce qu’ils étaient attirés par la prospérité économique relative apportée par le mouvement sioniste et les Anglais dans les années 1920 et 1930.
Les noms de famille de nombreux Palestiniens attestent de leur origine non-palestinienne. A l’instar des Juifs portant des noms comme Berliner, Warsaw et Toledano, l’annuaire téléphonique moderne dans les Territoires est remplis de familles appelées Elmisri (Égyptien), Chalabi (Syrien), Mugrabi (Africain du Nord). Même Georges Habash – l’archi-terroriste qui fut à la tête de Septembre Noir, porte un nom d’origine abyssinienne ou éthiopienne, Habash qui est à la fois arabe et hébreu.
La nationalité palestinienne est une réalité née de l’opposition au sionisme, et non d’aspirations nationales particulières.
Ce qui unit les Palestiniens, c’est leur opposition au nationalisme juif et leur désir de l’éradiquer, et non une aspiration à un  État en propre. Les sentiments patriotiques de nature locale n’émergent que lorsqu’une entité non islamique exerce le pouvoir, comme Israël après la guerre des Six Jours en 1967. Ils se dissipent dès qu’un régime arabe s’installe, aussi lointain et despotique soit-il.
L’identité palestinienne n’existant pas jusqu’à ce qu’une force adverse la fasse surgir, elle se résume à l’antisionisme. L’opposition à un nationalisme non-musulman dans un endroit que les Arabes du cru et le Monde arabe en entier considèrent comme leur pré-carré, est la seule substance du « peuple palestinien ».
Le Grand Mufti Hajj Amin al-Husseini, chef religieux charismatique et antisioniste radical, fut la force motrice de l’opposition à l’immigration juive dans les années 1920 et 1930. Les tactiques jumelles du mufti, la « diplomatie du rejet » (du sionisme) et l’incitation à la violence, sont à l’œuvre au moment où le Liban, la Syrie, la Transjordanie et l’Irak deviennent des pays suite au remaniement territorial post-ottoman des Britanniques et des Français sous l’égide des mandats de la Société des Nations.
La petite classe instruite parmi les Arabes de Palestine avait une conscience politique supérieure à celle du reste de la société arabe et possédait les germes d’une identité nationale distincte. Cependant, pendant des décennies, le principal cadre de référence de la plupart des Arabes locaux était le clan ou la tribu, la religion ou la secte, ainsi que le village d’origine. Quand les Arabes de Palestine se définissaient politiquement, c’était en tant que  » Syriens du Sud « . Sous la domination ottomane, la Syrie se référait à une région beaucoup plus vaste que la République arabe syrienne actuelle dont les frontières furent établies par la France et l’Angleterre en 1920.
Les aspirations du Grand Mufti Al-Husseini passèrent lentement du panarabisme, le rêve d’unir tous les Arabes dans un seul État, (l’union des Arabes de Palestine avec leurs frères en Syrie), à l’édification d’une entité palestinienne séparée dont il prendrait lui-même la tête. Al-Husseini a été la force motrice des émeutes de 1929 contre les Juifs et de la révolte arabe de 1936-1939 contre les deux forces non musulmanes de Palestine, les Britanniques et les Juifs. Il rassembla de nombreux soutiens  en jouant sur la peur que les Juifs dépossèdent, les Arabes ou au moins les dominent.
Tout comme Yasser Arafat, la vision du Grand mufti était enracinée dans l’extrémisme du tout ou rien, le fanatisme et même l’incapacité de coopérer avec ses propres compatriotes, ce qui fut la cause de son échec intégral. Il n’a mené les Arabes palestiniens nulle part.
Les pays créés par les Britanniques et les Français en 1918-1922 étaient en grande partie délimités par des méridiens, sur une carte  comme en témoigne le tracé des frontières des États arabes. Parce que ces États ont été définis en dépit de la logique ethnique et des communauté d’appartenance, leur opposition aux aspirations nationales des Juifs a servi à alimenter le nationalisme, arabe, un « ciment » de substitution à l’identité nationale.
A partir des années 1920, le rejet du nationalisme juif, les tentatives violentes d’empêcher l’édification d’une patrie juive, le rejet de toute forme de pouvoir politique juif et de tout projet de gestion commune, se sont cristallisés dans l’expression du « palestinisme ». Aucune définition positive d’un peuple arabo-palestinien n’a jamais émergé.
Ce point est admirablement illustré par le paradoxe historique suivant : pourquoi un gouvernement arabe autonome en Palestine n’a jamais été établi, ni en 1948, ni au cours des 19 années de régime arabe qui ont suivi?
Parce que des Arabes, s’étant emparés collectivement de la cause palestinienne, ont voulu promouvoir l’idée que leurs frères en deçà du Jourdain avaient été dépossédés de leur territoire. Les partisans d’une identité palestinienne distincte formaient pourtant une minorité sans voix en Cisjordanie et à Gaza pendant les 19 années de régime jordanien et égyptien, avant qu’Israël ne se substitue à eux en 1967. Soudain, un peuple palestinien distinct a surgi du néant, il a prétendu qu’il méritait le statut de nation, et 21 États arabes ont fait chorus.
Date de publication : 17 octobre 2018
Auteur : Eli E. Hertz
Traduction : Jean-Pierre Bensimon – www.lebloc-note.fr

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