Message du rabbi de Kalov à l’occasion de Pourim

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L’un des facteurs qui entrave la joie, à notre époque, ce sont les nouvelles incessantes de meurtres et d’actes de terrorisme dans le monde entier, et les chefs d’État qui menacent leurs ennemis de destruction. De telles menaces suscitent la crainte chez celui qui les entend, et perturbe sa tranquillité d’esprit.

Dans ces périodes, le peuple juif doit renforcer sa Émouna : les meurtriers peuvent assassiner uniquement quelqu’un dont la mort a été décrétée dans le Ciel. Ils n’ont en effet aucun pouvoir d’agir par eux-mêmes, ce sont des forces d’impureté à qui l’on a conféré la permission du Ciel de détruire en un lieu et une temporalité fixés par des calculs divins.
Nous avons observé cette réalité au fil des époques. De nombreux récits nous indiquent que les Tsadikim œuvraient, grâce à leur sainteté, pour éliminer les forces d’impureté des ennemis du peuple d’Israël.

Nous avons constaté ce phénomène surtout à l’époque du miracle de Pourim au mois d’Adar, lorsque Mordekhaï Hatsadik, par vertu de sa sainteté, réussit à éliminer les forces d’impureté de Haman. Depuis lors, le moi d’Adar est particulièrement propice pour vaincre les non-Juifs, comme l’indiquent nos Sages (Ta’anith 29a) : tout Juif qui a un procès avec un non-Juif tentera de fixer la date au mois d’Adar, qui est un mois favorable pour le peuple d’Israël.

Dans l’ouvrage Meor ‘Enayim (parachath Mikets), il est stipulé que lorsqu’un Juif accomplit une mitsva qui célèbre un moment spécifique dans le temps, la même dynamique spirituelle présente lors de ces événements d’origine est stimulée, au moment où la mitsva fut prescrite. Pourim est la période marquant la chute d’Amalek et de ce fait, chaque année, la période de Pourim est propice à la chute des nations impies.

À ce sujet, il convient de mentionner par exemple le régime impie de la Russie : dans leur histoire, il advint par trois fois que soudainement, chuta le gouvernement présidé par des ennemis du peuple d’Israël. Lorsqu’on vérifie sur le calendrier juif, on remarque que ces événements eurent lieu à Pourim, lorsque les Tsadikim réussirent à éliminer leurs forces d’impureté.

La première fois eut lieu lors de la fête de Pourim en 1855, lorsque le Tsar Nicolas I, empereur de Russie, promulgua de sévères décrets contre les Juifs. Mon célèbre ancêtre, le Sar Chalom de Belz, avait alors interprété le soir de Pourim, un texte spécial à propos des ennemis du peuple juif : du Ciel, on donne la permission à un méchant de faire du mal jusqu’à une certaine limite, et lorsque cette limite est atteinte, il est obligé de quitter ce monde. Le Rabbi se leva ensuite et déclara : « Le mécréant Nicolas a atteint cette limite et le moment de sa chute est venu ! » On sut par la suite qu’à ce moment-là, le jour de Pourim, le Tsar mourut subitement.

La deuxième occurrence eut lieu le jour de Pourim en 1907, après que le Tsar Nicolas II signa des décrets sévères contre les Juifs de Russie. Rabbi Chalom Béer de Loubavitch prononça alors un discours spécial sur la force des Tsadikim, aptes à faire chuter les mécréants. Il se rendit dans la capitale, Pétersbourg et y lut la Meguila. Ce jour de Pourim, des émeutes initiées par les révolutionnaires eurent lieu dans la capitale, qui débouchèrent sur la destitution du Tsar de Russie et quelques jours plus tard, sa mise à mort.

La troisième occurrence eut lieu en 1913, lorsque le tyran russe Staline décida d’expulser en Sibérie tous les Juifs sous sa juridiction. Rabbi Chalom Shnitzler, Av Beth Din, résidait alors à Hungvar, sous juridiction russe, et compte tenu du grand nombre de décrets sévères à l’encontre des Juifs, il décida de se rendre avec des Juifs des environs dans la ville de Kalov, pour prier sur la tombe de mon ancêtre, rabbi Yits’hak Eizik de Kalov, lieu connu pour des délivrances par le mérite de ce Tsadik. Ils s’y rendirent avant Pourim, et prièrent en versant des larmes qui déchirèrent les cieux. Quelques jours plus tard, ils reçurent la bonne nouvelle : Staline était mort subitement le jour de Pourim.

Cette faculté d’éliminer les forces d’impureté des ennemis des Juifs émane surtout de Juifs qui se renforcent dans leur Émouna et leur Bita’hon, au point de ne pas craindre leurs ennemis.

À ce sujet, on raconte que rabbi Yossef Yits’hak de Loubavitch s’activait à diffuser le judaïsme en Russie, transgressant ainsi les lois communistes qui interdisaient de pratiquer la religion en public. Il fut incarcéré dans une terrible prison où les conditions de détention étaient particulièrement affreuses. Il décida alors que comme il était emprisonné pour avoir diffusé la Tora et le judaïsme, les dirigeants du parti communiste étaient clairement menés par les forces de l’impureté et leur pouvoir était uniquement superficiel et temporaire. Au final, ils seraient vaincus. De ce fait, il ne se plia jamais à leur volonté.

De ce fait, le rabbi ne se laissait pas impressionner par les policiers et les enquêteurs. Lorsqu’ils lui donnèrent l’ordre de retirer son Talith katan, il n’obéit pas. Au moment du miracle, lorsqu’on annonça au rabbi qu’il était libéré soudainement, il refusa de se lever devant le directeur comme l’exigent les règles de la prison. En effet, ce geste aurait pu être considéré comme une soumission à son autorité, qu’il ne voulait pas reconnaître. Et de manière étonnante, ils se soumirent à lui.

C’est pourquoi Mordekhaï Hatsadik refusa de se lever devant Haman, comme l’indique la Meguilath Esther (5,9) : « Mordekhaï qui ne se levait ni bougeait devant lui », car il ne voulait pas que ce soit interprété comme un signe de soumission devant le mécréant. Il réunit les enfants étudiant la Tora pour adresser une prière à Hachem, pour enseigner à tous que tout dépend de Hakadoch Baroukh Hou. Il mérita, par la Émouna et la Tefila, d’éliminer les forces d’impureté, et le miracle de Pourim s’ensuivit.

Nous retrouvons également cette idée à propos de la guerre contre ‘Amalek, comme l’indiquent nos Sages (Roch Hachana) : les Bené Israël surmontèrent les forces d’Amalek lorsque Moché Rabbénou leva les bras vers le Ciel et les renforça dans la Émouna. C’est pourquoi nous lisons le Chabbath qui précède Pourim la paracha de Zakhor, pour nous souvenir de l’annihilation d’Amalek, car tel est également le but de la fête de Pourim : éliminer la force des mécréants à chaque génération, en se renforçant dans la Émouna et la prière.

Joyeux Pourim !

Illustration : Hidabrouth

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