Comment lutter contre la radicalisation ?

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Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics s’inquiètent des campagnes de recrutement des islamistes dans les prisons françaises. La solution reste à trouver.

C’est l’une des priorités du gouvernement : identifier les détenus musulmans en voie de radicalisation, repérer les meneurs et prédicateurs qui profitent de l’univers carcéral pour recruter de nouveaux candidats au jihad. Même si la radicalisation en prison demeure un phénomène relativement marginal, les chiffres indiquent une tendance bien réelle. Sur 70 000 détenus dans les prisons françaises, un peu plus de 500 le sont pour des faits de terrorisme.  S’ajoutent 1 200 détenus considérés comme « radicalisés » dont 15%  se sont radicalisés durant leur détention. Ces proportions pourraient paraître faibles. Mais derrière chaque nouvelle recrue, se profile la menace potentielle d’un attentat de grande envergure. En octobre dernier, deux détenus de la prison de Fresnes qui allaient être prochainement libérés, un Camerounais de 28 ans et un Français de 22 ans, ont été mis en examen par un juge antiterroriste : du fond de leurs cellules, les deux hommes avaient échafaudé un projet d’attentat qu’ils s’apprêtaient à perpétrer une fois dehors. Par ailleurs, les statistiques sont à la hausse : depuis 2012, années des tueries de Mohamed Merah à Toulouse, le nombre d’islamistes radicalisés ou apprentis jihadistes n’a cessé d’augmenter dans les prisons.

L’administration pénitentiaire a pris toute la mesure du danger et s’attache à lutter contre la radicalisation derrière les barreaux. Mais la formule miracle reste à trouver. Il y a un peu plus d’un an, le garde des Sceaux a procédé à un changement de cap complet, mettant fin à la politique de regroupement des détenus islamisés dans des « unités de prévention », qui constituaient le dispositif phare de son prédécesseur, Christiane Taubira. A l’inverse, le nouveau système prévoit de placer à l’isolement les détenus les plus dangereux et de les répartir dans différentes prisons afin d’éviter toute action collective. Priorité a également été donnée à la détection avec la création début 2017 d’un bureau central du renseignement pénitentiaire.  Mais cette nouvelle politique n’a rien réglé. L’unique centre de déradicalisation en France a été fermé cet été faute de résultats. Les dernières agressions de surveillants par des détenus islamisés, à Vendin-le-Vieil, à Tarascon, à Borgo… témoignent de la situation difficile dans laquelle se trouvent nombre d’établissements pénitentiaires et de l’urgence de trouver des solutions spécifiques pour éviter la constitution de réseaux islamistes dans les prisons.

Repérer les prédicateurs

C’est dans ce climat que le gouvernement s’apprête à annoncer un nouveau « plan global » pour lutter contre la radicalisation en milieu carcéral. Prévue pour le mois de décembre 2017, l’annonce de ce nouveau plan a été repoussée au mois de février. Il envisage de nouveaux dispositifs d’évaluation, préconise de repenser les quartiers disciplinaires ou d’isolement pour les détenus les plus dangereux et de renforcer la prise en charge des détenus en fin de peine. Car les islamistes incarcérés recouvreront  tôt ou tard la liberté. Sur la centaine de jihadistes déjà condamnés, plus de la moitié seront sortis de prison en 2020.  Préparer la sortie – inéluctable – des ex-détenus radicalisés est plus qu’une priorité : « C’est une obsession », confie un responsable de l’administration pénitentiaire. Un dispositif expérimental « secret » a été testé en milieu ouvert depuis un an. Quatorze personnes (huit hommes et six femmes) récemment sorties de prison sont actuellement suivies par une équipe d’éducateurs, psychologues, référents religieux et psychiatres. Dix des personnes bénéficiant de ce programme ont été condamnées ou sont poursuivies pour association de malfaiteurs à visée terroriste. Derrière cette incrimination, les profils sont très divers : certains ont été appréhendés à leur retour de Syrie, d’autres se sont livrés à l’apologie du terrorisme sur Internet. L’un est assigné à résidence, l’autre est sous bracelet électronique. A terme, une cinquantaine de personnes pourraient être concernées par ce dispositif de déradicalisation en milieu ouvert. Reste à en démontrer l’efficacité.

Source www.actuj.com

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